Une fois de plus, la région de Kayes fait parler d’elle à cause de l’ampleur de la pratique de l’esclavage. Dans le village de Kayenéra, cercle de Diéma, environ 86 personnes réduites à l’esclavage pendant plusieurs décennies ont été chassées de leurs domiciles par les chefs de villages parce qu’elles ont décidé de protester contre leur situation.
- Maliweb.net- L’esclavage pourtant bannit, par l’article 2 de la Constitution malienne, demeure une pratique courante dans certaines régions du Mali. La première région, notamment dans les cercles de Diéma et Yélimané, les cas de pratique d’esclavage continuent de parvenir à la Commission nationale de Droits de l’Homme (CNDH). Ainsi, dans le village de Kayenéra (Diéma), il y a deux ans, des violences ont été déclenché entre les personnes appelées « esclaves » et la chefferie, lorsque les victimes ont décidé de ne plus répondre à ce nom.
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Face à cette contestation de leur situation d’esclaves, indique la CNDH, les familles autochtones en complicité avec le chef du village ont décidé d’imposer un embargo total à tous ceux qui ne veulent plus être appelés « esclave ». Cet embargo a conduit à l’interdiction du centre de santé, le marché, les boutiques et les voies principales du village aux personnes victimes de l’esclavage sous peine de représailles et du paiement d’une amende qui s’élève à 100 000FCFA.
Certains chefs de familles, dont Sayon Diakité et Mohamed Diakité, ont été convoqué chez le chef du village, attachés puis fouettés. Pire, la chefferie de Kayenéra a réuni l’ensemble des autres chefs du terroir de Kaarta et Kindi pour leur demander de conjuguer les efforts pour venir à bout de tous ceux qui refusent le nom d’esclave. La chefferie de Kayenéra aurait estimée que l’esclavage est une coutume dans leur terroir.
Réfugiés à Diéma
Les victimes d’esclavage, se voyant persécutés, privés de leurs champs et les services sociaux de bases, se réfugièrent dans la ville de Diéma, où avec l’aide de leurs parents expatriés et l’association Gambara, qui lutte contre l’esclavage à Kayes, ils ont pris des maisons en location. Les personnes chassées qui étaient initialement à 54 personnes ont passé à environ à 86 de nos jours. Comme si cela ne suffisait pas, le jeudi 25 juillet dernier, les notabilités des villages de Kaarta et de Kindi ont ordonné en procédant aux intimations aux propriétaires des maisons, qui accueillaient les personnes victimes d’esclavage, de les déloger sous peine de subir les mêmes représailles.
Délogées de forces, elles se sont rendues chez le commandant de brigade, le préfet, le maire et le chef des quartiers de Diéma, qui, à leur tour, les ont chassés, selon CNDH. Aujourd’hui, ces victimes sont accueillies dans les locaux du CNDH à l’ACI 2000 à Hamdallaye, où elles bénéficient d’une prise en charge. A notre passage, plus d’une soixantaine étaient déjà arrivées. L’association Gamabara, qui s’occupe de leur déplacement, nous rapporte que ce chiffre sera complété bientôt à 86 personnes.
Une délégation des ministères chargé des affaires sociales ; de la solidarité et la lutte contre la pauvreté a rendu visite, hier, à ces déplacés victime d’esclavage. Elle a promis de les reloger dans le centre Mabiley de Sogoniko.
Le président du CNDH, Aguibou Bouaré demande au gouvernement de sévir contre cette impunité. « Nous demandons que ces exactions soient sanctionnées avec la dernière rigueur. Rien ne saurait expliquer que des maliens traitent leur concitoyens d’esclaves. La justice doit faire valoir les lois de la république », a-t-il déclaré.
Siaka DIAMOUTENE/Maliweb.net