Mali : l'armée française prête à une guerre d'usure contre les islamistes

Occuper le terrain dans la durée
Cette résistance confirme la capacité des djihadistes à conduire une opération structurée, coordonnée entre les différents groupes. "Ce ne sont pas des novices, ils ont un fin sens tactique et jouissent d'une très forte mobilité, avec des 4X4, ils ont des systèmes d'armement sol-air", souligne Pascal Le Pautremat, spécialiste des questions de défense. Les avions de combat français ont entrepris de neutraliser les colonnes de pick-up armés et de frapper les bases arrière des islamistes. À Gao, quartier général de la rébellion touareg, les camps d'entraînement et dépôts logistiques du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) ont ainsi été détruits dimanche par des raids de Rafale. "Il va falloir frapper les bases arrière, les points logistiques", confirme Pascal Le Pautremat, pour qui les forces françaises bénéficient d'un atout majeur, le contrôle de l'espace aérien : "Mais si on s'en tient à la destruction de cibles militaires, il ne faut pas croire que la victoire sera acquise. Après, il faudra occuper le terrain dans la durée, donc déployer des hommes et des moyens." Dès lors, la durée de l'opération est étroitement liée aux objectifs fixés. "Il faut se reporter à la déclaration politique du président de la République. Lorsqu'on dit d'emblée que cela durera le temps qu'il faudra' ça veut dire qu'on est prêt pour un engagement de longue durée si nécessaire", estime Bruno Tertrais, de la Fondation pour la recherche stratégique. "C'était une manière de couper court à un éventuel débat sur l'enlisement, qui est un grand classique des débats sur les opérations", souligne-t-il.Soutenir les contingents africains
Deux options sont aujourd'hui possibles : soit l'armée française se contente de bloquer l'avancée de groupes islamistes vers le sud, soit elle poursuit ses opérations pour reprendre le contrôle du nord du Mali. Dans le premier cas, "les opérations strictement offensives pourraient s'arrêter assez rapidement. On pourrait entrer ensuite dans un dispositif de plus longue durée", estime Bruno Tertrais. Si l'objectif est au contraire de reprendre le contrôle du nord, "on entrerait dans une logique d'opération de plus longue durée, mais pas forcément, pour ce qui concerne la France, de plus forte intensité", souligne-t-il. L'évolution du conflit passe également par la mise en place de la Force internationale de soutien au Mali (Misma), la force africaine dont les premiers éléments, nigériens ou burkinabé, sont attendus dans le prochains jours au Mali. Mais les contingents africains devront encore être soutenus dans tous les domaines. "Difficile que ces bataillons soient opérationnels avant au moins un trimestre", estime le général Jean-Paul Thonier, qui a commandé la 1re mission européenne en Afrique, Artémis, en 2003 en République démocratique du Congo.Quelle est votre réaction ?






