Négociations avec les groupes armés : Retour à la case départ

Juin 5, 2014 - 03:41
Juin 5, 2014 - 02:04
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Blaise Mnla«Le gouvernement du Mali viole l’Accord de Ouaga en prenant des décisions unilatérales sans concertation avec les mouvements de l’Azawad. Cela montre tout simplement que ce gouvernement manque de volonté de régler la question du Nord, malgré l’engagement du président Ibrahim Boubacar Keita (IBK) d’apporter une solution définitive au problème. IBK a malheureusement gardé la même attitude qu’il adoptait avant son élection. Il mène une politique de marginalisation et d’exclusion de la population de l’Azawad», soutenait le Secrétaire général du Mnla et président du Conseil de transition du fantoche «Etat de l’Azawad». Du coup, après la victoire de ses éléments sur les Fama, il appelle au retour à l’Accord préliminaire de Ouagadougou. Un pas en avant, dix pas en arrière, serait-on tenté de dire dans la résolution définitive de la crise du Nord du Mali, particulièrement de ce qu’il convient désormais d’appeler «le cas Kidal». En effet, alors que l’on croyait avoir réalisé d’énormes avancées dans la résolution de cette crise, revoilà un autre feuilleton. Fort de leur victoire sur les Fama lors des derniers combats meurtriers survenus à Kidal, les bandits armés du Mnla et de leurs alliés imposent maintenant leur diktat au pouvoir central de Bamako : le retour à l’Accord préliminaire de Ouagadougou. Un Accord qui ferait leur «affaire» dans leur velléité de séparatisme ou d’auto-détermination. En tout cas, le chef de l'Etat mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, président en exercice de l'Union africaine, a réussi à arracher un accord de cessez-le-feu en cinq points qui a pris effet depuis la signature de toutes les parties : l’Etat malien et les groupes armés représentés par Mohamed Ag Najim pour le Mouvement national de libération de L'Azawad (Mnla), Cheick Ag Haoussa pour le Haut Conseil pour l'unité de l'Azawad (Hcua) et Brahim Ould Handa pour le  Mouvement arabe. Les deux parties ont convenu de la cessation immédiate des hostilités sur toute l'étendue du territoire national et acceptent de revenir à l'Accord préliminaire de Ouagadougou pour une reprise immédiate des négociations. Du flou dans la relance du processus de paix Des lueurs d’espoir dans le retour à la paix définitive dans notre pays, notamment dans sa partie septentrionale, il y en a. C’est du moins ce que l’on puisse dire avec le Sommet des chefs d'Etat de la Cédéao qui s’est tenu le 30 mai dernier à Accra au Ghana et la première rencontre entre le Haut représentant de l'Etat du Mali, Modibo Keïta et les groupes armés du Nord-Mali à Ouagadougou. De part et d'autre, on joue à l'apaisement, en rappelant que c'est l'option «dialogue» qui est désormais choisie pour résoudre la crise. Mais, il y encore des zones d’ombre : Où se dérouleront les futures négociations ? Le gouvernement malien propose Bamako, tandis que les rebelles armé souhaitent se rendre plutôt dans un pays neutre. Autre demande des groupes armés : la libération de leurs combattants ou compagnons en prison dans le Sud du Mali, contre la libération des militaires de l'armée régulière faits prisonniers après les derniers événements de Kidal. En somme, tant que ces zones d’ombre demeureront, les négociations piétineront. L’incompréhensible attitude de la Communauté internationale La question qui brûle les lèvres des Maliennes et des Maliens est de savoir à quel jeu joue la Communauté internationale, notamment la France dont on dit qu’elle est le parrain du Mnla ? Pourquoi cette duplicité de la France, le discours officiel étant à mille lieux de ce qui se passe sur le terrain ? Les revendications de ces bandits sont-elles aussi légitimes et légales pour que la France se laisse berner ainsi ? À qui appartient Kidal, si on empêche l’Etat malien d’exercer son autorité ? Est-ce une enclave, une zone tampon ? Un endroit «sans propriétaire» qui attend d’être cédé ? Y a-t-il un deal entre la France et les mouvements rebelles ? La France roule-t-elle pour elle-même, sachant que d’un point de vue géopolitique et géostratégique, cette zone attire, sans compter l’immensité et la variété plus ou moins avérée de ses ressources minières? Peut-être oui, au regard de ce qui se passe actuellement. Au lieu d’aider le Mali à combattre ces terroristes, on le contraint à négocier. Négocier avec qui ? Des terroristes et narco-trafiquants ? Eux qui ont trimbalé les plus hautes autorités maliennes à Ouagadougou, sans accepter de parler le langage de la paix ? Espérons que cette fois-ci, en revenant à cet Accord préliminaire de Ouagadougou, ils ne nous parlerons pas de la «république de l’Azawad», mais  plutôt de la République du Mali Une et Indivisible ! Bruno LOMA

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