Mali: manifestation à Bamako contre la junte, menacée au nord par les rebelles touareg

Mar 26, 2012 - 09:45
Mar 26, 2012 - 09:45
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BAMAKO (AFP) - (AFP) - Plus d'un millier de personnes ont manifesté lundi à Bamako pour dire non à la junte qui a pris le pouvoir au Mali, sérieusement menacée au nord par l'avancée des rebelles touareg et de groupes islamistes armés. Militants et sympathisants du "Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la République (FUDR)", créé dimanche et qui compte plusieurs des principaux partis, se sont retrouvés à la bourse du travail de la capitale. "Sanogo, dégage!", criait la foule à l'adresse du capitaine Amadou Sanogo, chef de la junte qui a renversé jeudi le président Amadou Toumani Touré (dit "ATT"). "Libérez l'ORTM", la radio-télévision publique tenue par les mutins, scandaient encore les militants. "Nous exigeons le retour à l'ordre constitutionnel", "A bas les putschistes, vive la démocratie et vive le Mali", proclamaient des banderoles. La marche initialement annoncée a cédé la place à une manifestation dans la cour du bâtiment, et s'est déroulée sans incident. Le FUDR regroupe 38 partis politiques - dont des formations majeures comme l'Union pour la République et la démocratie (URD) et l'Alliance pour la démocratie au Mali (l'Adéma) - ainsi qu'une vingtaine d'associations déterminées à lutter contre ce putsch "anticonstitutionnel". Les rues de Bamako se sont par ailleurs animées lundi matin, avec la réouverture de nombreux commerces et des habitants de sortie sur les marchés pour se ravitailler. Mais le véritable test sera mardi, qui doit marquer selon la junte la reprise du travail dans les administrations et le secteur privé. Dimanche soir, le Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l'Etat (CNRDRE, junte) avait mis en garde contre tout débordement à l'occasion de cette manifestation lundi, férié au Mali pour célébrer le 26 mars 1991. Un coup d'Etat militaire conduit par un certain Amadou Toumani Touré (ATT) mettait fin ce jour-là à deux décennies de dictature du général Moussa Traoré, après un soulèvement populaire durement réprimé. Le coup d'Etat du 22 mars dernier a suspendu le processus politique dans le pays, à quelques semaines de la présidentielle prévue le 29 avril et qui devait tourner la page ATT. Chute "imminente" de Kidal Toutefois, Solidarité africaine pour la démocratie et l'indépendance (Sadi), seul parti d'opposition à l'Assemblée désormais dissoute (trois des 147 députés), a apporté son soutien aux mutins en créant le "MP22", le Mouvement populaire du 22 mars. Si elles ont fait une ouverture en proposant des discussions de "paix", les nouvelles autorités sont dans l'immédiat confrontées à la menace que fait peser l'avancée des rebelles touareg et des islamistes armés dans le nord. Les rebelles visent Kidal, une des villes les plus importantes du nord-est, dont la chute est "imminente" selon le groupe islamiste armé touareg Ansar Dine. Ce mouvement veut appliquer la charia par "la lutte armée" et a déjà revendiqué le contrôle des localités d'Aguelhok, Tessalit et Tinzawaten (nord-est). Les putschistes ont justifié leur coup d'Etat par l'échec du régime déchu face à la nouvelle rébellion touareg, lancée mi-janvier avec parfois le soutien de groupes islamistes armés, en particulier Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Mais ils n'ont pas convaincu la communauté internationale, qui a unanimement condamné leur coup et exigé le retour à l'ordre constitutionnel. Un sommet extraordinaire des chefs d'Etat de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) se tient à Abidjan mardi pour tenter d'esquisser une sortie de crise. Ex-puissance coloniale, la France a réclamé le respect du calendrier électoral et assuré qu'"ATT" restait pour elle "le président du Mali", sans toutefois exiger explicitement son retour au pouvoir. Paris a de nouveau appelé lundi "au retour de l'ordre constitutionnel" et à la libération des responsables du gouvernement renversé, alors que quatorze d'entre eux, actuellement détenus au camp de Kati, ont entamé dimanche une grève de la faim. Le sort d'Amadou Toumani Touré demeure toujours inconnu. La junte a assuré qu'il "va très bien" et est "en sécurité", mais sans dire où il se trouve, ni s'il est en détention.

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