Mali: la fusion du MNLA et d'Ançar Dine menace la stabilité de la bande sahélo-saharienne

Peut 28, 2012 - 08:54
Peut 28, 2012 - 13:04
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BAMAKO, 28 mai (Xinhua) -- Ançar Dine et la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), qui avait lancé l'offensive mi-janvier avant de perdre rapidement du terrain, ont annoncé le week-end dernier leur fusion et proclamé un Etat islamique dans la région nord.   Même si le gouvernement de transition du Mali trouve que la fusion MNLA-Ançar Dine "est un non événement", sa priorité étant la restauration de l' intégrité territoriale du pays, celle-ci n'est pourtant pas sans enjeu. D'abord pour la médiation de la CEDEAO, à travers le président Blaise Compaoré du Burkina Faso, qui pense que cette alliance "contre-nature" réduit le nombre d'interlocuteurs par rapport à l'amorce du dialogue souhaité. Evidemment qu'il aurait été difficile d'asseoir à la même table des négociations deux groupes qui se détestent dans les faits et sur le terrain. N'empêche que cette fusion est aussi une nouvelle donne qu'il faudra intégrer dans le processus de négociation. "A la place du médiateur, je n'allais pas me réjouir si tôt. Certes, la fusion réduit le nombre d' interlocuteurs. Mais, le groupe unique qui en est issu est plus fort militairement. Et cela aura aussi un impact sur ses revendications, donc sur les négociations", pense Kader Toé, consultant et chroniqueur politique. En effet, le mouvement islamiste Ançar Dine et son allié, Aqmi, ont acquis ces dernières semaines une position dominante dans le septentrion malien, tombé entièrement aux mains des groupes armés à la faveur du putsch du 22 mars dernier à Bamako. Ils ont récupéré de nombreuses armes abandonnées par les soldats maliens dans leur débandade. "Grâce aussi à l'armement lourd rapporté de Libye à la faveur de la guerre de 2011 dans ce pays, Aqmi est aujourd'hui plus armé que les armées du Mali et du Burkina réunies", pense un expert militaire dans une chancellerie occidentale à Bamako. Présentement, Ançar Dine revendique pas moins de 6 000 combattant dans le nord-Mali contre seulement 300 au début de son jihad (guerre sainte). A cette puissance, vient s'ajouter les troupes et l'arsenal du MNLA qui ne sont pas non plus négligeables. Conscients donc que de ce nouveau rapport de force en leur faveur sur le terrain, les rebelles et leurs alliés ne vont pas sans doute se presser à la table des négociations. Ce qui risque de nous éloigner un peu plus de "l'option d'une solution négociée au conflit" si chère à la CEDEAO et à la communauté internationale. L'autre donne non négligeable, c'est la solidité de cette fusion dont le communiqué final tarde à être publié pour clairement en définir les contours. Repose-t-elle sur quelque chose de concret? C' est la question que les observateurs se posent aujourd' hui. Il est évident que le MNLA et Ançar Dine ne sont pas des électrons libres. Ils sont liés par des engagements avec d' autres acteurs tapis dans l' ombre. On sait par exemple que l'une des exigences du MNLA était qu'Ançar Dine prenne ses distances vis-à-vis d' AQMI et des groupuscules comme le MUJAO. Une rupture qui n' est pas évidente parce que les liens ainsi dénoncés par les rebelles touaregs sont vitaux pour Ançar Dine. Sans compter que l'aile politique du MNLA, basée en Europe, n'est pas d'accord avec cette fusion pour fonder la République islamique de l'Azawad. En effet, cela contrarie évidemment leur plan de propagande et de lobbying en faveur de leur combat, l'indépendance de l' Azawad. On voit mal des parlements ou d'autres organisations d' Europe voire de l'Occident soutenir un mouvement allié à une organisation terroriste comme Ançar Dine et AQMI. Et pourtant, le choix opéré par les chefs militaires est conforme au réalisme de la stratégie militaire : eux qui sont sur le terrain savent pertinemment que le rapport des forces n'est plus en faveur du MLNA. Ce mouvement, en réalité, n'avait que peu de choix : s'allier ou se battre avec le risque de d' une cuisante défaite. A eux deux, Ançar Dine et Aqmi sont devenus dominants aux dépens du MNLA dans le Nord, tombé entièrement aux mains des groupes armés. Moins puissants, il est évident que les rebelles touaregs aient préféré, aux dépens de leurs valeurs laïques, l'accord à la confrontation. N' en déplaise à leur aile politique "embourgeoisée" dans le confort en Europe, notamment en France. "Le règlement de la question du Nord pourra se faire à travers l'organisation d'un dialogue avec les rebelles pour la prise en compte de leurs revendications légitimes, la prise en charge de la question humanitaire et la lutte contre le terrorisme et le crime organisé", le ministre algérien délégué aux Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, tout en insistant sur "la préservation de l'intégrité territoriale et la souveraineté du Mali" . Certes, pour la CEDEAO et la communauté internationale, cette intégrité territoriale du Mali n'est pas négociable. Mais, dans la situation actuelle, l'armée malienne n'est plus en mesure de la préserver. Il lui faut un soutien diplomatique et surtout militaire de tous ses partenaires, notamment des puissances occidentales. Cela est d'autant nécessaire qu'il ne s'agit plus de sauver le seul Mali d'assaillants de tous les bords, mais surtout de stabiliser une vaste région (du Sénégal au Tchad) dont l'instabilité ne peut qu' être ressentie partout dans le monde. En effet, comme pense Kader Toé, "la présence d'Aqmi et de groupuscules salafistes dans le nord-Mali est un danger pour la stabilité de la bande sahélo-saharienne voire du monde.   Publié le 2012-05-28 18:56:35 | French. News. Cn

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