Nord du Mali : Maintenant, la guerre

REUTERS[/caption] Le 10 janvier 2013, la situation sécuritaire se dégrade au Mali. Les terroristes islamistes prennent la ville de Konna et se dirigent vers Mopti, dernier verrou solide avant la capitale, Bamako. Sur sollicitation de son homologue malien, Dioncounda Traoré, François Hollande engage l'armée française dans une guerre dénommée l’opération Serval. Dès la nuit du 11 au 12 janvier, des frappes de Mirage 2000 et d'hélicoptères Gazelles détruisent une demi-douzaine de véhicules ainsi qu'un centre de commandement, stoppant une colonne islamiste qui se dirigeait vers Mopti. C’est le début de la libération du Mali. Coup sur coup, l’armée malienne, appuyées par les forces françaises, reprend les villes de Konna (17 janvier), Diabali et Douentza (21 janvier), Gao (26 janvier), Tombouctou (28 janvier), Kidal, Tessalit, Léré, In Khalil, Anefis, Tinzawatène, Tessit et Talatayt (29 janvier). En 19 (petits) jours, l’opération Serval venait de mettre fin à neuf mois d’occupation du territoire malien. A telle enseigne que des observateurs commençaient à voir du gâchis dans le déploiement de la Misma et même son inutilité. Le président français, François Hollande fait partie de ceux qui ont tiré des conclusions hâtives. Tout d’abord en effectuant une visite éclair de bain de foule dès le 2 février à Tombouctou (via Mopti-Sévaré) et à Bamako. Ensuite, en annonçant le retrait, courant mars, des forces françaises « qui n’iront pas dans les montagnes » ; une mission qui devrait revenir aux forces de la Misma. Mais, c’était compter sans la doctrine des terroristes islamistes qui n’ont jamais abandonné leur sinistre projet d’islamiser le Mali, à tout prix. Stratégie adoptée : les attentats kamikazes, les combats à l’arme lourde, et le self-défense depuis leur retraite dans les montagnes des Ifoghas. Ce mois de février (donc aussitôt après la chute de Kidal) a été fondamentalement mouvementé en attentats et violents combats à Gao, Kidal et Tessalit. Les islamistes sont dans leur exercice favori. Et le Mujao assure que la bataille ne fait que commencer « pour reconquérir le Nord-Mali ». Gao, la poudrière La ville de Gao est particulièrement sous tension avec des affrontements entre les soldats maliens et des djihadistes. Ainsi, dans la nuit du 20 au 21 février, de violents combats ont opposé l’armée malienne à des djihadistes retranchés dans la mairie et le gouvernorat de Gao. Les échanges de tirs se sont poursuivis jusqu’au 22 février à la mi journée le lendemain. Selon des sources, les djihadistes auraient franchi nuitamment le fleuve Niger par pirogues avant de s'infiltrer dans les locaux de la mairie et du gouvernorat, d'où ils ont commencé à tirer entraînant la riposte des forces nigériennes et maliennes stationnées dans la ville. De «nombreux» corps de djihadistes portant des ceintures d'explosifs et tenant à la main des grenades dégoupillées ont été découverts dans des bâtiments officiels alentours, selon des militaires maliens. À 50 mètres du poste de commandement, la mairie et le palais de justice témoignent de la violence des affrontements de la veille. Le tribunal a été éventré par les roquettes maliennes. Les bâtiments de la mairie ont été détruits par un missile tiré par des hélicoptères français arrivés en renfort. Entre 15 et 20 islamistes ont été tués, 2 soldats français, légèrement blessés, et 4 soldats maliens auraient été blessés au cours de ces violents combats. Le même vendredi 22 février, à l'aube, deux véhicules kamikazes ont explosé, visant des civils et des rebelles touareg du Mnla, à Tessalit. Toujours vendredi dernier, des combats entre soldats tchadiens et djihadistes ont fait 116 morts, selon l'état-major tchadien: 23 parmi les militaires tchadiens, et 93 dans le camp des islamistes armés. Il s'agit des pertes connues les plus lourdes subies par les forces soutenant le Mali. La veille, le camp militaire français à Kidal a été visé par une attaque d'un kamikaze à bord d'un véhicule qui a explosé près du site. Le conducteur a été tué sur le coup. Le mardi 26 février, un kamikaze à bord d'un véhicule de type 4x4 piégé s'est fait exploser au niveau du poste de contrôle du Mnla situé à la sortie de Kidal menant vers Ménaka. L'attentat a fait sept morts, dont le kamikaze. Ainsi défile le nouveau mode opératoire des djihadistes qu’il va falloir maîtriser afin de prétendre abréger cette guerre qui ne fait que commencer. Sékou Tamboura
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