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La séance de tirs au but leur ayant souri en quart de finale face au Gabon, nation co-organisatrice de la compétition, les Aigles du Mali ont atteint le dernier carré de la Coupe d’Afrique des Nations et défient mercredi soir la Côte d’Ivoire. Si l’obstacle qui se dresse devant eux est d’un tout autre calibre, la bande emmenée par Alain Giresse n’a plus rien à perdre, et rêve désormais secrètement à ajouter une première étoile continentale à son palmarès toujours vierge… pour le moment. Et surtout gagner pour le peuple malien, en proie à l’inquiétude après le début d'un soulèvement touareg au Nord du pays.
L’année de la maturité ?
Si Zambiens, Ivoiriens et à un degré moindre Ghanéens ont décroché leur qualification sans puiser véritablement dans leurs réserves, l’accession des Maliens aux demi-finales a été des plus laborieuses. Un réel parcours du combattant. Ils ont en effet eu recours à la loterie des tirs au but pour composter leur billet, après n’avoir pas su faire la décision dans le temps réglementaire contre de valeureux et survoltés Gabonais. Une victoire qui résume à elle seule le périple des coéquipiers de Seydou Keita, eux qui ont vaincu la Guinée contre le cours du jeu lors du premier match, se sont inclinés sans faire vaciller une seule seconde les Black Stars lors du deuxième, et ont péniblement disposé du Botswana lors de l’ultime rencontre de la phase de poules.
En apparences, les chances de victoire finale semblent très minces, d’autant que l’adversaire a été impressionnant depuis le début du tournoi, marquant huit fois tout en gardant sa cage inviolée. La Côte d’Ivoire possède en outre le meilleur effectif des quatre formations encore en course, aussi bien en termes de qualité que de quantité. Malgré tout, les joueurs du Mali veulent espérer, animés qu’ils sont par des qualités de courage, d’abnégation et d’altruisme. A l’heure de défier le grandissime favori, ils ne tremblent même pas. "Le groupe a un bon état d'esprit, a une belle force mentale et on le retrouve dans les moments comme. On est assez fort mentalement pour ne pas accuser le coup à cause de situations dans un match", explique Alain Giresse, en toute humilité.
Une demi-finale sur fond de crise politique
Amputés de plusieurs cadres historiques, comme l’ancien Lyonnais aujourd’hui chômeur "Djila" Diarra, le Parisien "Momo" Sissoko, le désormais retraité international Fred Kanouté (FC Séville) ou du stoppeur de l’AJ Auxerre Adama Coulibaly, les Aigles ont su faire de leur jeunesse un atout. Frais, fougueux, ils ont connu un apprentissage compliqué lors des deux précédentes éditions mais se sont forgé une force de caractère quasiment à toute épreuve, qui leur permet de ne pas abdiquer même quand la situation est mal engagée. "On a beaucoup de jeunes mais l'état d'esprit est excellent dans le groupe. C'est sur cet état d'esprit qu'il faut s'appuyer", confie ainsi Cédric Kanté, porteur du brassard et qui fait figure de vieux de la vieille aux côtés de Seydou Keita.
Malheureusement, la performance du Mali, demi-finaliste pour la première fois depuis 2004 en Tunisie, passe presque en arrière-plan, tant la situation dans le septentrion du pays est tendue. Une insurrection s’est en effet levée au Nord, "œuvre" si on l’ose dire ainsi, des Touaregs. Une rébellion qui a coûté la vie à plusieurs dizaines de soldats, entraîné le déplacement massif d’une partie de la population vers les contrées voisines, et qui a sérieusement secoué le président ATT. Un succès aux dépens de la Côte d’Ivoire et même un sacre continental pourrait octroyer, sinon définitivement, provisoirement, du répit. Les vertus unificatrices du football sont en effet connues, et pourraient permettre, une fois de plus, de rassembler tout un peuple derrière son équipe fanion et mettre un terme à la violence qui sévit actuellement.
A moins que je ne sois trop naïf ?
Abdalaye Niakaté - football.fr - lun. 6 fév. 2012 20:51