Mali - Serval : un anniversaire en catimini

Jan 12, 2014 - 03:12
Jan 12, 2014 - 03:12
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Soldat_france_centreafriqueEn janvier 2013, la France rentrait en guerre au Mali pour libérer le nord du pays aux mains des terroristes islamistes, un an après, l'enthousiasme des Maliens a laissé place à l'amertume.     "L'essentiel de la mission a été accompli." C'est François Hollande qui s'exprime, lors de ses voeux aux armées, le 9 janvier dernier. Pour le président de la République, l'opération Serval avait plusieurs buts : mettre fin au terrorisme, sécuriser Bamako et permettre au Mali de retrouver son intégrité territoriale. Si les deux premiers objectifs ont été atteints assez rapidement, il n'a fallu que quelques jours aux troupes françaises pour libérer les principales villes du Nord des djihadistes et pour stopper leur progression vers la capitale, le troisième est loin d'être encore une réalité. Même si le terrorisme n'est pas encore totalement éradiqué dans le pays, les groupes armés ont été déstabilisés, l'essentiel de leurs bases arrière détruites, et il semble peu probable qu'ils puissent encore agir de manière structurée même s'ils ont encore la capacité d'organiser des actions ciblées comme enlèvements et attentats.     Militairement, l'opération Serval est un succès : au plus fort des opérations, 5 500 hommes étaient mobilisés dans l'opération Serval, au Mali et dans la région, près de 600 djihadistes ont été neutralisés même si, hormis Abou Zeid et quelques autres responsables, peu de grands chefs de guerre ont été capturés par les forces françaises. La majorité des Maliens remercient encore les Français pour leur intervention, mais peu comprennent encore le sens de la présence française, et la politique de la France vis-à-vis de la région de Kidal et du MNLA, groupe touareg indépendantiste du Nord, est particulièrement mal vécue.    

Favoriser les Touaregs indépendantistes

De nombreux mouvements de jeunes, épars, se sont constitués ces derniers temps à Bamako pour dénoncer ce qu'ils appellent une politique complaisante de la France face au MNLA. Les autorités françaises en coulisse et Serval sur le terrain sont accusés de favoriser les Touaregs du MNLA en empêchant l'armée malienne de jouer sa partition dans la région de Kidal, fief touareg où, le 2 novembre dernier, deux journalistes de RFI étaient assassinés. Les manifestations, qui n'ont réuni qu'une centaine de personnes, témoignent de cette lassitude, de cette incompréhension et amertume des Maliens, qui veulent désormais que les forces françaises les laissent gérer la situation. Il est reproché à la France de n'agir que dans ses propres intérêts, une situation instable au Nord justifiant une présence militaire française, qui permettrait de garder un pied dans la région du Sahel où Areva et ses mines d'uranium sont implantées. Et puis se rapprocher du MNLA était aussi un moyen pour la France de récupérer ses otages qui étaient aux mains d'AQMI.     Mais aujourd'hui Kidal est une zone où le MNLA ne parvient pas à s'imposer et où les groupes armés divers font leur propre loi, comme l'a tragiquement démontré l'assassinat des journalistes de RFI qui sortaient du domicile d'un chef du MNLA, Ambéry ag Rhissa. Bamako et une grande partie de l'opinion publique verraient alors d'un bon oeil que Paris se montre un peu plus convaincant dans la nécessité de désarmer des groupes armés.    

L'ONU prend le relais

La France, par le biais des forces Serval, s'apprête alors aujourd'hui à quitter définitivement la ville de Kidal après avoir renforcé sa présence le temps des élections législatives. Ils sont encore 2 500 au Mali aujourd'hui, 900 hommes à Bamako, 1 400 à Gao, 60 à Kidal, 70 à Tessalit, une soixantaine à Tombouctou et Menaka, ils seront 1 500 au mois de février puis 1 000 au printemps. Un an après le début de l'intervention Serval, l'armée française passe donc le relais à la force de l'ONU, la Minusma, et à l'armée malienne. La France signera avec le Mali un accord de défense le 20 janvier prochain qui devrait lui permettre de garder une base à Tessalit, à la frontière algérienne, qu'elle demandait depuis un certain temps, pour se concentrer sur la "lutte antiterroriste".   Par  (À BAMAKO) Source: lepoint.fr  

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