Nord-Mali : Le P.M signe un chèque à blanc aux terroristes du MNLA

Nov 23, 2012 - 02:19
Nov 23, 2012 - 02:35
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Si le Premier Ministre a succombé à une promesse de repêchage de sa candidature à la prochaine Présidentielle malienne, alors il aura fait preuve de FAIBLESSE et d’égoïsme; celui-là dont Henri Lacordaire disait « L'égoïsme consiste à faire son bonheur du malheur de tous ».  

  [caption id="attachment_98692" align="alignleft" width="310"] Le Premier ministre malien Cheick Modibo Diarra a eu du mal à contenir ses larmes à la tribune de l'ONU, le 26 septembre 2012.
REUTERS/[/caption] Négociation le Marché de dupes Blaise et Cheick.  Le Premier Ministre Cheick Modibo a toujours incarné une position radicale contre les groupes armés du MNLA et d’ANSARDINE  qui ont pris les armes contre la République.et qui devraient par conséquent répondre de leurs actes devant les tribunaux internationaux qui ont été saisis à cet effet. Il a en outre mis toute son énergie et ses relations à contribution pour faire adhérer la communauté internationale à une offensive armée massive sous le parapluie de l’ONU pour libérer les territoires occupés du Mali. En cela, le PM avait bénéficié d’un élan spontané de sympathie de la part de beaucoup de ses concitoyens. Comment le PM peut-il subitement changer d’attitude et de position au moment où toutes les lignes bougent en faveur du Mali et que les groupes armés sont complètement perdus et donnent des signes évidents de fébrilité ?  Comment le Premier Ministre peut-il, sans pression ni chantage, s’asseoir sur ses convictions et certitudes, ainsi que sur la saisine de la CPI par son gouvernement, pour signer un chèque à blanc aux terroristes du MNLA et d’ANSARDINE ? Il n’est pas exclu que le stratège Blaise COMPAORE l’eut promis de faire accepter par ses pairs, sa candidature à la prochaine présidentielle déjà invalidée par la CEDEAO, en contrepartie de son soutien à des négociations entre l’Etat malien et les groupes armés touaregs que le médiateur autoproclamé burkinabé peine à faire accepter. La perspective compliquée de l’échéance présidentielle peut rendre faible et générer de la fébrilité. Le Capitaine Compaoré pris en otage par les terroristes chercherait à prendre l’Etat malien en otage à travers le Premier Ministre « pleins pouvoirs». Un véritable marché de dupes ! Les Représentants du Peuple sont interpellés Quelles que soient les raisons, le coût de la décision de négocier avec le MNLA et ANSARDINE  est très élevé. Les conséquences immédiates consistent à faire subir un terrible affront et une grande humiliation à l’armée qui n’a pas encore fini le deuil de ses hommes froidement assassinés à Aghel-hoc, mais aussi aux centaines de réfugiés et déplacés à qui l’Etat doit pourtant protection, soutien et surtout justice. Que dire des amputés des mains et des pieds aux plaies encore béantes, sanguinolentes et suintantes. Quels messages veut-on envoyer aux populations du Nord, républicaines jusqu’au bout des ongles et adversaires des groupes armés du MNLA et d’ANSARDINE qui ont fait occuper leur territoire Quels messages cherche-t-on à envoyer aux membres du MNLA et d’ANSARDINE, coupables de crimes crapuleux et de tortures, à qui on déroule le tapis rouge de la République,  une fois leurs fautes absoutes ? Une prime à l’impunité ! Ce n’est pas sûr que la République s’en relèvera. La décence républicaine exige du PM Cheick Modibo qu’il s’explique devant les parlementaires pour que nous, les cons moutons, soyons  édifiés sur les motivations de notre berger égaré ! A.B.D

EXTRAIT DU COMMUNIQUE DU CONSEIL DES MINISTRES SUR LA SAISINE DE LA CPI

  31 mai 2012 Le gouvernement de transition du Mali « a décidé de déférer au procureur de la Cour pénale internationale les faits survenus » dans le nord Mali et attribués à des mouvements armés. La décision a été annoncée mercredi lors d'un conseil des ministres sous la présidence du Premier ministre Cheick Modibo Diarra. « Depuis le mois de janvier 2012 des groupes armés se sont attaqués à plusieurs localités situées dans les régions de Kidal, Gao et Tombouctou commettant des faits extrêmement graves pouvant être qualifiés de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité ou d'autres violations graves du droit international humanitaire" indique le communiqué du Conseil des ministres. Il cite nommément «le Mouvement National de Libération de l'Azawad (MNLA), Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI), Ansar Dine et d'autres groupuscules armés», comme auteurs de ces faits. "Conformément au Statut de Rome, le Mali en tant qu'Etat partie et Etat sur le territoire duquel les faits incriminés se sont produits, a décidé de déférer au Procureur de la Cour Pénale Internationale les faits survenus dans les trois Régions", précise le document. (Les preuves de l’incohérence du gouvernement Malien)

EXTRAIT RAPPORT D’AMNESTY INTERNATIONAL SUR LE MNLA ET ANSARDINE 4.  ATTEINTES  AUX  DROITS  HUMAINS COMMISES  PAR  DES  GROUPES ARMÉS 4.1 VIOLENCES SEXUELLES   Des femmes et des jeunes filles mineures ont été victimes de viols, parfois collectifs, commis par des hommes armés, y compris des membres du MNLA, notamment à Ménaka et à Gao. Amnesty International a pu s’entretenir à Bamako avec certaines de ces victimes.  Une jeune fille de 16 ans, victime de viol à Gao peu après la prise de la ville début avril 2012, a raconté  à la délégation d’Amnesty International : « Cinq  rebelles  sont  venus  me chercher  de  force,  ils  parlaient  tamasheq [langue  parlée  par  les  Touaregs]  et  certains songhay.  Ils  m’ont  emmenée  en  brousse  et  m’ont  violée.  Je  suis  restée  là-bas  deux jours. Durant cette période, j’ai été violée plusieurs fois. »  Une autre jeune femme, âgée de vingt-quatre ans et enceinte de quatre mois, a été victime de viol, non loin des dépôts de l’Office des produits alimentaires du Mali (OPAM) de Gao. « Le lendemain de l’attaque, on nous a dit qu’on pouvait aller se ravitailler à l’OPAM. Je suis allée avec d’autres femmes chercher de la nourriture à l’OPAM. Une fois arrivées là-bas, un des rebelles a tiré en l’air. Nous avons couru dans tous les sens. Plusieurs d’entre nous ont été attrapées par les rebelles. Un homme m’a prise, il parlait tamasheq. D’autres rebelles parlaient arabe, songhay, j’entendais toutes les langues. Beaucoup d’autres femmes ont été violées là-bas, mais elles n’osent pas parler, elles ont honte. » Toujours dans la même ville, une étudiante, âgée de dix-neuf ans, a également été victime de viol. Elle a raconté à Amnesty International : « J’étais partie chez un ami vers 20h avec une de mes camarades. Sur le chemin, une moto qui transportait deux Tamasheqs [Touaregs], et une  voiture remplie d’hommes armés et de femmes qu’ils avaient capturées s’est arrêtée à notre  niveau.  L’un  des  deux  Tamasheqs  sur  la  moto  avait  une  tenue  militaire.  Ils  ont commencé à nous dire que nous devions aller avec eux au camp parce qu’ils avaient besoin de femmes. Nous avons refusé. Mon amie a menti et a dit qu’elle était enceinte. L’un des Tamasheqs m’a alors fait rentrer dans une maison qui était vide. Je lui ai dit que j’étais indisposée. Il m’a ordonné de lui montrer. Je lui ai montré le sang. Il m’a dit : « C’est quoi ça » et il m’a violée. En rentrant chez moi, ma tante m’a dit que des filles dans le quartier avaient été enlevées et emmenées au camp. »                                                                             D’autres filles ont été enlevées en groupe et ont été victimes de viols collectifs.  Trois jeunes filles appartenant au groupe bêlla ont été kidnappées en pleine nuit par des hommes en armes à Gao. Elles ont été ramenées le lendemain chez elles et portaient des traces de coups dans le bas du dos. Un témoin de cet enlèvement a raconté à Amnesty International : « Quelques jours après la prise de Gao [début avril 2012] dans le quartier de Goulboudien  –  secteur  VIII,  trois  filles  qui  travaillaient  comme  aides  ménagères  ont  été enlevées,  violées  puis  ramenées  chez  elles.  L’une  d’entre  elle  est  une  mineure  âgée  de quinze ans. »       Quatre autres jeunes filles ont été enlevées, à Gao, le 3 avril 2012, non loin des dépôts du CICR pillés par les  groupes armés. Cet  enlèvement a été  orchestré par cinq hommes  en armes à bord d'un 4x4. Les quatre filles ont été enchainées et conduites dans un camp militaire où elles ont subi un viol collectif pendant 48 heures. Elles ont eu la vie sauve grâce à un autre homme. Un mois après cette agression, l’une d’elles qui était enceinte de près de sept mois, demeure sous le choc et n’arrive pas à trouver le  sommeil. Par ailleurs, Amnesty International a pu s’entretenir, fin avril au Niger, avec une défenseure des  droits  humains,  originaire  de  Gao,  qui  a  recensé  de  nombreux  cas  de  viols.  Cette personne a indiqué à Amnesty International : « La liste est très longue. Beaucoup de cas ont été identifiés, mais les victimes refusent de témoigner par peur d’être stigmatisées. »  Amnesty International a appris que la plupart des responsables de ces actes n’ont pas été sanctionnés et que les victimes de viols n’ont reçu aucun soin. Dans un cas au moins, un homme a porté plainte devant les responsables du MNLA qui lui ont promis de prendre des mesures, sans qu’il ait été possible de  savoir si cela  a été le cas. Cet homme, habitant Ménaka,  a  expliqué  à  Amnesty  International :  « Il  s’agissait  d’une  jeune  fille  qui  devait épouser un militaire. Le viol s’est passé avant le coup d’État du 22 mars. Deux membres du MNLA se sont présentés auprès de la famille de cette fille. Ils ont déclaré qu’ils cherchaient des femmes bambaras Cette jeune fille a été enlevée et emmenée en brousse à 24 km de la ville, à Essakane II, où les deux éléments du MNLA l’ont violée. Je suis allé à Gao pour me plaindre personnellement de ce cas auprès du MNLA. Ils m’ont répondu qu’ils allaient les retrouver et que des sanctions seraient prises. ». L’organisation  a  obtenu,  début  mai  2012,  des  informations  indiquant  que  les  viols  se poursuivent notamment dans la région de Ménaka.   4.2 HOMICIDES DÉLIBÉRÉS ET ARBITRAIRES  Des  militaires  maliens  faits  prisonniers  par  les  groupes  armés  ont  été  exécutés sommairement et certains d’entre eux maltraités notamment après la prise d’Aguelhoc, en janvier  2012,  et  ce,  en  violation  de  l’article  3  commun  aux  Conventions  de  Genève qui précise que : « Les personnes qui ne participent pas directement aux hostilités, y compris les membres de forces armées qui ont déposé les armes et les personnes qui ont été mises hors de combat par maladie, blessure, détention, ou pour toute autre cause, seront, en toutes circonstances, traitées  avec humanité, sans aucune distinction de caractère défavorable basée sur la race, la couleur, la religion ou la croyance, le sexe, la naissance ou la fortune, ou tout autre critère analogue ». Lors de sa mission d’enquête au Mali, la délégation d’Amnesty International a rencontré deux militaires maliens qui avaient été faits prisonniers par le groupe Ansar Eddin en janvier 2012 avant d’être libérés dans le cadre d’un échange. Ils ont raconté comment certains militaires avaient été torturés et maltraités, d’autres tués et pour certains égorgés. L’un d’eux a été fait prisonnier le 20 janvier 2012, alors qu’il faisait partie d’un convoi de renforts envoyé soutenir les troupes maliennes assiégées à Aguelhoc. Alors qu’il se trouvait aux  mains  du  groupe  Ansar  Eddin,  il  a  assisté  à  l’offensive  contre  le  camp  militaire d’Aguelhoc : « Devant nous, un des responsables d’Ansar Eddin a adressé un message aux militaires leur ordonnant de quitter le camp dans les trois jours. Le troisième jour, vers 6h le matin,  ils  ont  commencé  à  bombarder  le  camp.  Quatre heures  plus  tard,  les  militaires n’avaient plus de munitions et ils se sont rendus. Environ 95 militaires ont été arrêtés. Il n’y a  pas  eu  de  résistance.  Mes  camarades  ont  été  attachés  et  les  islamistes  ont  dit  qu’ils allaient  les  égorger  pour  montrer  ce  qu’ils  font  aux  « kafr »  [mot  arabe  qui  désigne  les infidèles]. On  m’a  dit  que  ceux  qui  ont  résisté  ont  été  fusillés  et  que  d’autres  ont  été égorgés. »                      Le  deuxième  militaire  avec  lequel  Amnesty  International  s’est  entretenue,  a  été  fait prisonnier  lors  d’une  embuscade  à  Tilemci  (à  60  km de  Tessalit)  mi-janvier  2012.  Il  a raconté à Amnesty International : « Au moment de notre arrestation, les  rebelles ont déclaré qu’ils  étaient  des  islamistes.  Ils  nous  ont  bandé  les  yeux  et  nous  ont  conduits  vers  une destination inconnue dans les collines du désert, à plus de sept heures de route de là. Nous étions au nombre de 175 militaires et 15 Tamasheks [Touaregs] de la Garde nationale. Nous avons été obligés de faire des corvées : creuser des puits, construire des WC, clôturer le lieu. Trois mécaniciens parmi les détenus ont été appelés pour réparer un véhicule. Le lendemain, ils ont été attachés, mains dans le dos, pieds liés, et battus à coups de crosses et de bâtons durant 15 minutes au motif que le véhicule n’avait pas été correctement réparé.  Les rebelles étaient composés de Touaregs et d’Arabes. Ils nous ont soumis à des séances de conversion à leur conception de l’Islam. Ils portaient des boubous et des pantalons qui arrivaient  à  la hauteur du tibia. Parmi eux se trouvaient des jeunes de douze à dix-sept ans. » Un civil touareg, habitant Aguelhoc, a raconté à Amnesty International : « Quand les rebelles sont arrivés dans la ville, ils ont demandé aux habitants de partir en brousse. Ils sont ensuite montés sur la toiture de certaines maisons pour tirer sur la caserne, puis ils sont entrés dans le camp. Certains militaires ont péri les armes à la main, d’autres ont été pris et égorgés au portail  du  camp.  Deux  de  mes  parents  ont  été  tués, le  sergent  Iljimit  Ag  Sidi  et  Ag Ghatari. Avant l’attaque du camp, au moins trois Touaregs ont été arrêtés par l’armée. L’un s’appelle Tikarikar, l’autre est un commerçant du nom de Haballa Ag Agaly, et je ne connais pas le nom du troisième. » Des photos de soldats fait prisonniers à Aguelhoc et égorgés ont ensuite été diffusées sur Internet provoquant l’indignation de parents de militaires. Les autorités maliennes ont accusé le  MNLA  qui  a  nié  toute  responsabilité  dans  cet  acte  et  a  crié  à  la  manipulation.  Une commission  spéciale  d’enquête,  composée  d’officiers  supérieurs  des  forces  armées  et  de sécurité,  a  été  mise  en  place.  Elle  a  remis  son  rapport  au  président  de  la  République, Amadou Toumani Touré, le 22 février 2012. Cette commission d’enquête a conclu que des    « combattants de l'armée malienne désarmés ont bien été arrêtés, ligotés les mains au dos avant  d'être  froidement  abattus  ».  Lors  de  leur  mission,  les  délégués  d’Amnesty International ont fait une demande auprès du ministère de la Justice afin d’avoir une copie du rapport de cette enquête, sans obtenir de réponse. Un autre témoin a fait état de soldats égorgés par des groupes armés lors de la prise de Gao. Un responsable politique de cette ville, a dit à Amnesty International : « Lorsque la ville a été prise, j’étais recherché et j’ai pu quitter la ville avec un turban sur la tête. J’ai vu dans les rues des soldats morts, certains égorgés. »  D’autres civils et militaires ont été tués en dehors des combats. Un Touareg ayant trouvé refuge  au  Niger  a  raconté  à  Amnesty  International  comment  cinq  personnes  avaient  été exécutées par un groupe armé : « Le 2 avril, j’étais non loin du campement de Takalot [50 km au sud de Kidal] quand des membres d’un groupe armé sont arrivés. Ils ont demandé où se  trouvait  le  propriétaire  du  véhicule  qui  était  garé  devant  nous.  Une  des  personnes  présentes a répondu qu’elle était le propriétaire du véhicule. Ils ont arrêté cinq personnes : Amouata Ag Mohamed, un policier, Hamada Ould Maoued, membre de la garde nationale, Ghaly Ag Mbarkoua, un militaire, Baye Ag Mohamed et Moussa Ag Inasoum, un civil. Aucun d’entre eux ne portait d’uniforme. Ils ont été emmenés à Tidjidar, à quelques kilomètres de là, et ont été exécutés. »  Ce témoin a indiqué que ce même groupe a tiré sur un campement situé sur la route de Tidjidar et Habrek. Les habitants ont fui, y compris une femme enceinte qui a été atteinte par balle et est morte sur le coup. 4.3 ENFANTS SOLDATS Amnesty International a recueilli plusieurs témoignages faisant état de la présence d’enfants soldats dans les rangs des groupes armés touaregs et islamistes dans les trois grandes villes du nord ainsi qu’au sein de la milice arabe de Tombouctou. Une personne déplacée ayant fui la région de Tessalit a indiqué à Amnesty International : « Les  combattants  armés  étaient  composés  de  Touaregs et  d’Arabes  et  parmi  eux  se trouvaient des jeunes de moins de dix-sept ans, certains âgés d’à peine de douze ans ». Un personne originaire de Kidal a dit à Amnesty International qu’il avait vu « des enfants avec des armes, certains portaient des uniformes, d’autres de larges chemises ». Une mère de famille, originaire de Gao, a indiqué à Amnesty International : « J’ai vu des  enfants encore plus jeunes que les miens [qui ont seize et quatorze ans] se promener armés en voiture. D’autres étaient postés à l’entrée et à la sortie de la ville, sur les checkpoints. »       Des personnes déplacées originaires de Tombouctou ont également signalé la présence de nombreux enfants soldats dans les rangs de la milice arabe de la ville. 4.4 IMPOSITION DE NOUVEAUX COMPORTEMENTS AUX POPULATIONS DU NORD ET EXACTIONS COMMISES PAR ANçAR DINE ET PAR AQMI De nombreux témoignages font état de pressions exercées par des membres du groupe Ansar Eddin sur les populations afin que celles-ci changent de comportement, conformément à leur interprétation fondamentaliste de l’islam.                                                                                      Des règles vestimentaires ont ainsi été imposées à la population. Une personne déplacée, originaire de Kidal, a raconté à Amnesty International : « Avant, les femmes ne se couvraient pas la tête, seulement les femmes âgées le faisaient. Maintenant, toutes les femmes et les jeunes filles ont l’interdiction de porter des jupes laissant apparaître les jambes et de porter des tresses avec des rajouts de cheveux. Elles sont obligées de sortir voilées et de porter des chaussettes  pour  cacher  leurs  pieds.  Les  hommes  doivent  raccourcir  leurs  pantalons  au niveau du tibia pour montrer leurs chevilles ». Un  homme  originaire  de  Tombouctou  a  raconté : « Ansar  Eddin  a  fait  diffuser  des communiqués  sur  la  radio  Bouctou [radio privée de la ville de Tombouctou].  Ils  disaient qu’ils étaient venus pour appliquer la Charia, la loi de Dieu et ont interdit aux hommes de porter des bracelets et des bagues, de boire de l’alcool, de fumer des cigarettes et de se raser la  barbe. » De  plus,  des  informations  indiquent  que  seule  la  diffusion  de  musique  religieuse  est autorisée. Ainsi, des boutiques de musique avec haut-parleurs ont été fermées. À Gao, tous les bars et débits de boissons alcoolisées auraient été interdits et, à Kidal, le groupe Ansar Eddin a détruit un night club dont le propriétaire a dû fuir.                                                        Par  ailleurs,  ce  groupe  veut  régenter  les  rapports entre  les  hommes  et  les  femmes  en interdisant à des personnes de sexe opposé non mariées de s’asseoir côte à côte dans le bus ou  de sortir ensemble dans la rue. Une personne déplacée, originaire de Kidal, a raconté :               « Le  6  avril,  après  la  prière  du  vendredi  à  la  mosquée,  des  membres  d’Ansar  Eddin  ont déclaré que tout homme et toute femme en train de poser un acte, par exemple se tenir par la main, se parler, seront arrêtés et traités selon la Charia ».                                               Par  ailleurs,  le  groupe  Ansar  Eddin  cherche  aussi  à  interdire  la  lecture  d’ouvrages jugés contraires à l’Islam. Plusieurs personnes déplacées, originaires de Tombouctou, ont déclaré à Amnesty International : « Les gens d’Ansar Eddin nous ont dit que certains livres se trouvant à l’Institut Ahmed Baba [qui a collecté plus de 18 000 manuscrits, dont certains datent de l’époque préislamique] n’étaient pas conformes avec l’Islam et que les musulmans devaient se référer aux livres qu’eux-mêmes avaient apportés. » Le 4 mai 2012, des membres d'AQMI, appuyés par Ansar Eddin ont profané le mausolée du saint musulman Sidi Mahmoud Ben Amar à Tombouctou et ont promis de brûler d’autres mausolées, afin de mettre fin au culte des saints, jugé non conforme à l’Islam. Ce mausolée est un des nombreux symboles de Tombouctou. Cette ville est connue sous le nom de « cité des 333 saints » et est inscrite au patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO. L’imposition  de  ces  nouveaux  comportements  s’est  accompagnée  d’intimidations  et  de violences physiques, y compris d’homicides arbitraires et délibérés.  Afin  de  vérifier  que  ces  préceptes  sont  bien  suivis,  Ansar  Eddin  a  mis  en  place  des patrouilles notamment à Tombouctou. Un habitant de la ville a expliqué que ces patrouilles vérifiaient si « les gens ont des comportements indécents. Ils interpellent les gens pour leur expliquer comment avoir un bon comportement en termes de tenue et de conduite. » Début avril 2012, à Tombouctou, trois membres d’Ansar Eddin ont demandé à une femme qui  portait un pagne et un T-shirt de s’habiller selon leurs préceptes. Ils lui ont reproché d’avoir des rajouts dans les cheveux. L’un d’entre eux lui a ensuite coupé les tresses avec une  paire  de  ciseaux.  Ils  lui  ont  donné  de  l’argent  afin  qu’elle  s’habille  d’une  façon « décente » et lui ont demandé d’acheter un voile intégral. À Gao, peu après la prise de la ville, début avril 2012, un homme qui a été dénoncé pour avoir  consommé de l’alcool a reçu une quarantaine de coups de bâton. Ansar Eddin cherche à faire régner l’ordre. Une habitante de Gao a raconté : « Cinq jours  après la prise du contrôle de la ville par les rebelles, un car a été arrêté à la sortie de la ville par des hommes en armes. Un des occupants du car a alors composé le numéro communiqué par Ansar Eddin. Ils sont arrivés immédiatement sur les lieux, ils ont tiré sur les braqueurs, un a été blessé, un a pris la fuite, un troisième a été arrêté et égorgé. » Par ailleurs, le droit à l’éducation a été gravement mis en cause dans le nord du pays par les groupes armés Ansar Eddin et par AQMI.                                                                              Une personne déplacée, originaire de Kidal, a dit à Amnesty International : « Avant le début de  la  rébellion  en  janvier  2012,  les  écoles  se  trouvant  en  brousse  à  Intadeni,  Essouk  et Aguelhoc ont été fermées sur ordre d’AQMI. Après la prise de Tessalit, toutes les écoles ont été fermées et le centre pédagogique de la ville a été pillé. On a demandé aux enseignants travaillant  en  brousse  d’abandonner  leurs  postes.  À  Kidal,  les  écoles,  le  lycée  et  les bibliothèques ont été brûlées et saccagées et seules les deux medersas [écoles coraniques] ont été épargnées. » Ces fermetures d’écoles, qui sont intervenues dans la région de Kidal notamment, avant le début  de  la  rébellion,  ont  fait  l’objet  de  rapports  qui  ont  été  transmis  au  ministère  de l’Éducation,  mais  le  gouvernement  malien  ne  semble  pas  avoir  pris  de  mesures  afin  de garantir le droit à l’éducation dans ces zones du nord du pays. Ces  attaques  contre  les  écoles  semblent  provenir  de  la  volonté  de  lutter  contre l’enseignement du français et contre la mixité entre garçons et filles. Ce sont les éléments d’AQMI qui s’en sont pris les premiers au système scolaire malien. Une personne originaire de Tombouctou a raconté à Amnesty International : « Depuis 2008, AQMI a envoyé plusieurs mises  en  garde  aux  enseignants  leur  interdisant  d’enseigner  le  français  au  profit  du seul arabe ». De même, des éléments d’AQMI ont commencé à la même époque à exiger la séparation des filles et des garçons à l’école, dans la région d’Agounni, à 20 km de Tombouctou. Il semble que  ce  principe  soit  maintenant  adopté  à  Tombouctou.  Cette  interdiction  de  la  mixité  à l’école risque de remettre en cause tous les efforts de scolarisation des filles.

 Index: AFR 37/001/2012  Amnesty International mai 2012

EXTRAIT DU RAPPORT DE LA FIDH ET DE L’AMDH SUR LE MNLA ET ANSARDINE La FIDH et son organisation membre au Mali, l’AMDH, publient ce jour un rapport d’enquête sur les crimes internationaux perpétrés dans le Nord du Mali par les groupes armés islamistes et du MNLA depuis le début de leur offensive mi-janvier 2012. La FIDH et l’AMDH s’inquiètent vivement de la poursuite des exactions au Nord du Mali qui pourraient constituer des crimes contre l’humanité et appellent la communauté internationale à intensifier ses actions pour rétablir des institutions légitimes à Bamako et accélérer la transition politique, seule façon d’être en mesure de faire cesser les crimes internationaux perpétrés en tout impunité sur les populations civiles du Nord-Mali. «  Ce rapport présente l’enquête et les témoignages recueillis au Nord-Mali qui démontrent que des dizaines de viols, des exécutions sommaires et des pillages systématiques ont été commis lors de la prise des grandes villes du Nord par les groupes armés » a déclaré Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH. « Les populations civiles du Nord Mali après avoir été victimes des violences du MNLA subissent aujourd’hui l’arbitraire et les brimades des islamistes armés qui imposent l’inacceptable et détruisent des symboles de l’histoire de l’humanité » a-t-elle ajoutée. Le rapport présente des témoignages et des informations vérifiées sur la campagne de viols perpétrée à Gao et à Tomboctou dès la prise de ces villes par les membres du MNLA. Ainsi, l’enquête a permis d’identifier environ 50 cas de viols et autres crimes sexuels contre des femmes, dont de nombreux cas de filles mineures. Les groupes islamistes eux aussi ciblent les enfants pour les recruter en tant qu’enfants-soldats. Des dizaines de cas ont été documentés par nos organisations qui s’inquiètent de la vague de recrutement menée en ce moment par Ançar Dine alors que des enfants de 12 à 15 ans seraient actuellement dans leurs camps d’entraînement à quelques kilomètres de Gao. L’enquête revient aussi sur l’exécution sommaire de 153 militaires Maliens faits prisonniers et exécutés, compris à l’arme blanche, par les rebelles touaregs et islamistes à Aguelock le 24 janvier 2012. « Ces exactions sont des infractions graves au droit international humanitaire que nous avons analysées comme constitutives de crimes de guerre et possiblement de crimes contre l’humanité, et qui en tout état de cause relèvent de la compétence de la Cour pénale internationale » a déclaré Me Patrick Baudouin, responsable du Groupe d’action judiciaire de la FIDH. L’AMDH et la FIDH ont recensé des dizaines d’exécutions de prisonniers de guerre, exécutions sommaires et extra-judiciaires, de viols et autres crimes sexuels, des recrutements d’enfants-soldats, de prise d’otage, des détentions arbitraires, des pillages et des destructions de biens, en particulier des biens culturels et des lieux de cultes de valeur inestimable. Toutes ces exactions ont été perpétrées au cours des quatre mois de conquête du Nord-Mali par les forces conjuguées touaregs du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), et islamistes d’Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), Ansar Dine (Défenseur de l’islam) et du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), et dans une moindre mesure par les groupes d’auto-défense et les militaires de l’armée malienne. « Alors que les destructions des mausolées par les islamistes ont repris à Tombouctou, le Mali n’a ni la capacité de faire cesser tous ces crimes et encore moins la capacité judiciaire de poursuivre et juger leurs auteurs » a déclaré Me Moktar Mariko, président de l’AMDH. Alors que s’ouvre le sommet des chefs d’État de l’Union africaine (UA) à Addis Abeba, la FIDH et l’AMDH proposent une série de recommandations, au gouvernement malien de transition et à la communauté internationale pour qu’ils soutiennent activement la feuille de route de la CEDEAO visant à mettre en place au Mali, un gouvernement d’union national et au plan international, une force africaine de sécurisation. « Pour stopper les crimes de guerre au Nord-Mali, il faut non seulement un gouvernement plus légitime à Bamako mais aussi un soutien du reste de la communauté internationale aux États africains de la région qui tentent de trouver la solution au problème malien » a déclaré Me Sidiki Kaba, président d’honneur de la FIDH. « Sans une normalisation du régime au sud, pas de solution rapide pour le Nord. Dans cette perspective, le sommet de l’UA et l’action du Conseil de sécurité des Nations unies ces prochaines semaines seront décisives. Pendant ce temps les populations civiles du Nord sont sous l’emprise des groupes islamistes armés radicaux et rétrogrades » a-t-il ajouté

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