Mali: au moins 14 morts dans des combats à Bamako lors d'un "contre-coup d'Etat"

AFPAFP
Peut 1, 2012 - 08:35
Peut 1, 2012 - 10:04
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[caption id="attachment_63872" align="alignleft" width="350" caption="Des soldats partisans du chef de la junte Amadou Haya Sanogo dans Bamako le 1er mai 2012 © AFP"][/caption] Les combats lundi à Bamako ont fait au moins 14 morts et 40 blessés lors d'une offensive des forces loyales au président malien Amadou Toumani Touré (ATT), renversé le 22 mars, contre les ex-putschistes qui ont affirmé mardi avoir fait échec à un "contre-coup d'Etat". "Nous avons eu 14 morts et 40 blessés", a déclaré à l'AFP le docteur Abdoulaye Nene Coulibaly, directeur de l'hôpîtal Gabriel Touré à Bamako, précisant qu'il s'agissait de militaires des forces loyalistes et de l'ex-junte qui a pris le pouvoir le 22 mars avant de le rendre. Lundi en fin d'après-midi et jusqu'au milieu de la nuit, les forces restées loyales au président Amadou Toumani Touré ont mené des attaques contre le camp des ex-putschistes à Kati (15 km de Bamako), l'aéroport et la radio-télévision nationale (ORTM), occupée par les partisans du capitaine Amadou Haya Sanogo, chef de l'ex-junte. Les ex-putschistes ont affirmé mardi qu'ils "maîtrisaient" la situation et "tenaient" les trois sites stratégiques. Des tirs nourris ont toutefois été entendus dans la matinée près d'un camp des forces loyalistes dans le centre de Bamako, avant que le calme ne revienne, hors quelques tirs sporadiques. "Cette nuit, tout le monde est resté chez soi (...) Il y a très peu de gens dans les rues et au marché", a témoigné une habitante du quartier populaire de Bagadadji, dans le centre de Bamako. Un mois et demi après le putsch, cette offensive s'apparente à une tentative de "contre-coup d'Etat" des "bérets rouges" fidèles à Amadou Toumani Touré, dont le pays est en train de sombrer dans le chaos, sa partie nord étant entièrement occupée par des groupes armés, islamistes, Touareg et criminels. Un lieutenant de l'ex-junte entouré d'hommes en armes, s'exprimant au nom du capitaine Sanogo, est apparu au petit matin mardi à l'ORTM pour dénoncer "des forces obscures" à l'origine des "attaques", faisant état d'arrestations sans autre précision. Le message passe depuis en boucle à l'ORTM entre des documentaires animaliers ou culturels. "Nous tenons l'ORTM, l'aéroport et Kati. Nous maîtrisons la situation", a déclaré à l'AFP un officier de l'ex-junte. Des engins blindés étaient postés devant l'ORTM et à l'aéroport, et les hommes de l'ex-junte procédait à des fouilles de véhicules à la recherche des "bérets rouges". Des ex-putschistes sont venus mardi sortir de force de l'hôpital Gabriel Touré une dizaine de soldats loyalistes blessés, certains grièvement, qui y étaient soignés. Ils ont été emmenés dans leur camp de Kati, a constaté le correspondant de l'AFP. "On a l'impression que la junte a repris le dessus (...) On suit la situation de près", a indiqué mardi à l'AFP une source proche de la médiation burkinabè dans la crise malienne. Deux semaines après avoir renversé Amadou Toumani Touré, la junte avait signé le 6 avril avec la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) un accord par lequel elle acceptait de rendre le pouvoir aux civils par la mise en place d'organes de transition, dirigés par un président intérimaire, Dioncounda Traoré, un Premier ministre, Cheick Modibo Diarra, et un gouvernement "d'union nationale". Dans la réalité, les hommes de l'ex-junte se sont comportés comme s'ils étaient toujours les véritables maîtres de Bamako, procédant à de nombreuses arrestations dans les milieux politiques et militaires proches de l'ancien président. Après un sommet des chefs d'Etat de la Cédéao qui, le 26 avril à Abidjan, avait fixé à douze mois la durée de la transition et décidé de l'envoi d'une force ouest-africaine à Bamako, le capitaine Sanogo avait rejeté ces décisions. "Toutes les décisions prises à Abidjan ont été prises sans concertation avec nous", avait-il déclaré, ajoutant: "Aucun soldat étranger ne foulera le sol du Mali sans une demande du gouvernement malien". Le coup d'Etat du capitaine Sanogo et la totale désorganisation d'une armée sous-équipée a profité dans le Nord à la rébellion touareg, au mouvement islamiste Ansar Dine soutenu par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et divers groupes criminels. En trois jours, du 30 mars au 1er avril, ils ont accéléré leur offensive lancée mi-janvier et pris le contrôle des trois villes et régions de ce vaste territoire aride, Tombouctou, Kidal et Gao. Depuis la mi-janvier, plus de 320.000 personnes ont fui vers le sud du pays ou les pays voisins, selon l'ONU. (©AFP / 01 mai 2012 15h57)    

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