Mercantilisme sur fond de trahison : Le syndrome qui dévore nos hommes politiques

Juin 11, 2012 - 06:10
Juin 11, 2012 - 06:19
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                C'est connu, nos formations politiques ne naissent pas autour d'idéologie politique, elles se bâtissent sur des affinités sociales et mercantiles. Les élections étaient jusqu'ici les moments de marchandage par excellence, avec leur cortège de trahisons. Aujourd'hui, certains hommes politiques ont ajouté à leur corde l'opportunité de profiter d'un coup d'Etat. Qu'est-ce qui leur fait perdre la tête ? En quittant le pouvoir, Alpha Oumar Konaré laissait derrière lui une classe politique fortement marquée par les déchirures et les incompatibilités d'humeur. Déjà la parodie d'élection présidentielle de 1997 avait fini de corser les distensions entre le pouvoir et l'opposition dont les principaux leaders avaient séjourné en prison. Viendront ensuite les élections de 2002 où l'Adéma, parti au pouvoir, s'éclatait suite au départ de son Président Ibrahim Boubacar Kéïta. Puis suivront les frasques consécutives aux primaires de la dérive et de la dérivation du parti. L'Adéma ira désormais aux élections sur fond de trahison contre son propre candidat à la présidentielle Soumaïla Cissé détruit par les votes massifs en faveur de Att qui, au second tour, bénéficiera également des voix des candidats malheureux dont en particulier ceux regroupés au sein de Alternance 2002 (Ibk, Mountaga Tall, Choguel Maïga). En effet, dans les flots de la déconfiture politique, les leaders de partis se regardaient en chiens de faïence, chacun devenant pour l'autre le diable avec qui il ne faut pas pactiser, et Att devenait l'ange gardien, le sauveur naturel, l'homme du consensus politique signifiant la fin du vrai faux combat politique entre des formations sans idéologie politique forte, plutôt assujettis aux affinités sociales et mercantiles. La course poursuite était enclenchée vers le bureau de placement qui n'est autre que le gouvernement avec son concepteur, Att, clé en poche. L'homme du 26 mars, le leader du consensus, le soldat de la paix, le guide du PDES, l'ami des enfants, Att s'est forgé sans doute l'image du grand bâtisseur adulé des masses paysannes et de l'ensemble des opportunistes d'une classe politique majoritairement frivole. Des hommes politiques et leurs clans formés au sein des grands partis politiques étaient plus dévoués à la cause de Att qu'à celle de leur propre formation politique. Des petits partis ne juraient que par le nom du sauveur Att. Du moins jusqu'à ce que son pouvoir tire vers la fin. Et l'on a vu tout le tintamarre autour des dossiers tels le fichier électoral et la révision de la Constitution. Notamment la question du fichier a divisé la classe politique en ceux favorables au fichier Race (plus tard le fichier électoral amélioré ou consensuel) qui sont l'Adéma, le PDES, le PIDS, l'UFDP … d'une part et ceux favorables au fichier Ravec (biométrique) qui sont l'Urd, le Rpm, le CNID, le PARENA, le MPR, le PSP, le RDS, les PUR … d'autre part. C'est dans ce contexte que les rebelles ont déclenché la guerre de partition du pays. Et le 22 mars 2012 le CNRDRE a chassé ATT du Palais présidentiel. Il ne fallait pas plus pour créer un déferlement sans précédent pour un repositionnement politique. Les derniers ont voulu la mort des premiers pour être seuls dans les affaires. Ils ont brillé de tout feu pour être dans les grâces du CNRDRE. Ils ont enchaîné des activités machiavéliques pour assouvir leur ambition mercantile d'être au gouvernement afin d'utiliser à leur tour comme l'Adéma les biens de l'Etat pour parvenir au pouvoir. Mais malheureusement pour eux, ils ont été superbement ignorés lors de la formation du gouvernement qui n'a d'ailleurs pas fait appel aux partis représentés à l'Assemblée nationale à fortiori ceux qui ne représentent que leur ombre. Pis, dans leur acharnement à abattre notamment le plus représentatif de la classe politique malienne en l'occurrence Dioncounda Traoré, ils ont fini par s'enfoncer le doigt dans l'œil. Le Président de la République a été tabassé, le Mali a été humilié dans ce qui lui reste de prestige, les fauteurs de trouble ont abandonnée leur complot contre la démocratie et pris la retraite anticipée. Que de chemin parcouru ! Pourvu que ce soit un terme au mercantilisme dans la politique afin que seul le peuple soit habilité à donner le pouvoir.   Mamadou DABO 

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