Le monde vu de Bamako: Paris jubile, Bujumbura enterre

Déc 13, 2015 - 18:50
Déc 13, 2015 - 16:04
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Le monde vu de Bamako: Paris jubile, Bujumbura enterre
PARIS RESTE UNE FÊTE. Oui, le petit marteau vert de Laurent Fabius a réussi le miracle: mettre d'accord 195 pays qui s'affrontent pour quatre enjeux. Les pays en développement craignant de passer à leur détriment par la camisole de force de la neutralité carbone et exigeant une réparation financière conséquente aux grands pollueurs; les producteurs d'énergie fossile cherchant à échapper  à la diète de l'hygiène anti effet de serre; les pays émergents qui voient dans la soudaine psychose de la catastrophe environnementale une ruse capitaliste pour les maintenir au stade préindustriel; et enfin quelques grandes nations marchandes plus préoccupés par l'amoncellement des bons de commande que par l'épaisseur de la couche d'ozone. Paris n'était donc pas évident  même si entre Rio 92 et la Cop 21, les cataclysmes dus à nos modes de production, en particulier ceux des pays nantis avaient amené le monde à prendre conscience à un niveau sans précédent de la voie suicidaire dans laquelle elle avançait. Alors il faut se congratuler? Oui si l'on sait que l'accord de Kyoto ne concernait qu'une quarantaine de pays et qu'il a été moqué par des pays qui, a défaut d'être des locomotives de la Conférence de Paris, se sont montrés solidaires de l'accord trouvé. Mais on touche du bois en pensant au sort de tous les grands messes planétaires du passé. La différence et le motif d'espoir étant cette fois-ci que l'humanité s'engage sincèrement, totalement et à des niveaux de responsabilité différents ou  elle sera en train de mettre fin à sa belle aventure. LE PAYS QUI SE CARBONISE. Qui arrêtera la logique meurtrière qui s'est emparée de Bujumbura depuis de longs mois? Près d'une centaine de morts, des dizaines de blessés et de détenus comme on l'a vu ce week-end: c'est clair que le Burundi s'installe dans l'escalade et que la principale victime de cette tragédie silencieuse  sera la population civile, qu'elle soit la chair à canon d'une opposition embusquée et ce serait dommage le cas échéant. Ou qu'elle soit le souffre douleur désarmé d'un État contestable et contesté. il y a sans doute des considérations ethniques. Il y a également l'expression de divergences politiques nées de l'interprétation de la constitution et des Accords d'Arusha. Mais il y a sans aucun doute l'arrogance d'un pouvoir nécrophile sans aucun doute. Et il y a enfin d'une communauté internationale donneuse de leçons toutes ces sanctions inopérantes sur le champ et incapables d'empêcher l'hécatombe. Bujumbura flambera peut être mais personne ne l'emportera au paradis. Surtout l'Union africaine qui avait ces décennies gagné en crédibilité mais qui creuse sa tombe en regardant les Burundais tomber sous les balles de la dictature. Adam Thiam pour Maliweb.net 

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