Mali : restaurer la confiance entre gouvernants et gouvernés, un gage de stabilité

Avr 25, 2021 - 19:45
Avr 26, 2021 - 05:27
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Mali : restaurer la confiance entre gouvernants et gouvernés, un gage de stabilité
Au Mali, plusieurs efforts sont déployés pour le retour de la stabilité. Malgré tout, l’insécurité se ramifie et multiplie le nombre de veuves et d’orphelins. Le retour à la stabilité passera par la restauration de la confiance entre gouvernants et gouvernés. maliweb.net - Depuis 2012, le Mali s’embourbe dans une crise sécuritaire complexe que d’aucuns appellent multidimensionnelle. D’abord au nord, l’épicentre de cette crise s’est rapidement délocalisé au centre du pays vers les années 2015. Depuis, la situation sécuritaire ne cesse de se dégrader. La crise se prolonge de plus en plus vers le sud du pays menaçant du coup le vivre-ensemble des communautés ayant toujours su cohabiter pacifiquement. Que s’est-il donc passé pour que le Mali tombe, ces dernières années, dans de telles crises sécuritaires ? S’agirait-il d’un échec du système démocratique en place ? De la mauvaise gouvernance Depuis la première république, le Mali a certes connu des crises sécuritaires, mais très vite résolues par les régimes en place, aussi bien par le socialisme de Modibo Kéïta que par la dictature de Moussa Traoré. « Les régimes de parti unique ont su contenir la rébellion et préserver l’unité du peuple malien et l’intégrité de son territoire national ; les régimes issus du pluralisme politique ont échoué face aux poussées sécessionnistes », soulignent Choguel Kokalla Maïga et Issiaka Singaré, dans leur ouvrage coédité. S’agit-il d’une apologie des régimes de parti unique ? Nous estimons ce passage une interpellation à réfléchir sur ce qui n’a pas marché avec le système démocratique mis en place au Mali. La corruption à outrance, l’impunité, le favoritisme, etc., sont des maux qui caractérisent ce système politique au Mali et qui provoquent par la même occasion des inégalités et des injustices. Des mécontentements qui ne peuvent qu’exploser tôt ou tard. La crise sécuritaire qui met l’existence du Mali, en tant qu’État-nation, en danger est en grande partie tributaire de la mauvaise gouvernance, notamment de la corruption à outrance. Cette pratique à laquelle se livrent généralement des autorités locales instaure un manque de confiance entre elles et les populations locales, victimes de leurs mauvais agissements. En 2020, dans la région de Ségou, alors que des hommes ont mis à sac le camp des eaux et forêts de Djoforogo, des habitants de la zone étaient euphoriques. « Ces hommes [les agents des eaux et forêts ndlr] ne sont là que pour extorquer nos maigres ressources. Au lieu de brûler seulement leur camp, on devrait plutôt les tuer une bonne fois pour toutes », indiquait à l’époque un habitant de la zone. Restaurer la confiance Dans la quasi-totalité des région soù persiste la crise sécuritaire au Mali, il est possible de se rendre compte de ce divorce entre les populations, qui ont trop supporté, et les autorités. Du coup, celles-ci bénéficient difficilement de l’accompagnement de ces populations qui préfèrents’allier aux groupes terroristes avec l’idée d’avoir une revanche sur ces autorités. En 2015, si Amadou Koufa a pu avoir la confiance de la population de la région de Mopti, c’est parce qu’il a prôné plus de justice et d’égalité auxquelles les populations rêvaient. L’attaque contre Bounty en janvier est une preuve assez palpable de ce mariage entre des civils et des groupes rebelles. Face à de telles situations, le retour à la stabilité s’obtiendra difficilement avec les armes. La priorité doit être accordée aux actions de restauration de la confiance entre les gouvernants et les gouvernés. Ce qui ne peut se faire sans la lutte contre la corruption et l’impunité. Des enquêtes doivent être menées sur les allégations d’exactions des forces de sécurité contre les civils afin de placer les responsables entre les mains de la justice. C’est seulement à partir du règne de la justice que les autorités pourront compter sur les populations comme un véritable allié. Après des années de collaboration avec les groupes armés terroristes, il paraît plus qu’important que ces hommes se sentent au préalable en sécurité pour vouloir appuyer leur armée au retour à la stabilité. Fousseni Togola/maliweb.net

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