Mali : La Charte qui crée un conflit de leardership entre le Président et le vice-président de la Transition

Sep 14, 2020 - 19:25
Sep 15, 2020 - 10:02
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Mali : La Charte qui crée un conflit de leardership entre  le Président et le vice-président de la Transition

Les prérogatives dévolues au Président et au vice-président de la transition  dans la Charte adoptée après trois  jours de  concertations nationales ne risqueraient-elles  pas d’être une source de divergences  dans   sa mise en œuvre entre ces deux personnalités ?

-Maliweb.net-  La Charte de la transition adoptée malgré son rejet par le M5-RFP   va  compléter  la Constitution du 25 février 1992.  Cette charte qui engage le Mali dans une période exceptionnelle  d'un an et demi  crée pour la première fois dans l'histoire du Mali indépendant un poste de Vice-président pour la conduite  des fonctions suprêmes.  Ce, aux côtés du  Président de Transition qui, selon l’article 4 de la Charte,  remplit les fonctions de Chef de l'Etat,  veille au respect de la Constitution et de la Charte de la transition.

 Ainsi, en créant un poste de Vice-président qui bénéficie les mêmes conditions  de désignation que le Président de la Transition  chargé des questions de défense, de sécurité et de la refondation de l’Etat, l’on n’est pas entrain de favoriser la création d’un climat conflictuel  entre les deux personnalités ?  Les prérogatives dévolues  au vice-président ne vont-elles pas empiéter celles du Président ? Qui sera le vrai Chef dans la prise de décision entre les personnalités ?

En analysant les missions  de la Transition à savoir  le renforcement de la sécurité sur l’ensemble du territoire, la promotion de la bonne gouvernance,  l’adoption d'un pacte de stabilité sociale,  le lancement du chantier des réformes politiques et institutionnelles et  l’organisation des élections générales,  on a l'impression que le vice-président aura plus de pouvoir que son supérieur sur le papier.

 Les Maliens  attendent de cette transition qui peine à se mettre au travail près d'un mois après le putsch contre l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta qu’elle  jette les véritables jalons de la reconquête du pays et la refondation de  notre système démocratique par une révision de la Constitution. Mais, en lisant minutieusement les missions  de la Transition, l’on s’aperçoit directement que ces  questions essentielles relèvent des attributs du vice-président : défense, sécurité et refondation de l’Etat.

Supposons que le CNSP décide de respecter les injonctions  de la Cédéao en attribuant le poste du Président de la Transition à un civil et celui du vice-président à un militaire.  Quelle serait la suite ? Surtout que le scénario  d’un vice-président issu du CNSP semble  prendre de la forme. Les militaires ne seraient pas en train de duper  à nouveau le peuple, les organisations sous-régionale et internationale  en voulant faire croire  qu’ils vont lâcher le pouvoir alors que les vrais meneurs  de cette transition  seraient  le CNSP.  Ce qui renvoie le Mali au scénario de 2012 quand  un certain Amadou Aya Sanogo , meneur du 3ème  coup d'Etat du Mali,    et ses acolytes confrontés au refus du Premier  ministre de plein pouvoir Cheick Modibo Diarra,  l’obligea  à  rendre sa démission sous la menace des armes.

Avec  toutes ces zones d'ombres qui subsistent sur les intentions du CNSP et le rejet du document final par le M5-RFP qui a été le fer de lance des contestations contre le pouvoir du Président IBK , le Mali est loin d’être tiré d’affaire tant les prochains jours seront marqués  par la lutte pour conserver le pouvoir entre la classe politique et les militaires. Le grand perdant serait  les Maliens qui  loin de lorgner des postes politiques rêvent d’un pays paisible où ils pourront travailler en toute quiétude.  

 C’est pourquoi le mini-sommet des Chefs d'Etats de la Cédéao  de  ce mardi à Accra  auquel le CNSP  est invité doit être  l'occasion pour  rétablir de l'ordre, voire procéder à la relecture de la Charte de la transition en vue de  lever le doute sur les zones d'ombres et  de prendre en compte certaines revendications du M5-RFP pour qu’elle  bénéficie d’un large consensus. En tout cas la Cédéao est prévenue et il n’est jamais trop tard pour revenir en arrière surtout quand il s'agit du devenir d’un pays.

Siaka DIAMOUTENE/Maliweb.net

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