Mali: «Oui il y a un risque pour les otages»

Déc 21, 2012 - 11:04
Déc 21, 2012 - 11:04
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[caption id="attachment_98181" align="alignleft" width="350"] Des islamistes du groupe Ansar Dine, au Mali[/caption] - L’ONU a donné jeudi son accord pour une intervention au Nord Mali à l’automne prochain. «20 Minutes» et Philippe Hugon, spécialiste du Mali, décryptent pour vous les enjeux de cette décision... Le Conseil de sécurité de l'ONU a donné jeudi son feu vert au déploiement d'une force internationale au Mali, pour reconquérir du nord du pays tombé aux mains des islamistes. Philippe Hugon, spécialiste du Mali à l’Iris, revient sur les enjeux cette démarche.

Que signifie cette décision de l’ONU?

C’était une décision attendue. Il s'agit une autorisation à une intervention armée au Nord Mali. Elle permet de faire pression sur les groupes islamistes.

Qui interviendra au Mali, et quand?

Ce sont des troupes exclusivement africaines, plus de 3.000 hommes de la Cédéao, qui  interviendront. Elles seront là pour sécuriser la zone, par exemple aux frontières proches de l’Azawad. On peut aussi imaginer des opérations spéciales avec l’aide de drones américains, mais je les vois mal se lancer dans une «guerre du désert». La priorité des priorités, c’est de reconstruire l’armée malienne.
Comme rien n’est prêt, il ne se passera rien avant l’automne 2013. Officiellement l'opération durera au moins un an, mais impossible de savoir combien de temps cela va durer. Le risque d’enlisement est réel, comme en Afghanistan.

Peut-on parler d’une déclaration de guerre?

Il faut parler non pas d’une guerre, mais d’une intervention militaire, dont on ne connaît pas la nature exacte, avec des interventions ciblées qui permettront notamment de reprendre des grandes villes comme Tombouctou et Kidal. Si guerre il y a, il faut parler de guerre asymétrique, avec une armée face à des forces diffuses, des réseaux, qui sont des réseaux terroristes.

Quel est le rôle des pays européens, notamment la France?

Les troupes qui interviendront seront encadrées et formées par des troupes européennes et américaines. La France apportera un appui logistique et des renseignements comme des localisations par satellite. On peut penser aussi qu’il y aura des forces spéciales, qui ont vraisemblablement déjà infiltré certains groupes. En tant que membre de l’Europe, le pays participera aussi au financement de l’opération et aux formations de soldats africains à Bamako.

Il n’y aura donc pas de soldats français au Mali?

Non, il n’y aura pas de troupes de l’Armée française sur le terrain, ni d’engagement militaire dans l’avenir.

Cette intervention comporte-t-elle un risque pour les otages français?

Il y a un risque pour les otages, c’est sûr, mais ce risque existe déjà. La décision de l’ONU maintient, voire aggrave le danger. Si la situation est extrême pour les réseaux qui les détiennent, ils peuvent attenter à la vie des otages. D’un autre côté, ces derniers constituent aussi une monnaie d’échange.

Que manque-t-il à cette décision de l’ONU?

Il faut mettre l’accent sur les projets de développement sur place: développer des perspectives d’emploi, de revenu, et les organisations politiques. Si les jeunes n’ont pas de perspectives, on n’avancera pas.
 Propos recueillis par Aurélie Delmas  / 20minutes.fr/

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