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On assiste là à un délitement total de la situation au Mali, analyse Niagalé Bagayoko, présidente de l’African Security Sector Network (ASSN) et spécialiste des politiques de sécurité internationales en Afrique subsaharienne.
La crise sécuritaire, à la crise sociale, la crise politique s’ajoute aujourd’hui une crise d’ordre militaire. On voit que chaque jour, cette crise multidimensionnelle ne peut absolument pas être résumée à la lutte contre les groupes jhadistes. »
Pour la chercheure,
« on est bien au-delà de la mutinerie »
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En effet, il y a des éléments qui laissent penser à un mouvement de mécontentement de certains éléments de l’armée, mais pour moi, cette dynamique s’inscrit dans un mouvement beaucoup plus profond qui était perceptible. Il y avait des rumeurs laissant entendre que l’armée pourrait être utilisée comme arbitre dans la crise politique qui se produit aujourd’hui au Mali et qui, effectivement, échappe à toutes les solutions promues, à commencer par celles de la communauté internationale et régionale, la Cédéao. »
La Cédéao, qui a dépêché à Bamako une mission parlementaire dont les membres sont arrivés ce week-end. Cette dernière devait rencontrer notamment le président de l'Assemblée nationale, le M5, le Premier ministre et le président IBK. Des rencontres qui n'ont pu avoir lieu du fait de la mutinerie.
La députée burkinabè Reine Sakandé, membre de la mission, explique que cette mutinerie était prévisible. «
Nous sommes arrivés à Bamako le week-end et déjà, au vu des entretiens que nous avons eus, les prémices étaient déjà visibles. Déjà hier (lundi), certaines personnes nous disaient que terminer notre mission ne serait pas évident. Parce que, vu qu’au niveau de la rue ils n’arrivaient pas à faire démissionner le président, ce serait la solution militaire qui allait être envisagée. »
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Marc-André Boisvert, invité Afrique de la matinale