Tout porte à croire que les jours de l'équipe gouvernementale du Dr. Cheick Modibo Diarra sont comptés. Décrié dans les rangs de la classe politique comme de la société civile, le Gouvernement éprouvait déjà de la peine à se défaire des préjugés et à se faire accepter dans l'opinion. Ses chances de résistance sont désormais davantage réduites, parce qu'à son manque de légitimité s'ajoutent des accointances avec la junte militaire, qui lui ôtent toute crédibilité aux yeux de la communauté internationale. En plus de la dissolution du CNRDRE, la CEDEAO, l'UA et l'ONU exigent désormais un gouvernement d'union nationale tel que préconisé dans l'Accord-cadre.
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La médiatisation du retour progressif de la Banque Mondiale et d'autres partenaires techniques et financiers n'est que trompeuse et cache mal le grand malaise qui affecte l'équipe gouvernementale actuelle. Celle-ci continue de trainer comme un boulet son mal congénital : la tendance à la restauration, la destruction des acquis démocratiques, puis sa complicité avec la junte.
Ces syndromes n'ont en tout cas pas échappé à la vigilance de partenaires internationaux au chevet du Mali, depuis que le coup de force du 22 Mars a eu raison de son intégrité territoriale, brisé son élan socio-économique et l'a ravalé au rang des communautés barbares. Ainsi, à la faveur de leurs retrouvailles d'Abidjan sur la crise malienne, il y a une semaine jour pour jour, la CEDEAO et ses partenaires, en l'occurrence l'Union Africaine et l'ONU, n'y sont pas allés par le dos de la cuiller. En plus de leur exigence d'une dissolution sans condition de la junte militaire de Kati, la réunion tripartite en a profité également pour exprimer les méfiances que lui inspire l'attitude très confuse du Gouvernement dirigé par le Dr. Cheick Modibo Diarra. Son équipe est certes le fruit d'une médiation conduite par l'une des trois entités, notamment la CEDEAO, mais il n'en demeure pas moins que sa configuration actuelle est fortement récusée par la communauté internationale. Elle l'a clairement indiqué dans les conclusions de la rencontre d'Abidjan où, au détour de la nécessité d'une connexion étroite et d'un dialogue entre le gouvernement et les composantes de la nation malienne, elle a signifié que l'actuelle équipe ne répond pas aux besoins d'un renforcement de l'unité nationale. ''Il s'agit (…) de mettre en place un gouvernement inclusif et plus représentatif, en vue de bâtir le consensus le plus large possible pour permettre au Mali de relever les défis existentiels auxquels il est présentement confronté'', en a conclu le trio CEDEAO-UA-ONU, à l'issue la rencontre d'Abidjan où la question malienne a été évoquée de fond en comble, y compris pour les défis de reconquête de son intégrité territoriale. On peut en déduire, en se référant à cette exigence, qu'il annonce naturellement le requiem de l'équipe du Dr. Cheick Modibo Diarra qui, selon toute évidence, ressemble à tout sauf un gouvernement d'union nationale. Retenu chef du gouvernement avec la bénédiction de la junte et sur plusieurs choix possibles, l'ancien navigateur de la NASA aura déçu en choisissant comme collaborateur des personnalités triées pour une large majorité pour leur proximité avec la famille de l'ancien dictateur, le Général Moussa Traoré. Ce n'est apparemment pas l'unique raison pour laquelle le Gouvernement actuel s'est retrouvé dans e collimateur de la communauté internationale. Toutes proportions gardées, ses accointances avec la junte putschiste, à laquelle son premier responsable fait allégeance tête baissée, en est sans doute pour beaucoup, et pour cause. Depuis son installation en violation flagrante des orientations contenues dans l'accord-cadre, l'équipe du Dr Check Modibo Diarra ne semble ménager aucun effort pour poser chaque acte dans le sens du confort de la soldatesque de Kati. Il en a été ainsi pour l'intervention militaire de la CEDEAO pour lequel il constitue un obstacle à peine voilé, tout comme des interférences politiques de la junte visiblement cautionnées par le Gouvernement. S'y ajoute par ailleurs la partition très suspecte de la même équipe gouvernement dans l'agression du président de la République, ainsi que son refus tacite de collaboration dans l'identification des auteurs du forfait. Toutes choses qui n'ont guère échappé à la vigilance de la communauté internationale et qui apparaissent en filigrane dans les conclusions des travaux du groupe de soutien et de suivi sur la situation au Mali du Conseil de Paix et de Sécurité de l'UA réuni à Abidjan, la semaine dernière, sous les auspices de la CEDEAO et des Nations Unies.
A.Keïta