Il y a dix ans, le Mali s’est battu pour récupérer EDM qui avait été privatisée sans pour autant atteindre les objectifs fixés tant en terme d’investissements, que de qualité du service, cela bien que bénéficiant de subventions de l’Etat.
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![Madani Tall](http://www.maliweb.net/wp-content/news/images/2012/03/madanitall1.jpg)
Madani Tall[/caption]
A l’époque, les bailleurs de fonds avaient prédit un échec qui n’a pas eu lieu, car durant dix ans le Mali a mis un point d’honneur sur la continuité du service et les Maliens n’ont pas connu comme certains pays voisins, de coupures autres que conjoncturelles. Mieux, les tarifs ont été maintenus de sorte que l'électricité ne devienne pas un luxe pour la population dont la bourse est déjà assez tendue.
Les prochains mois de délestages - n’abordons même pas ici les conséquences sur l’économie - sont le résultat de trois années où les investissements nécessaires à la qualité et à la continuité du service n’ont pas été effectués. Ainsi, la demande croissant de 14 à 17 % par an, l’énergie produite par un barrage comme Félou, est quasiment consommée au moment de son entrée en production. Il s’agit donc d’un engagement permanent permettant à l’offre de répondre à la demande.
Il y a aujourd’hui des rumeurs de privatisation d’EDM, comme il y est question d’augmentation des tarifs à la demande du FMI. Cela serait regrettable, car non seulement cette privatisation consacrerait l’inaptitude des Maliens à faire face à la question d’utilité publique qu’est le secteur électrique - or le Mali ne manque pas de compétences - mais elle est inutile, puisque nous avons vu que sans l’Etat, les sociétés concessionnaires ne sont pas à même de soutenir les investissements massifs requis dans le secteur.
Par ailleurs, l’augmentation des tarifs qui grèverait davantage le panier de la ménagère, est loin d’être la solution première au regard des économies pouvant résulter d’une meilleure gestion et d’une amélioration des systèmes de distribution et des capacités humaines. C’est au Mali de montrer sa résilience et son aptitude à gérer ses problèmes, qu’ils soient énergétiques ou autres. Sinon nous demeurerons une nation d’assistés, vendant comme Esaü son droit d’aînesse pour un plat de lentilles.
Lorsqu’une difficulté survient, il est plus aisé de s’en débarrasser ou de l’occulter. Seulement, une nation qui aspire à la grandeur doit être plus encline à affronter ces problèmes et à y trouver des clés de solutions innovantes.
Une chose est certaine, le Mali ne doit pas sauter à chaque fois que le FMI dit "Sautez" ! Car à moins que ces institutions ne soient d’essence divine, elles aussi se trompent souvent. Dieu Veille.
Madani Tall
Chevalier de l’Ordre national,
Président de l’ADM