Mohamed Bazoum : « Il ne faut pas permettre que des militaires prennent le pouvoir parce qu’ils ont des déboires sur le front »

Juillet 10, 2021 - 14:02
Juillet 10, 2021 - 14:08
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Mohamed Bazoum : « Il ne faut pas permettre que des militaires prennent le pouvoir parce qu’ils ont des déboires sur le front »
Alors que les autres chefs d’Etat étaient en ligne, Mohamed Bazoum était seul à l’Elysée pour prendre part, au côté du président français, au Sommet extraordinaire du G5 Sahel tenu ce vendredi 9 juillet. La conférence de presse conjointe qui s’en est suivie a été l’occasion pour le Président Nigérien de répondre, selon ces termes, « à des questions qui ne lui étaient pas adressées ». -maliweb.net- Complétant le président Macron, interrogé par le journaliste Abdoulaye Barry depuis Ouagadougou, sur l’avancée des forces terroristes sur le sud du Mali malgré le dispositif militaire impressionnant de Barkhane, et sur la double politique française au Tchad et au Mali, le président Mohamed Bazoum ne s’est pas gêné pour faire l’avocat du patron de l’Élysée. « J’entends souvent les africains se plaindre de forces importantes extérieures qui opèrent dans le Sahel sans que ça ne donne des résultats », commente le président Bazoum, soutenu par les sourires de Macron. « Ça ne donne pas de résultats parce que pour le moment, ce sont nos armées qui n’ont pas été à la hauteur de la situation. Je ne conçois pas que ce soit la vocation de la France et de son armée ou de l’armée de quelque autre pays de faire la guerre à notre place. Nous avons à faire en sorte que nos forces soient efficaces, qu’elles soient bien entrainées et qu’elles soient bien équipées … entre nos résultats, il y a de cela trois ans, quatre ans, en tout cas au Niger et ça doit être pareil ailleurs, et nos résultats aujourd’hui, les choses ont considérablement changé… ». « Deuxièmement, je suis aussi interpellé par la question posée au président Macron relativement aux situations du Tchad et au Mali », poursuit le nouveau président du Niger. Reprenant les propos de Macron, Bazoum indique avoir « validé la situation de fait » qui a résulté de l’assassinat d’Idriss Deby. « Dans le cadre de l’Union africaine, nous aurions pu nous dire qu’il s’agit d’un coup d’Etat. Ce serait simplifier les choses… », a commenté le président du Niger. « Par contre au Mali, il y a une Charte, il y a le Protocole sur la bonne gouvernance et la démocratie que le Mali a souscrit en même temps que nous dans le cadre de la Cédéao ». Ces textes prévoient, selon Bazoum, que lorsqu’il y a coup d’Etat que le pays soit exclu des instances de l’organisation. Le Niger, a expliqué Bazoum, n’a pas été d’accord avec la fermeture des frontières, mais le Niger a été intraitable quant à mettre en œuvre les dispositions prévues par la Cédéao. « Il ne faut pas permettre que des militaires prennent le pouvoir parce qu’ils ont des déboires sur le front où ils devraient être et que les colonels deviennent des ministres et des chefs d’Etat. Qui va faire la guerre à leur place ? Ce serait facile qu’à chaque fois qu’une armée, dans nos pays, a des échecs sur le terrain qu’elle vient prendre le pouvoir. C’est ça qui s’est passé par deux fois au Mali. En 2012, les militaires avaient échoué, ils sont venus faire un coup d’Etat ; en 2020 encore, ils ont fait la même chose. Ce n’est pas des choses acceptables… ». Mamadou TOGOLA/maliweb.net

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