La presse malienne partagée entre approbations et désaveux des décisions de la CEDEAO - La presse malienne est partagée ce lundi entre approbations et désaveux à l’égard des grandes décisions des chefs d’Etat de la CEDEAO d’étendre la transition au Mali sur une période 12 mois, de caler le mandat de ses organes, notamment du président de la République par intérim, du Premier ministre et du gouvernement sur la même période et de déployer une force pour aider le pays à reconquérir son intégrité territoriale. Le quotidien national «L’Essor» annonce à sa une que le Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE), auteu du coup d’Etat du 22 mars, marque son désaccord et qualifie de corps à corps cette situation engagée par la CEDEAO et la junte durant le week-end dernier et qui a réussi à faire oublier le coup de chaud occasionné par la publication de la liste du gouvernement.
[caption id="attachment_63490" align="alignleft" width="344" caption="Un membre de la délégation de la junte militaire malienne au pouvoir salue Blaise Compaoré (D), le président burkinabè. Photo prise à Ouagadougou le 14 avril 2012. AFP"]
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Le quotidien privé «Info-Matin», reflétant les points de vue opposées sous le régime du présiddent Amadou Toumani Touré, estime dans sa parution de lundi que le peuple et son armée disent non aux décisions de la CEDEAO qu’il présente comme «un cafouillage institutionnel et une cacophonie juridique» de la CEDEAO, une confiscation de la souveraine malienne, la présence d’une armée étrangère sur le sol malien et un unilatéralisme de l’organisation régionale.
De son côté, «Les Echos», quotidien proche de l’ADEMA, formation majoritaire à l’Assemblée nationale, relève que le CNRDRE dit non à la prorogation du mandat du président intérimaire, Dioncounda Traoré, avant de se demander si le Mali ne va pas vers un nouveau bras de fer entre la CEDEAO et les militaires putschistes.
«Au regard des derniers développements de l’actualité, tout porte à le croire avec le rejet par le CNRDRE de toute idée de prorogation du mandat du président intérimaire après 40 jours prévu par la constitution», écrit Les Echos qui s’insurge contre l’attitude des militaires maliens, affirmant qu’il ne sert rien aux Maliens de se voiler la face, parce qu’ils n’ont ni armée, ni équipements.
Dès lors, selon les Echos, ils doivent ravaler leurs sentiments personnels pour comprendre la nécessité de l’aide extérieure et pour le CNRDRE qu’il n’a aucun statut juridique lui permettant de poser des actes au nom du pays.
«Quant est ce que ces militaires vont comprendre que leur place se trouve dans les casernes en train d’élaborer des stratégies de reconquête des régions du Nord du Mali », a fait remarquer le journal.
Quant à «L’Indépendant», un quotidien privé, il trouve que le CNRDRE est sommé de disparaître et que l’etau se resserre autour de la junte militaire qui s’est emparée du pouvoir à Bamako à l’aube du 22 mars 2012.
Pour ce journal, le sommet de la CEDEAO avait pour objet d’adresser un message clair à la junte militaire qui s’exprime ainsi «elle n’a plus aucun rôle à jouer dans la gestion des affaires publiques au Mali dès lors que les institutions fonctionnent de nouveau normalement».
«A moins de vouloir plonger leur pays dans un nouveau cycle de violence aux conséquences incalculables et de s’exposer à des sanctions, les putschistes devraient faire preuve de raison et de bon sens en se retirant de la scène politique où ils n’ont rien à faire et en dissolvant le CNRDRE, un corps étranger, illégal et sans utilité dans le champ institutionnel du Mali», souligne L’Indépendant.
Pana 01/05/2012