Aussitôt dit, aussitôt fait ! Les leaders de la nouvelle plateforme exigent la tenue des concertations nationales. Ils ont d’ailleurs commencé à déployer leur plan de bataille. Hier mercredi, 9 janvier 2013, ils ont organisé un grand meeting à la Place de l’indépendance de Bamako.
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Les manifestants de la Copam dans les rues de Bamako[/caption]
Les cinq groupements de la nouvelle plateforme, notamment Ibk-2012 ; Copam-force vive; Copam 1 et 2 ; Front patriotique pour le Mali et Diogo ni maya, se sont fait entendre à travers une démonstration de force le mercredi 9 janvier 2013. En effet, ils ont réussi le défi de la mobilisation en parvenant à masser leurs militants à la Place de l’indépendance, à l’occasion d’un meeting par lequel ils ont confirmé leur détermination à aller jusqu’au bout dans la défense de leur plateforme dont l’objet essentiel est la tenue des concertations nationales pour gérer le processus de transition.
Pour assister à ce meeting, les manifestants sont venus de partout. Nous avons croisé quelques uns de la rive droite de Bamako, une centaine de manifestants venant de Niamakoro. Ils battaient le pavé pour rallier la Place de l’indépendance. Un peu plus loin, près de 3OO personnes ont quitté Kati pour rejoindre le reste du groupe. C’est ainsi que par petits groupes, ils convergeaient vers le point de rassemblement, pour répondre à l’appel des responsables de la nouvelle plateforme. Il faut cependant noter que les manifestants étaient composés en grande partie d’élèves et d’étudiants. En effet, l’occasion faisant le larron, ces élèves et étudiants qui ont déserté les salles de cours suite à une grève décrétée tôt le matin, sont partis grossir les rangs de cette manifestation.
Autour du monument de l’indépendance, on notait sur les banderoles: «
Nous peuples du Mali, force vive de la nation, réclamons les concertations nationales»; «
Concertations nationales pour une sortie de crise» ; «
Force de sécurité, le peuple vous soutient». A en croire les organisateurs de ce meeting, tout est parti du discours de Dioncounda Traoré, qui à travers son adresse à la nation du 1er janvier, a oublié de mentionner la tenue des concertations nationales, se permettant d’affirmer que la feuille de route concernant la Transition sera validée par l’Assemblée nationale. Ils estiment que l’Assemblée nationale est incompétente pour apprécier la feuille de route définissant les modalités de la transition et que cette feuille de route, elle-même doit émaner des concertations nationales.
Ces groupements exigent que Dioncounda Traoré et le nouveau Premier Diango Cissoko, respectent strictement les termes de l’Accord-cadre du 6 avril 2012 signé entre la Cédéao et le capitaine Amadou Haya Sanogo. En effet, dans son article 6, ledit accord prévoit l’organisation des concertations nationales qui, selon les responsables de la plateforme, sont indispensables pour mettre notre pays sur le chemin du redressement de la démocratie et de la reconquête de sa partie occupée.
Après avoir remercié ses militants, sympathisants, alliés et amis, pour la chaleur de l'accueil et de la mobilisation, Mohamed Tabouré, porte-parole de la Copam, a vivement félicité ses militants et sympathisants pour le courage et la détermination dont ils font preuve pour le Mali. Selon lui: «
En voulant présenter la feuille de route et les autres aspects liés à la concertation aux députés de l’Assemblée nationale, Dioncounda Traoré a trahi son peuple. C’est un déni de démocratie dans ce pays. Ils ont reporté huit fois de suite les concertations. Il est temps que çà s’arrête maintenant. C’est le peuple malien qui doit décider et non la Cédéao».
Au cours de ce meeting, le représentant des élèves, Sékou Diallo, n’a pas manqué de défendre la causes de ses camarades. «
L’objectif de notre sortie est de dénoncer l’incompétence de nos dirigeants qui sont face à cette situation de crise du Mali en général et de l’école malienne en particulier. Nous tenons à ce que les concertations aient lieu et que nos considérations soient prises en compte. En ce moment, nous sommes ouverts parce que nous voulons un Mali uni où tous les fils du pays s'aiment et se respectent», appuiera t-il.
Il est désormais clair que tout geste aura une signification et un sens bien particuliers pour les élèves et étudiants qui viennent de faire leur entrée en scène de façon fracassante. Mais précisons que c'est dans la joie et la ferveur militante que le meeting a pris fin. Il fallait voir, le monstrueux cortège qui s’étendait à perte de vue, lorsque les participants au meeting rentraient à domicile à la fin du rassemblement. Mais même sur le chemin du retour à la maison, les militants scandaient des slogans, dansaient et chantaient pour un Mali plus prospère, plus juste, plus démocratique, où il sera très bon vivre.
Il faut signaler que les élèves et étudiants manipulés à des fins politiques, sont sortis des écoles, facultés et instituts pour se mêler aux jeunes manifestants déjà mobilisés dans tous les quartiers de Bamako. Ils ont ainsi grossi les rangs et ce beau monde était devenu incontrôlable. Des voitures et commerce sont vandalisés et la circulation perturbée. Des hommes armés ont voulu profiter de cette situation chaotique pour tenter de braquer, sans succès, une station d’essence. A Bamako, ce fut vraiment le sauve-qui-peut au niveau des populations, surtout celles du centre ville qui ont cru que le ciel allait leur tomber sur la tête, en pensant aux événements d’un certain 22 mars 2012. A Kati aussi, quartier général du capitaine Sanogo, le ton est monté d’un cran car les jeunes de cette ville ont rivalisé d’ardeur avec ceux de Bamako, dans l’exigence de la tenue des journées de concertation nationale et la démission du président de la République par intérim, Dioncounda Traoré. Qui est en réalité derrière tout cela ?
Ibrahim M.GUEYE