Mali - Les enjeux du soutien militaire français

Sep 25, 2012 - 08:38
Sep 25, 2012 - 10:54
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Face à l'occupation du nord-Mali par les islamistes, l'option militaire semble désormais inéluctable. Tout comme l'appui des forces françaises. [caption id="attachment_94077" align="aligncenter" width="610"] Des soldats maliens le jour de l'indépendance. L'intervention sera avant tout africaine. (AFP)[/caption] C'est loin d'être une mince affaire. Pour sa première intervention à la tribune des Nations unies, ce mardi 25 septembre, François Hollande devrait appeler à soutenir le déploiement d'une force africaine au Mali, destinée à combattre les islamistes qui tiennent le nord du pays depuis avril. Bamakoet la Cédéao ont en effet déposé une demande de résolution et peaufiné les modalités d'une intervention commune afin de présenter le texte dans la foulée à New York pour qu'un déploiement militaire se concrétise. Une opération qui devrait bénéficier du soutien logistique de Paris. Pour quelles raisons ? Dans quelle mesure la France va-t-elle s'impliquer ? Le point. Pourquoi cette intervention ? Dans la foulée du coup d'Etat qui avait renversé en mars le président Touré, tout le nord du Mali est passé aux mains d'islamistes alliés à la branche maghrébine d'Al-Qaïda. Ces groupes armés ont imposé une stricte application de la charia. Des exactions et brimades notamment dénoncées par Amnesty International : exécution d'un couple non marié, amputations de présumés voleurs, flagellations de buveurs d'alcool ou de fumeurs, arrestations de femmes non voilées… Les islamistes d'Ansar Dine ont également détruit la majorité des mausolées de Tombouctou, classés au patrimoine mondial de l'humanité. Outre la répression, on reproche aussi à Ansar Dine d'avoir favorisé l'introduction de trafiquants et de terroristes étrangers dans la sous-région. Pour le Premier ministre malien, le temps "presse" : "Plus nous prenons du temps, plus [les terroristes] ont l'opportunité de faire des dégâts, de s'enraciner, de peaufiner leur stratégie (…) plus ils ont le temps de cibler d'autres endroits et d'exporter le problème ailleurs." Du point de vue de la France, il s'agit d'éviter l'enracinement du terrorisme et du "business" de la prise d'otages dans la zone et d'"éviter par tous les moyens que cette partie du Mali devienne unSahélistan", selon les mots du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian.

Comment se fera le soutien militaire français ?

"Nous n'avons pas du tout l'intention d'avoir des troupes au sol", martèle le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, malgré les informations selon lesquelles des forces spéciales hexagonales seraient déjà à l'oeuvre au Mali. "La France est un facilitateur", elle "n'est pas en première ligne (…) Ce sont d'abord les Africains qui doivent régler leurs affaires" : le Quai d'Orsay fait tout pour évacuer les accusations de néo-colonialisme dont la France est largement l'objet. Pas question, donc, d'envoyer des soldats français. L'idée est plutôt d'offrir un "appui logistique" au Mali ainsi qu'à la Cédéao. "Si on doit faciliter les choses, on le fera", a ajouté Laurent Fabius. Concrètement, la marge de manoeuvre de la France est des plus réduites. On ignore par ailleurs le moment quelles sont les conditions exactes de l'accord trouvé entre Bamako et la Cédéao, même si celle-ci s'était dite disposée à envoyer une force de quelque 3.300 soldats aux côtés des troupes maliennes. Quels sont les risques ? Lutter contre l'enracinement du terrorisme dans la zone… sans mettre en danger les six otages français toujours détenus au Sahel : l'équation est périlleuse. "Bien évidemment, c'est un problème", a reconnu Pascal Canfin, ministre du Développement. "Maintenant, nous devons aussi prendre nos responsabilités (...) parce que je pense que l'opinion publique française nous reprocherait à juste titre de n'avoir rien fait pour empêcher une éventuelle action [terroriste, NDLR] sur le territoire français ou contre des intérêts français par des groupes qui sont aujourd'hui au nord-Mali. Nous mettons tout en oeuvre pour y arriver mais nous avons évidemment le souci de la vie des otages en tête et c’est un compromis délicat." Difficulté supplémentaire : les indépendantistes touaregs, qui avaient participé à la conquête du nord du Mali avant d'en être évincés par leurs éphémères alliés islamistes, ont exigé lundi que Bamako trouve un accord avec leur mouvement, le MNLA, sans quoi ils menacent de nouer "des alliances de circonstance avec les groupes islamistes et terroristes". Par Laura Thouny nouvelobs.com - 25-09-2012  

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