Parole aux femmes : Nouveau gouvernement : Les femmes minimisées
Le nouveau gouvernement est composé de 24 membres dont seulement 3 femmes. C’est dire que ces femmes ministres auront donc une lourde tâche face à leurs collègues hommes.
Ce partage inégal, que certains ont même qualifié de « discriminatoire », a été dénoncé par bien des femmes après avoir suscité des réactions au sein des associations et organisations féminines et même des politiques. « Parole aux femmes » s’est intéressée au sujet en requérant les avis et impressions de certaines femmes.
-Mme Kadissa Kouréchi, présidente des femmes du CNID-Faso Yiriwa Ton :
Le constat est amer, c’est trop peu, 3 femmes contre 21 dans le nouveau gouvernement. Les femmes ont toujours fait l’objet de discrimination quand il s’agit de postes de responsabilité. Mais quand il s’agit de mobiliser, elles sont très sollicitées. Nous pensions qu’il y aurait plus de femmes dans ce nouveau gouvernement que dans le précédent. Nous avons donc été surprises de constater le contraire. Même si les contextes sont différents, je trouve que c’est très peu. Alors que les femmes se sont toujours battues aux côtés des hommes pour le développement du pays. Un adage le dit : « Derrière chaque grand homme, il y a une femme ». Je pense qu’il ne faut pas minimiser l’apport des femmes dans la construction d’un pays. Ce qui fait que celles-ci ne devraient pas rester en marge.
-Mme Daou Oumou Dembélé, porte-parole des femmes politiques :
Le nombre de femmes dans le nouveau gouvernement est très peu. On n’a pas apprécié. On comprend un peu parce qu’on est dans une situation de crise qui n’honore pas le pays. Au-delà, la femme et l’homme sont complémentaires. Et depuis les temps immémoriaux les femmes ont toujours joué un rôle prépondérant dans le développement du pays. Les gens n’ont pas compris une chose : si une femme occupe un poste de responsabilité, ce n’est pas pour commander des hommes, c’est pour apporter sa contribution à la gestion du pays. La promotion de la femme est très profonde, et la solidarité féminine doit être stricte.
-Mme Traoré Oumou Touré, présidente de la CAFO :
Le Mali a souscrit à tout et s’est engagé à promouvoir l’équité du genre. D’ailleurs, notre Constitution est claire là-dessus : tous les Maliens naissent libres et égaux en droits et en devoirs. Ne pas tenir compte de ces principes dans le choix d’un gouvernement de citoyens et de citoyennes, nous, nous pensons que c’est une violation. Cela ne se comprend pas. Le Premier ministre a d’abord été un président de parti qui, dans ses déclarations de campagne, disait que comme critère de gouvernance, il y a l’équité du genre. Il devrait donc prendre cet aspect en compte. Nous les femmes des organisations féminines, à l’époque, nous avons été très attentives aux différentes déclarations des partis politiques par rapport à cet agenda. Mais dans le choix des membres du gouvernement, nous avons vu que cela n’a pas été un choix soucieux d’équité du genre : 3 femmes sur 24 hommes, nous pensons que c’est peu. Nous avons dénoncé et nous avons écrit une lettre ouverte tout en démontrant que nous sommes très attentives et que nous suivons de près. Mais nous espérons qu’il allait pouvoir se rattraper dans les futures actions parce qu’en effet, le gouvernement est le premier maillon. Mais il y a des structures techniques qu’on doit mettre en place et d’autres mécanismes tels que nous sommes aujourd’hui dans un pays divisé. Il va y avoir des mécanismes de médiation et de résolution de conflits. Nous pensons qu’il doit privilégier les femmes à ces niveaux. Mais le constat est très clair : les femmes ne sont pas très à l’aise. Nous pensons qu’il allait pouvoir le corriger.
-Mme Assétou Sangaré, femme politique :
Dans le nouveau gouvernement, c’est appréciable sous différents angles parce qu’il faut reconnaître que nous sommes dans une période cruciale et exceptionnelle. A la lumière des choses, je suis sûre qu’il y a assez de femmes compétentes au Mali, mais pas assez de femmes aussi prêtes à faire certains sacrifices nécessaires. Il ne faut pas oublier qu’au Mali, le contexte de la femme n’est pas facile quand elle est mariée avec des enfants. En tout cas, jusqu’à preuve du contraire, je crois en ce gouvernement et je pense qu’il faut lui donner le temps et le bénéfice du doute nécessaire pour qu’il puisse commencer les missions qui seront les siennes. Particulièrement, les trois femmes qui ont été choisies dans le nouveau gouvernement, je fais confiance en leurs parcours et leurs expériences. Déjà, c’est mieux que rien. On pouvait se réveiller avec sans aucune femme dedans. Cela n’était pas exclu non plus. Au moins, on a trois de nos mères, tantes, sœurs. On va les accompagner en leur faisant confiance dans leur travail.
-Founè, secrétaire :
Trois femmes contre 21 hommes dans un gouvernement, c’est très peu, même si nous sommes dans une période de transition. Cela prouve qu’il n’y a pas de femmes capables pour gérer dans une situation difficile. En plus, c’est une situation qui met en doute l’équité du genre. Alors que les femmes se sont toujours battues pour le développement du pays. Mieux, elles ont toujours mené à bien les missions qui leur ont été confiées dans les postes de responsabilité.
-Yayi Kanté, commerçante :
Je ne maîtrise pas beaucoup ce sujet. Tout ce que je peux dire, c’est que ce soit des hommes ou des femmes, le pays a besoin de gens qui peuvent faire avancer les choses.
Propos recueillis par Salimata Fofana
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