Mali : au salon des médias l’AES dénonce un « narratif imposé »
(Agence Ecofin) - Du 31 mai au 2 juin, le Mali a organisé, « sous le parrainage du président de la transition », la 3e édition de son salon des médias. L’évènement censé s’occuper de questions liées aux médias a également eu un panel dédié l’Alliance des Etats du Sahel.
L’Alliance des Etats du Sahel (AES) et sa croisade informationnelle se sont invitées aux discussions de la 3e édition du salon des médias du Mali. L’évènement s’est tenu du 31 mai au 2 juin et avait pour thème central la professionnalisation des médias. Pourtant, parmi les manifestations programmées pour le dernier jour, une discussion sur le thème « AES, quel avenir pour ses Etats membres », a particulièrement attiré l’attention.
Animée par Abdoulaye Diop, le ministre malien des affaires étrangères, la discussion d’environ 2h, a consisté à présenter aux journalistes présents l’impact de l’information sur l’action du Mali et de l’AES. Le ministre y assume la croisade informationnelle menée par l’AES contre le « narratif imposé » véhiculé par « les médias étrangers ».
« Malgré sa formation de militaire qui aurait pu le faire pencher vers un certain mutisme, le président Assimi Goïta comprend la nécessité, dans le combat que notre pays mène, de mettre l’information et la communication au cœur de notre action, en premier lieu l’information des Maliens et des Maliennes », a déclaré le ministre. Pour lui, il est important que les Maliens soient informés par des sources de leurs pays plutôt que par des moyens « extérieurs ».
« Le narratif que nous avons aujourd’hui nous est imposé par des médias étrangers. Des millions sont investis pour nous faire comprendre qui nous sommes. Pour que le Mali comprenne le Burkina Faso, il faut qu’ils lisent RFI et France 24. […] Le changement de narratif signifie qu’il faut qu’on se réapproprie notre propre histoire et que nous la contions. […] Aujourd’hui, ce sont d’autres personnes qui content l’histoire », a déclaré le ministre malien des affaires étrangères.
Le panel animé par le ministre vient confirmer une volonté, observée dès le début de l’évènement, de promouvoir le Mali et ses idées. « L’objectif principal est de vendre notre pays », a déclaré Issa Kaba Sidibé, président de la commission d’organisation du salon au lancement de l’évènement.
Le 24 mai au Rwanda, le ministre malien des affaires étrangères avait déjà évoqué le narratif lors du symposium annuel sur la sécurité nationale.
Il faut rappeler que les pays membres de l’AES, le Mali, le Burkina Faso et le Niger, qui semblent alignés sur leurs visions des médias étrangers, ont tous les trois suspendu la diffusion des programmes de RFI et de France 24 sur leurs territoires.
Servan Ahougnon
Source: https://www.agenceecofin.com/
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