Mali : La perpétuation de «l’esclavage par ascendance» fait 4 morts et plusieurs blessés
Au Mali, plusieurs personnes auraient été sauvagement assassinées par des esclavagistes, dans le village de Djandjoumé situé dans le cercle de Nioro du Sahel, dans la région de Kayes. Des sources locales font état de quatre morts et plusieurs blessés.
maliweb.net - Ces victimes auraient refusé de se soumettre à la pratique de l’esclavage par ascendance, motivant ainsi la colère des familles se réclamant de la noblesse. Le Mouvement pour la Sauvegarde des Droits de l’Homme déplore la mort de plusieurs personnes. Une source locale soutient que «le seul péché de ces personnes a été de convoquer leur imam à la gendarmerie pour des faits de discrimination envers leurs familles».
Cette initiative semble avoir attisé la colère des adeptes de la pratique de l’esclavage qui ont nuitamment encerclé le domicile de ceux accusés d’être à l’origine de la plainte contre l’imam. Selon cette source, interrogée par le mouvement de défense des droits de l’homme, les membres de la famille incriminée ont été ligotés, puis battus à sang avant d'être jetés dans l'eau par leurs bourreaux les accusant de ne pas se soumettre à leur «statut d’esclave». Cette source indique que les exactions ont été commises par des personnes munies de machettes, déterminées à imposer ces pratiques, pourtant révolues et condamnées par la Constitution du Mali.
La commission Nationale des Droits de l’Homme a exprimé sa vive préoccupation, face à la recrudescence des actes de violence, liés à la persistance de l’esclavage par ascendance. Elle a condamné cette pratique, en recommandant aux autorités compétentes des poursuites judiciaires contre les auteurs et complices de ces abus des droits de l’Homme. La CNDH a réitéré son appel aux autorités pour initier dans les meilleurs délais, «un dialogue inclusif » en vue de résoudre durablement la question de la pratique de « l’esclavage par ascendance »
Le MSDH demande à l’État Malien de s’assumer en votant une loi criminalisant ce phénomène.
La discrimination est fondée sur l’ascendance, et l’esclavage, qui en est la conséquence, est prohibé par la Constitution malienne. Toutefois, l’absence de législation continue à perpétuer l’esclavage par ascendance dans le cercle de Kayes. Cette pratique, qui date de plusieurs milliers d’années, a pris une dimension violente ces dernières années, depuis que les fils de ceux-là considérés comme esclaves, devenus des migrants en Europe, ont créé une association pour sensibiliser leurs frères afin de rejeter ce statut social. Mais les campagnes de communication, d’information et de dénonciation de ces pratiques horribles dans la région de Kayes, surtout en milieu soninké, entamées auprès de l’opinion, des autorités nationales et organismes internationaux, peinent à dissuader les adeptes de cette tragique et macabre pratique.
Siaka DIAMOUTENE / Maliweb.net
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