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Le programme du Festival international du Sélingué comportait aussi des conférences-débats sur divers thèmes dont celui de la problématique de la paix et réconciliation. Développé par l’ancien Premier ministre, Ahmed Mohamed Ag Hamani, ce thème a donné lieu à un échange riche entre de nombreuses personnalités comme le représentant de la CEDEAO, Abdoulaye Ball, le maire de Baya Magatte N’Diaye et l’ancien directeur de l’ORTM, Baba Daga
Pour notre pays qui vient de sortir d’une crise sans précédent et en cette période post conflit, le thème de la paix et de la réconciliation est d’une actualité brûlante. Pour tourner définitivement les pages douloureuses de notre histoire récente, il est capital pour l’Etat, selon Ahmed Mohamed Ag Hamani, de réunir les conditions optimales pour restaurer la paix et promouvoir la réconciliation.
Dans cet ordre d’idées, l’ancien chef du gouvernement a salué des initiatives comme l’organisation du festival de Sélingué. Selon lui, la culture est un levier efficace pour la réconciliation et la paix. « En plaçant le présent festival sous le signe d’un thème brûlant au Mali, les organisateurs apportent le témoignage éloquent de l’importance inestimable de la culture dans la résolution des plus graves crises que connaissent les peuples, les Etats et les nations à travers leur histoire », a-t-il indiqué.
Pour Ahmed Mohamed Ag Hamani, l’exception malienne est constituée par la richesse de notre culture de paix et d’hospitalité. Le « djatigiya », la convivialité, la cohabitation pacifique et le vivre ensemble ont résisté à l’usure du temps et aux vicissitudes des époques modernes. C’est pourquoi, dira le conférencier, ce festival apportera un plus à la compréhension des problèmes que connait le Mali, notamment « des rébellions cycliques et endémiques du peuple touareg, opposé à la domination de toute autre ethnie ».
Ag Hamani a défini la paix comme un état de tranquillité générale se traduisant par l’absence de querelles et de troubles, permettant la pleine liberté de circulation des personnes et des biens dans un espace donné ainsi que l’absence de violence. Quant à la réconciliation nationale ou la réconciliation des peuples, elle résout une situation de rupture du climat d’entente entre les composantes d’une même nation.
Pour lui, la première condition pour le rétablissement d’un climat de paix réelle et de réconciliation est l’existence d’un environnement de sécurité égale pour tous. « Tous les détenteurs d’armes sont à désarmer systématiquement dans les conditions définies par la loi, car seul l’Etat doit avoir le monopole de la violence », a-t-il tranché. Avant d’ajouter qu’il est paradoxal, voire inacceptable que les milices armées dites d’autodéfense, constituées sur une base ethnique et hors-la-loi, opèrent impunément aux cotés de l’armée républicaine. Comme conditions à réunir pour l’instauration de la paix, l’ancien Premier ministre a cité entre autres la présence effective de l’administration sur tout le territoire, la pratique d’une justice impartiale, l’éradication de la corruption et du népotisme. Mais aussi, le retour sécurisé et diligent des déplacés et des réfugiés dans leurs sites de résidence habituelle en plus de la remise en place rapide des circuits de développement.
Spécifiquement, par rapport au cas du Nord du Mali, Ag Hamani estime qu’il faut restaurer la paix et promouvoir la réconciliation. Pour ce faire, il faut trouver un terrain d’entente avec les hommes armés à travers, entre autres des accords et pactes. Cela permettra de les cantonner, de les désarmer et de leur donner des occupations. « Tant qu’il y aura des armes qui circulent partout dans le pays, sans contrôle, il n’y aura pas de paix », a-t-il conclu.
A. D. SISSOKO
Envoyée spéciale