Manifestation des femmes des militaires de Sikasso : -La station ORTM Sikasso saccagée et brûlée - Des dégâts importants aux Impôts, à la Mairie et au Tribunal

Fév 6, 2012 - 09:32
Fév 7, 2012 - 06:42
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Après Kati, Kayes, Ségou et Bamako, la Commune urbaine de Sikasso a vécu une folle journée de vendredi. En effet, profitant de la marche des femmes des épouses des militaires au front, des badauds de l'autos gare de Sikasso se sont adonnés à des actes de vandalisme sur plusieurs services de l'Etat, notamment la station ORTM, le Tribunal, la direction régionale des impôts, la mairie. Ces actes ont été commis au moment où le gouverneur de la région, Ibrahima Féfé Koné, recevait l'ensemble des préfets de la région, la classe politique, la société civile et les représentants des radios libres. D'après plusieurs témoignages concordants, après avoir renoncé à leur marche suite à l'intervention du gouverneur, certaines femmes ont été incitées à protester par leurs époux, désignés par le  commandement militaire pour aller en renfort auprès de leurs camarades d'armes aux prises avec des bandits armés appuyés par des éléments d'AQMI. Depuis le mercredi 1er février, l'exécutif régional avait initié des actions d'anticipation. C'est ainsi que de commun accord avec le gouverneur de la région, le Commandant de zone a rencontré les femmes des militaires au front et ceux désignés pour y aller en renfort afin que celles-ci sursoient à la marche qu'elles ont programmée. Dans cette même dynamique, le jeudi, le gouverneur a rencontré les leaders religieux, la société civile et les représentants des radios libres sur la question. D'après le gouverneur Ibrahim Féfé Koné que nous avons rencontré en sa résidence, le samedi 4 février, tout était rentré dans l'ordre après que lui et le commandant de zone eurent échangé avec les femmes. "Le vendredi matin alors que je m'entretenais avec les préfets de la région, les partis politiques, la société civile et les responsables des radios sur les dispositions prises par l'Etat à propos de la situation sécuritaire au nord, j'ai été informé que les femmes des camps sont en train de marcher vers le centre ville. Sachant que leur arrivée pourrait être source d'actes de dérapage, j'ai écourté ma réunion et je suis allé les croiser au niveau de la légion de gendarmerie. J'ai marché avec elles pour retourner au camp. J'ai pu les convaincre en leur demandant de me remettre la copie de leurs doléances ainsi résumées : que les renforts ne partent plus au nord sans armement adéquat. Après avoir convaincu les femmes, je suis retourné au gouvernorat pour continuer la réunion que j'avais commencée" a déclaré le gouverneur. Quelques minutes après, le chef de l'exécutif régional a été informé que les femmes des gardes sont également sorties et qu'elles se dirigent vers le gouvernorat. Elles étaient accompagnées par leurs enfants et ont été reçues par le gouverneur à qui elles ont remis leurs doléances identiques à celles des femmes du premier groupe. Peu de temps après avoir calmé les épouses et les enfants des gardes, le gouverneur est, une troisième fois, alerté par l'arrivée, cette fois-ci, d'un groupe de badauds venus de vers l'auto gare. D'après plusieurs sources crédibles, ces badauds avaient aussi leur doléance : "ATT, dégage !". Contre la volonté des forces de l'ordre, le gouverneur est sorti pour les rencontrer et a fini par les convaincre de se retirer. Malheureusement, sur le chemin du retour, puis qu'ils étaient animés par un mauvais dessein, ils se sont attaqués à la mairie (vitres brisées), au Tribunal (locaux caillassés, portail endommagé et pneus brûlés), à la direction régionale des impôts (vitres brisées, tables, ordinateurs et d'autres matériels brûlés, un bureau entièrement consumé et un véhicule 4X4 Mitsubishi brûlé). Les dégâts les plus importants ont été enregistrés à la station ORTM. Quand le gouverneur a été informé que les badauds se dirigent vers l'ORTM, il a demandé de renforcer en gendarmes le  dispositif de sécurité qui y était installé. L'enceinte est si vaste que les forces de l'ordre n'ont pratiquement rien pu. Le samedi 4 février, nous avons rencontré le directeur régional, Damaké, abattu au milieu d’un amas d'objets de valeur calcinés par les assaillants. Selon lui, tous les bureaux ont été éventrés et saccagés (ordinateurs, cameras et d'autres matériels de production brûlés). "La passion du service public a amené le personnel à se débrouiller à diffuser les journaux de 19h45 et de 20h. On va encore essayer la même chose aujourd'hui samedi, si ça ne marche pas, on laisse tomber le temps de remettre de l'ordre. Heureusement les émetteurs n'ont pas été touchés sinon on ne pourrait pas émettre avant trois à quatre semaines. Nous nous affairons pour que toute rentre dans l'ordre le plus rapidement possible " a souligné le directeur régional de la station ORTM Sikasso. La tristesse et la désolation sont à leur comble car, non seulement les badauds ont cassé tout ce qui peut l'être, ils ont brûlé même les arbres de la cour et incendié la cour de l'ORTM, notamment la partie où sont installés les antennes paraboliques. "Grâce à l'intervention rapide des sapeurs pompiers, l'incendie a vite été maitrisé " a reconnu Damaké. Conséquence: la capitale du Kénédougou est privée des images de la télévision nationale . Dans l'ensemble, il faut reconnaitre que le gouverneur avait réussi à calmer les femmes des militaires et des gardes, mais plusieurs sources, administratives et militaires, soutiennent que certaines femmes ont été poussées par leurs époux désignés par le commandement pour aller en renfort au nord. Cette information a été confirmée par une manifestante dont nous taisons le nom pour raison de sécurité. Dans tous les cas, ce qui s'est passé à Sikasso est triste. En s'attaquant à ces édifices ci-dessus cités, les vandales ont porté un coup sévère au développement local car ce qu'ils ont détruit et brûlé a été mis à la disposition des populations grâce au sacrifice de l'ensemble du peuple malien. Comme si cela ne suffisait pas, les badauds avaient promis d'aller s'attaquer à la douane et à l'hôtel du Cinquantenaire le samedi. Ce qui a nécessité la mise en place d'un impressionnant dispositif de sécurité confirmée par le Directeur régional de la douane, Ag Boya. C'est pourquoi, pour les en dissuader, le gouverneur Koné a fait un communiqué radiodiffusé pour dire que " tous ceux qui seront pris dans les actes de vandalisme sur les biens publics et privés répondront de leurs actes". Il faut ajouter enfin que lors de la folle journée du vendredi 3 février, les badauds ont brûlé des pneus au niveau de tous les carrefours rendant, du coup, la circulation impossible. Diakaridia  YOSSI Envoyé spécial

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