Mon œil : Aveu du capitaine Sanogo : le pouvoir, c’est bien lui

Juin 11, 2012 - 01:55
Juin 11, 2012 - 01:56
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«J’ai chargé le Premier ministre de le faire à ma place». Telle est la réponse du capitaine Sanogo au journaliste de Jeune Afrique qui voulait savoir si le président du Cnrdre est allé voir Dioncounda Traoré à l’hôpital après son agression du 21 mai 2012. Et bien, qui parle se découvre. Ceux qui en doutaient encore savent désormais, à travers cxes propos sans ambigüité, que le Premier ministre est à la solde du capitaine amadou Haya Sanogo, président du Cnrdre, ce monstre froid qui empoisonne la vie politique malienne depuis la mutinerie du 22 mars 2012 qui a été vite transformée en coup de farce à cause d’une absence de résistance. L’occasion faisant le larron, le capitaine Sanogo est ainsi arrivé au-devant de la vie publique par les baïonnettes et le grondement des canons et depuis lors, il veut s’y éterniser. Nous n’avons cessé de dénoncer l’arrimage du gouvernement en général et du Premier ministre en particulier, aux caprices du capitaine Sanogo et du Cnrdre et les faits, de jour en jour nous donnent raison. En effet, tout le monde se rappelle la sortie médiatique autoritaire du capitaine Sanogo, au travers de laquelle, il affirmait, péremptoirement : «J’ai demandé au gouvernement de convoquer la convention nationale pour désigner le président de la république pendant la transition». Et c’est après une autre injonction donnée au gouvernement après l’affrontement entre les bérets verts et les bérets rouges : «Le gouvernement vous dira le reste dans les détails». A chaque fois, le capitaine a été obéi à la lettre car pour la première injonction, non seulement la convention nationale s’est tenue, mais les «conventionnistes» ont reçu un financement de 250 millions FCFA à flamber ou se partager -dieu seul sait- au moment où le pays broie du noir. Allez savoir qui a cassé la tire-lire pour les beaux yeux du prince ! Pour la deuxième injonction, le ministre de la sécurité et de la protection civile est monté au créneau, tel que l’avait prévu le capitaine, pour expliquer les faits dans la version Cnrdre. Point n’est donc besoin de se poser la question de savoir qui dirige le mali à l’heure actuelle : c’est bien le capitaine Sanogo, à qui le Premier ministre obéit parce que lui devant sa nomination. Nous ne nous attarderons pas sur la baisse du taux d’estime et de popularité de Cheick Modibo Diarra au sein de la population malienne car c’est un véritable mythe qui s’effondre. Et dire qu’il briguait le suffrage des Maliens pour cinq ans à la tête de l’Etat. C’est quand même bien que l’on puisse le découvrir sous son vrai visage et capacités politiques pendant qu’il est encore temps. Une autre question qui a amené la communauté internationale à se rendre compte qu’en ces temps qui courent au Mali, seul le capitaine et son Cnrdre détiennent le pouvoir, c’est son aveu que ses déplacements sont difficiles à organiser pour des raisons sécuritaires. Cette affirmation faite à Jeune Afrique pour justifier le fait de ne pas s’être rendu au chevet du Pr Dioncounda Traoré après la tentative d’assassinat dont ce dernier a été victime, a une autre connotation : on a eu moins de souci pour la sécurité du président de la République. La sécurité se préoccupant d’abord et davantage du président du Cnrdre. Cqfd (ce qu’il fallait démontrer), il y a deux poids et deux mesures en matière sécuritaire entre le Pr Dioncounda Traoré, président de la république investi et le capitaine Sanogo, président de la République de fait. Naturellement, celui qui détient la force armée, seul argument véritable au Mali depuis le renversement du régime ATT, s’est taillé la part du lion en matière de sécurité, laissant à son triste sort celui qu’il abhorre le plus ces derniers temps pour l’voir empêché de goûter aux lambris dorés du pouvoir reconnu. De toutes les façons, la Cédéao qui a certainement trop compris, est allé droit au but en décidant de faire bénéficier au capitaine du statut d’ancien chef d’Etat. Ceux qui s’en offusquaient sous le prétexte qu’il n’a jamais été chef d’Etat doivent comprendre que, chef d’Etat ou pas,  depuis le coup d’Etat du 22 mars 2012 dans ce pays, tout le monde propose, mais seul Sanogo dispose. Mais jusqu’à quand encore ? LE LYNX

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