Mali: Paris coincé entre sa lutte antiterroriste et récupérer ses otages
![](http://www.maliweb.net/wp-content/news/images/2012/11/groupe-islamiste-Ansar-Dine.jpg)
© AFP[/caption] PARIS - Les menaces d'enlèvements proférées par le groupe qui a revendiqué le rapt d'un ingénieur français au Nigeria compliquent la position de Paris, pris entre son soutien à une intervention contre les islamistes au Mali et l'impératif de sauver des otages de plus en plus nombreux. Quatre jours après l'enlèvement de l'ingénieur travaillant dans la société Vergnet, spécialisée dans les énergies renouvelables, le groupe Ansaru - mouvement peu connu mais qui serait lié aux islamistes nigérians de Boko Haram - a revendiqué ce rapt, le justifiant notamment par l'activisme français en faveur d'une opération internationale au Mali. Dans son message, Ansaru menace la France d'autres attaques, en raison aussi de la position du gouvernement français et des Français vis-à-vis de l'Islam et des musulmans et d'une loi de 2011 interdisant le port du voile islamique intégral. Lundi, les autorités françaises faisaient profil bas, se bornant à parler de vérifications en cours sur ce dernier rapt qui porte à huit le nombre de Français otages au Sahel. Dans cette région, les menaces contre les Occidentaux ne sont pas nouvelles. Mais la France, qui y compte 30.000 ressortissants, y est très exposée. Au total, neuf Français sont retenus en otages à l'étranger, tous sur le sol africain, dont sept détenus par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) au Sahel. La guerre en Libye a profité aux groupes islamistes qui ont récupéré quantité d'armement. La sécession de facto du nord du Mali, contrôlé depuis l'été par ces groupes liés au réseau Al-Qaïda et imposant la charia, leur a donné un sanctuaire. Ces dernières années, le rapt est devenu pour eux une activité florissante, Al-Qaïda agissant souvent comme un commanditaire, laissant agir des groupes plus ou moins criminels et structurés avant de racheter leurs proies. Tout le monde verse des rançons, sauf les Britanniques, affirme à l'AFP François Loncle, député socialiste français de retour du Mali. La France ne paye ni plus ni moins que les autres, estime ce co-auteur d'un rapport parlementaire sur le Sahel. Payer ou ne pas payer --------------------- Pourquoi les Français sont-ils alors plus particulièrement visés ? Les terroristes ont fait de la France leur principal ennemi, juge-t-il, en rappelant le rôle moteur de Paris en faveur de la neutralisation des terroristes au Sahel, mais aussi un sentiment anti-français, legs de l'histoire coloniale. En pointe pour que l'ONU autorise le déploiement d'une force africaine au Mali, Paris l'a aussi été à l'Union européenne pour une mission de formation de l'armée malienne qui débutera en février avec d'abord 150 à 200 instructeurs, selon un responsable européen. Cette mission, pour laquelle la France est nation cadre, sera dirigée par un général français, précise un diplomate. Sur la gestion d'otages, le président socialiste François Hollande semble avoir infléchi la politique de son prédécesseur de droite, Nicolas Sarkozy. Payer une rançon, pour moi, ça n'a jamais été un problème, avait indiqué ce dernier à l'été 2011 à l'ex-otage en Afghanistan Hervé Ghesquière, qui en a rapporté le propos dans un livre. Il y a une vraie réflexion en cours, c'est une question de philosophie d'Etat, confiait au contraire à l'AFP il y a quelques mois un haut responsable socialiste français. Officiellement, Paris ne dévie pas d'une ligne de fermeté, réfutant tout lien entre les otages et une intervention au Mali. Je refuse ce commerce-là (des otages). Autant il y a des contacts qui doivent être pris, il y a des intermédiaires qui doivent être utilisés (...) mais vous voyez bien que ce qui est en train de se passer, c'est une opération commerciale qui n'a rien à voir avec de la politique et qui vise à prendre de l'argent pour ensuite acheter des armes et déstabiliser des pays, dénonçait vendredi François Hollande. La France fait tout (son) possible pour obtenir la libération des otages mais cela ne nous empêche pas de considérer que l'enjeu de l'intégrité du Mali est essentiel pour la sécurité de ce pays, comme pour celle de la France et de l'Europe, a fait valoir de son côté son ministre de la Défense, Yves Le Drian. VERGNET (©AFP / 24 décembre 2012 17h35)
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