Mahmoud Dicko à l’ouverture du colloque national sur le radicalisme religieux : « C’est tout le monde qui est devenu radical dans ces derniers temps ! »
Organisé par le mouvement sabati-2012 et parrainé par le Président de la République Ibrahim Boubacar Keïta, le colloque sous l’impulsion du Haut Conseil islamique du Mali et de l’Imama sur le thème : « La lutte contre le radicalisme, quel rôle pour les structures religieuses », se veut un cadre sérieux de trois jours (27-28-29 février 2016) à Bamako.
Samedi, près d’un millier de musulmans maliens a pris d’assaut la salle 100 places du centre international de conférence de Bamako. Objectif, suivre l’ouverture du tout premier colloque national sur le radicalisme religieux. Au-devant de la scène, Moussa Bocar Bah, Président de Sabati-2012, Mahmoud Dicko du HCI, le Président de L’IMAMA et le ministre des affaires religieuses et du Culte Tierno Hass Diallo. Etait aussi présente, Latifa, la mère dont le fils a été froidement assassiné par Mohamed Mera en mars 2012 à Paris.
Sur place, s’il y a un discours qui a le plus résonné, c’est bien celui de l’Imam Mahmoud Dicko.
C’est bien du radicalisme religieux qu’il est question. Pour Mahmoud Dicko, c’est aussi le lieu propice pour exprimer son refus du fait que l’Islam endosse à tort « le radicalisme » qui est d’ailleurs à tous les niveaux et dans tous les domaines selon son expression.
En poussant l’analyse, Mahmoud Dicko fera savoir que le radicalisme, l’excès dans les habitudes des citoyens du monde est certes, un fait nouveau qui met la planète entière en ébullition. Mais ce qu’il n’admet pas est que c’est l’Islam, sa religion qui est seule à être tancée de « radicale ».
Et pour faire montre de la véracité de ce qu’il avance, Dicko prend des exemples :
-« Vous circulez en ville, votre boubou touche à un jeune motocycliste. Il ne vous pardonnera, et se mettra sans réfléchir à vous injurier. C’est un cas de radicalisme », classe-t-il.
En clair, pour l’Imam Dicko qui demandera aux participants au colloque à aller beaucoup plus loin dans leurs réflexions pour trouver les causes du fléau, « le radicalisme qui est un phénomène, existe à ce jour dans tous les domaines », et « ce phénomène se caractérise par l’oubli de la foi qui donnera ensuite naissance à l’intolérance, barbarie… ».
Dans la même veine, il se défend que la religion musulmane n’est pas ce que « les radicaux » veulent faire d’elle. Car, « la religion est comme de l’énergie, elle peut servir positivement pour illuminer, elle peut également servir pour détruire comme une bombe par le radicalisme, …ça dépend de l’usage qu’on en fait avec », ajoute-t-il.
En conclusion, Mahmoud Dicko ne restera pas en marge des radicaux qu’il finira par joindre finalement. Or, s’il prêche que deux quantités d’eaux chaudes ne peuvent se refroidir tout en sollicitant « le pardon, la solidarité et la tolérance», il exclue l’idée de céder face à la volonté de ceux qui ne veulent pas de l’immixtion des religieux sur la scène politique. Il est lui aussi radical là-dessus : « tout bon croyant a le droit et le devoir de participer à la construction de sa cité par tous les moyens, même politiques»…Mais comme il l’a reconnu lui-même: « c’est tout le monde qui est devenu radical dans ces derniers temps ! ».
Issiaka M Tamboura (maliweb.net)
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