Mali : Polémique autour du décret de mise en place des autorités intérimaires

Octobre 20, 2016 - 07:40
Octobre 20, 2016 - 07:40
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Mali : Polémique autour du décret de mise en place des autorités intérimaires
Plusieurs groupes armés affirment leur désaccord avec le décret gouvernemental pris le vendredi 14 octobre en conseil de ministre extraordinaire. Ils accusent l'État d’avoir «contourné tout ce qui avait été prédit ». -Maliweb.net -20-10-2016 -La mise en place des autorités intérimaires, prévue par l’accord de paix signé en juin 2015, constitue l’un des blocages au processus de paix. A peine pris, le décret de nomination de ses membres suscite la controverse au sein des groupes armés. En conférence de presse, mardi 18 octobre, la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) a indiqué que le décret du gouvernement est en « contradiction » avec l’Entente signé en juin entre l'État et les groupes armés. Selon cette « Entente », l’autorité intérimaire doit être égale au conseil qu’elle remplace. « Ce n’est malheureusement pas ce que dit le décret. Nous constatons que le gouvernement est parti au-delà de ce qui était convenu en augmentant le nombre de l’autorité intérimaire dans toutes les localités », s’insurge un responsable de la CMA, mardi, lors d'une conférence de  presse à Bamako. Le décret gouvernemental augmente d’environ deux de plus les membres de l’autorité intérimaires dans chaque région. A titre d’exemple, alors que l’Entente prévoit quinze membres à Ménaka, le gouvernement en a nommé 17. Chose que la CMA voit d’un mauvais œil : « Nous considérons que c’est une manœuvre pour faire de la place à d’autres personnes qui sont notamment proches de la Plateforme ». La Plateforme, proche de Bamako, est l’autre principal groupe signataire de l’accord de paix. Aussi, le décret de nomination des membres des autorités intérimaires a créé d’autres frustrations au sein de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA). Trois autres groupes (la CPA, la CMFPR2 et le MSA) au sein du mouvement crient à l’exclusion. Ils estiment qu'il s'agit d'une liste taillée sur mesure qui n'est composée que par des éléments du Mouvement national de Libération de l'Azawad (MNLA) et du Haut Conseil pour l'unicité de l'Azawad (HCUA). « En tant que membres de la Coordination, nous n’avons pas été associés à la constitution de cette liste. Il s’agit donc d’un choix sélectif et non-consultatif », s’en sont-ils indignés quelques heures après l’annonce du décret. Le ministre Ag Erlaf sur la sellette Très proche du Haut Conseil pour l’Unicité de l’Azawad (HCUA), le ministre de l'Administration territoriale et de la Réforme de l'État, Mohamed Ag Erlaf, est pointé du doigt. « Les listes proposées sont venues de Kidal d’où le ministre est originaire et ont été établies par le MNLA et le HCUA », explique Younoussa Touré de la CMFPRII.  Les trois mouvements estiment que le ministre Ag Erlaf doit  se "ressaisir et garder sa neutralité et son impartialité vis-à-vis des mouvements qui composent la CMA". Ils jurent, la main sur le cœur, qu'il n'y aura ni cantonnement encore moins de patrouilles mixtes si les listes ne sont pas revues. "Les 200 combattants de la CMA au niveau de Gao appartiennent, dans leur majorité, à nos mouvements", menacent-ils. "Les mouvements de résistance civile ne reconnaissent pas les listes de Gao". Dans la cité des Askia, la liste des autorités intérimaires ne fait pas d'unanimité. Les mouvements de résistance civile, rejettent en bloc cette liste qu'ils considèrent "non-consultative".  Il s'agit, selon eux, d’une violation des accords signés avec le gouvernement, en juillet à Gao, après une manifestation contre les autorités intérimaires. “Le gouvernement avait promis de nous consulter. La plateforme aussi devrait consulter les populations civiles de Gao lors de la constitution de cette liste. Nous exigeons donc que le point de vue de nos populations soit au centre de toute action qui concourt au retour d’une paix durable”, affirme Moussa Yoro, président des mouvements de résistance civile de Gao. Du côté du gouvernement, on estime qu'il s'agit de querelles entre mouvements armés qui ne l'engagent en rien. "Il faut passer à autre chose pour aller vers l'application de l'accord de paix, une fois pour toutes". A Gao, les populations s'étaient déjà levées contre la mise en place des autorités intérimaires, en juillet. Une manifestation a même été réprimée par les forces de l'ordre faisant trois morts avant l'intervention d'une délégation gouvernementale pour satisfaire les doléances des jeunes. Aboubacar DICKO/maliweb.net  

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