AFP) - Le Conseil de sécurité de l'ONU a demandé mercredi la fin des hostilités dans le Nord du Mali passé sous le contrôle de rebelles touareg et de groupes islamistes alors que sur le terrain la situation se détériorait avec des viols, pillages et saccages signalés.
[caption id="attachment_58674" align="alignleft" width="250" caption="Un soldat putschiste aux abords de Bamako, le 3 avril 2012"]
![](http://www.maliweb.net/wp-content/news/images/2012/04/soldat.jpg)
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Dans une déclaration proposée par la France, les 15 membres du Conseil de sécurité ont aussi réclamé le retour à un gouvernement légitime à Bamako où une junte militaire a renversé le président Amadou Toumani Touré il y a deux semaines.
Profitant du putsch de Bamako, les touareg et les islamistes ont pris en fin de semaine le contrôle des trois métropoles du nord du Mali, Kidal, Gao et Tombouctou, quasi sans rencontrer de résistance de la part d'une armée malienne sous-équipée et désorganisée.
Selon des diplomates, les membres du Conseil "s'inquiètent de la présence dans la région du groupe terroriste Al-Qaïda au Maghreb islamique" (Aqmi), ce qui pourrait selon eux "déstabiliser encore davantage la situation".
Ils "condamnent fermement les attaques, les pillages et la confiscation de territoire auxquels se livrent des groupes rebelles dans le Nord du Mali et exigent une cessation immédiate des hostilités".
Ils invitent les rebelles à "cesser immédiatement toute violence et à rechercher une solution pacifique par un dialogue politique".
L'Union européenne a appelé mercredi à un "cessez-le-feu immédiat" dans le nord du Mali.
Par ailleurs, le Conseil "soutient les efforts de la Cédéao", la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest, qui a décrété un embargo contre les putschistes et les menace d'une intervention militaire.
[caption id="attachment_58675" align="alignright" width="250" caption="Des soldats maliens dans le camp militaire de Kati près de Bamako le 3 avril 2012"]
![](http://www.maliweb.net/wp-content/news/images/2012/04/soldat2.jpg)
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A Bamako, les putschistes ont annoncé mercredi soir le report de la "convention nationale" qui devait s'y ouvrir jeudi, à leur initiative. Ils affirment avoir consulté différentes parties qui ont souhaité "une meilleure préparation matérielle" et précisent que "la nouvelle date (...) sera annoncée d'un commun accord avec l'ensemble des sensibilités concernées".
Un front anti-junte, affirmant rassembler une cinquantaine de partis politiques et une "centaine" d'associations et organisations syndicales, avait quelques heures auparavant rejeté cette proposition.
Mais c'est surtout dans le Nord que les populations souffraient le plus.
"Les populations du Nord-Mali, singulièrement celles de Gao, subissent de graves violations des droits de l'homme" depuis "l'invasion des combattants MNLA (rébellion touareg), Ansar Dine (groupe islamiste) et Aqmi", a déclaré la junte dans un communiqué.
"Les femmes et les filles sont enlevées puis violées par les nouveaux occupants qui y dictent leur loi", ajoute-t-elle.
--90.000 personnes déplacées "sans assistance"--
"C'est une réalité, ici. La nuit, ils enlèvent des femmes, ils les emmènent, ils les violent", a affirmé à l'AFP un habitant de Gao, assurant avoir connaissance d'une "dizaine de cas au moins".