Mali : l’opposition exige « un audit financier et comptable des 1230 milliards FCFA investis dans l’achat des équipements militaires »
La récurrence des attaques meurtrières contre l’armée malienne a invité le Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) à dénoncer la gestion de crise par le Président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta. En déplorant l’absence des moyens de combats aériens, l’opposition exige « un audit financier et comptable dans les plus brefs délais sur l’utilisation des 1230 milliards FCFA votés par l’Assemblée nationale dans le cadre de la loi de programmation militaire »
-Maliweb.net- C’est l’aile dure de l’opposition malienne « Front pour la sauvegarde de la démocratie » conduit par Soumaïla Cissé qui était face à la presse, hier jeudi, pour dénoncer la gestion de la crise par le sommet de l’Etat. D’emblée, elle justifie sa sortie suite à l’évolution meurtrière de la situation sécuritaire dans le pays qui impose, selon elle, aujourd’hui de dénoncer entièrement la responsabilité du Président de la République et de son Gouvernement dans la gestion de la crise.
« Nommé six ministres de la défense et presqu’autant de Chefs d’Etat-major des armées en six années dans un pays en guerre; fermer les yeux et couvrir des détournements de deniers publics à large échelle et à ciel ouvert sur les allocations budgétaires destinées à l’achat d’équipements et de matériels militaires ;ne rien entreprendre pour enrayer la corruption qui règne en maître à tous les niveaux et en particulier au niveau de certains hauts gradés de nos Forces de Défense et de Sécurité ou de responsables politiques ou étatiques connus de tous », relèvent, selon le FSD, de la responsabilité du Chef de l’Etat. L’opposition reproche au Chef suprême des armées de banaliser la mort de milliers de victimes civiles et militaires en cachant le nombre réel, d’être incapable d’avoir une couverture aérienne performante et le minimum d’équipements pour l’engagement et la protection des troupes.
Dénonçant cette manque de vision par rapport à la gestion de la crise, le FSD exige: « un audit financier et comptable dans les plus brefs délais sur l’utilisation des 1230 milliards votés par l’Assemblée Nationale dans le cadre de la loi de programmation militaire, une enquête sérieuse sur la livraison, l’état et la disponibilité des équipements militaires, sur l’absence de points d’eau dans la plupart des postes de sécurité; la corvée d’eau étant la cause de multiples morts ».
Mauvaise gouvernance
Toujours selon le FSD, la corruption et la mauvaise gouvernance qui entravent la construction d’une armée forte font que les forces armées de défense et de sécurité malienne servent de cible quotidienne à des terroristes. Lesquelles, selon l’opposition, multiplient tant les exactions, les agressions que les massacres afin de saper le moral de toutes les populations maliennes et les fondations mêmes de notre République.
« L'armée n'est pas un électron libre. L’armée n’est pas un corps isolé, différent des autres corps de la société. Non, l'armée, notre vaillante armée est victime de l’insouciance et de la gabegie du régime. Cette maladie, nous la connaissons tous : elle s'appelle la mal gouvernance », a indiqué l’opposition, ajoutant que l’armée malienne n’a jamais manqué du soutien du peuple, réponse au discours du 4 novembre dernier du Président IBK. « Nous reprochons à IBK sa mauvaise gestion de la crise marquée par la corruption et la mauvaise gouvernance qui a eu des répercussions sur la construction de notre armée », a martelé Me Mountaga Tall tout en poursuivant que le Chef de l’Etat a mis une semaine avant de tenir un conseil de défense après la double attaque de Mondoro et de Boulkessi.
Dans ce sillage, le chef de file de l’opposition de poursuivre que l’Assemblée nationale a été responsable en mettant en place une commission d’enquête de 15 personne sur les fonds destinés à l’achat des avions de combat. « Tout le monde est convaincu que pour combattre le terrorisme, il faut des moyens aériens et les députés ont voté des milliards de FCFA pour ça », a déclaré le président du FSD. Avant de poursuivre que l’opposition ne se limitera plus à dire et à dénoncer, « nous allons agir et nous entendons agir avec tous les patriotes aujourd’hui engagés pour la survie du Mali ».
Solidarité envers les familles des militaires
Lors de la conférence, le FSD a appelé à une reconnaissance et un sacrifice de la nation entière en direction de l’armée et des familles des soldats. Pour ce faire, il propose des dispositions pour qu’un cimetière militaire national, un carré des martyrs et un mémorial soient érigés, et qui serviront des lieux de recueillements aux soldats morts pour la patrie. Quant aux familles, le FSD demande que les épouses bénéficient d’une pension de réversion totale pour le reste de leur vie, et qu’ailleurs les enfants des morts bénéficient le statut de "Pupille de la Nation".
Siaka DIAMOUTENE/Maliweb.net
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