Ministères de la défense et de la sécurité : Des radiations et nominations à la pelle

Juillet 14, 2012 - 06:38
Juillet 14, 2012 - 06:38
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Au regard des incohérences qui le caractérisent, le gouvernement de transition est de plus en plus  sujet à réflexions. Le ministre de la Défense et des Anciens combattants, le Colonel-major Yamoussa Camara, et celui de la Protection civile et de la Sécurité intérieure, le Général Tiéfing Konaté, semblent rencontrer des problèmes dans la gestion des hommes. Ce qui déteint dangereusement sur la mise en œuvre de la feuille de route à eux confiée dans le cadre de la transition.   [caption id="attachment_68492" align="alignleft" width="310" caption="Les ministres Tiefing Konaté et Yamoussa Camara (D G)"][/caption] Les nominations opérées par ces deux ministres se poursuivent sans discontinuer. Celle du Contrôleur général de Police, Ismaïla Coulibaly, le mercredi 12 juillet, en est une parfaite illustration. Au niveau des services de l’armée, le limogeage de Directeurs généraux (DG) et de leurs Adjoints, lors des Conseils des ministres, suscite bien des commentaires. Ces radiations  et nominations à la pelle effectuées par ces deux ministres depuis la mise en place du gouvernement de transition représentent  de grosses surprises pour la plupart des Maliens. Mais la facilité avec laquelle les responsables des structures de ces deux départements sont remerciés  entache non seulement la crédibilité de ces deux ministres, mais aussi celle du gouvernement. Ce qui est préoccupant ici, c’est plutôt les responsabilités que requièrent ces postes concernés et leurs structures. En l’espace de deux mois, on compte plus d’une centaine de nominations au sein de ces deux ministères et leurs démembrements, les maillons les plus importants de la défense de l’intégrité territoriale et de la sécurité nationale. Lors de ce dernier Conseil des ministres,  le  ministre de la Défense et son homologue de la Sécurité intérieure ont fait « débarquer » des responsables au niveau de leurs départements et services rattachés. C’était tous de hauts gradés de l’armée qu’on présentait pourtant comme des technocrates.  Mais deux mois seulement après leur nomination, les voilà relevés de leurs postes sans raison, du moins officielle. Avec ces nominations en série, nos deux ministres croient dur comme fer qu’ils arrivent à choisir des « hommes providentiels » ou des « oiseaux rares » qu’ils ont réussi à débusquer pour sortir le Mali de la crise. Le « parachutage » des cadres La plupart de ces nominations opérées par les deux ministres au sein de leurs départements respectifs ne répond, à priori, à aucune exigence technique. Si ces deux ministres sont censés être les seuls à connaître et définir les raisons et l’opportunité de leurs choix, il reste que les entités de ces départements représentent les poumons de la défense nationale et de la sécurité du pays et qu’il ne faut pas s’amuser à changer leurs Directeurs généraux et Adjoints à tout bout de champ. En outre, lorsqu’un nouveau DG s’installe, il définit une nouvelle politique de défense et de sécurité au niveau des forces armées. Aussi, pour mettre cette politique en œuvre et en escompter des résultats tangibles, une période raisonnable s’avère nécessaire.  Du reste, il est impossible de diriger convenablement une structure comme l’armée en l’espace de quelques mois et pouvoir en mesurer les impacts. Il se trouve qu’au bout de deux mois de transition, le ministère de la Défense et celui de la Protection civile ont connu des changements à la pelle à tous les niveaux, ou presque. Cette situation appelle quelques observations. La première fait remarquer la manière presque cavalière avec laquelle nos deux ministres parachutent, à la tête des services de l’Etat, leurs hommes qui se croient alors ainsi tout puissants et qui, de ce fait, ignorent royalement leurs supérieurs hiérarchiques et traitent plutôt directement avec leurs ministres qui, eux-mêmes, prêtent le flanc à ce jeu. La conséquence est que les cadres se sentent frustrés et les rapports entre eux sont souvent conflictuels. Alors qu’en temps normal,  une fois nommé, le ministre choisit des hommes valables qui travaillent en phase. Mais tel ne semble pas être le cas de nos deux ministres qui  multiplient les nominations à chaque Conseil des ministres. A tel point que certains désaccords commencent à voir le jour au sein de la « Grande muette ». « Remerciés » comme des incapables ? Le limogeage de certains hauts cadres  de l’armée obéirait à certaines raisons : entre autres, ils seraient soupçonnés d’être proches du régime défunt ou « d’avoir été imprudents ou trop bavards», surtout au sein d’une « Grande muette » qui cherche encore ses marques. « Ces hauts responsables de l’armée sont suspendus de leurs postes pour manquement à l’autorité », justifie-t-on. Mais un tel « manquement » suffit-il pour mériter pareille sanction ? C’est à se demander plutôt si en dessous, il n’y a pas une intention cachée de se débarrasser de ces gens ? Si ce n’est pas le cas, n’aurait-on pas alors du leur adresser un avertissement, quitte à leur infliger une sanction plus grave en cas de récidive, au regard des responsabilités qui sont  les leurs en qualité de hauts cadres? Le plus étonnant, c’est que la raison qui sous-tend leur suspension ne met nullement en cause leurs compétences professionnelles, ni une malversation, ni une erreur de gestion et encore moins une insuffisance de résultat. Si pour un « manquement à l’autorité », on peut du jour au lendemain « faire sauter » des DG ou leurs Adjoints à qui on ne reproche pourtant ni une mauvaise gestion ni un détournement, il y a de quoi  s’interroger. A moins que les auteurs de ces arrêtés de suspension (les deux ministres en question) expliquent le contenu de ce « manquement à l’autorité » ? Jean Pierre James

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