Poème - renaissance

Octobre 2, 2018 - 03:42
Octobre 2, 2018 - 03:42
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La lune a jeté sur le désert une nuit d'éclipse Vêtue de vents de sable de l'apocalypse. Son voile de deuil a sournoisement tétanisé La peur du nord dans des frontières balisées. Les orages fouettent le sud des trois caïmans Et sur le delta vénitien pèse un siège alarmant.   Le Tata éprouvé par de quotidiens déboires Agonise à la lisière du pays de l'ivoire Victime collatérale de tempêtes étrangères Soufflant du lointain septentrion en colère. Et l'angoisse s'épaissit, et la sourde peur Achève d'introniser son pouvoir vainqueur.   Des créatures de l'ombre vêtues d'horribles oripeaux Profanent dans un état second les tombeaux. Les assauts qui défigurent la vitrine des hôtels Les mines qui jonchent des itinéraires mortels L'exercice ubuesque de la sainte religion Sont autant de crimes qui se comptent par légions.   Quels démons aux desseins funestes Sans que nul jamais ne proteste Et quels mauvais oracles sortis des ténèbres Ont pu ainsi envelopper d'un manteau funèbre La terre du soleil et des grands espaces Contrée gratifiée du bonheur en dédicace ?   Et toi, frêle roseau éclos d'un long délire Que le hasard maudit a fait atterrir Dans le labyrinthe du monde lunaire Pièce en plusieurs actes aux accents de binaire Quels malheurs joués à la roulette affolée Ô enfant éperdu, t'ont pris dans leurs filets?   Sombre tableau injure jetée à la face De nos héros défunts giflés de disgrâce Fiers guerriers au courage jamais démenti Braves d'entre les braves jamais soumis Qui du fond de leurs tombes ensommeillées Crient leur désespoir de n'être plus réveillés.   Ombre d'un pays dont les fabuleux récits De conquêtes ont convaincu bien d'indécis Et charmé les têtes couronnées d'Arabie Par les caravanes d'or s'étirant à l'infini Est-ce l'acte final de tous les apogées L'enseigne fatale où toute destinée est logée ?   Se peut-il que les souvenirs d'enfance Ceux des jeux de la belle insouciance Kermesses, bals, longues randonnées Qui fleurissaient dans toutes les contrées Aient déserté subitement fraternité et amour En interrompant de chaque chose le cours?   Cauchemars, soyez dans le néant enfouis! Que l'aube naissante chasse donc la nuit! Que tout ce qu'on a comploté à la perdition Se ressoude par la force de notre obstination! Que ce qui rythme depuis la nuit des temps Recouvre plus forte sa vigueur pour longtemps!   De la sève culturelle revivra le cousinage Enraciné dans le labyrinthe des âges Entre Bambara Sonrhaï DogonTouareg et Peulh. De l'espoir d'une nouvelle aurore encore veule De nouveau, taɣelmust bleus, chapeaux et bonnets S'emmêleront aux Melhfa noirs et boubous amidonnés.   La féminine complicité peulhe et soninké Émergera revigorée d'une paix tronquée Afin que se réunissent de plus belle Lèvres pilées et cicatrices temporelles Que revive la coutume des temps anciens Qu'entre les ethnies se ressoudent les liens.   Oui! Nous nous voulons coupe-coupe acérés Trancheurs de lianes d'entrave invétérés Non pas résignés mais farouchement déterminés À assécher toutes les haines ruminées! Nous serons obstinés conjureurs de sorts Pour briser de tous les maléfices les ressorts!   Oui! Nous serons puissants Bulldozers Redoutables avions de chasse, panzers Essaim d'engins destructeurs, brûlots Pour perpétrer l'infanticide du complot! Alors la délivrance de la dignité retrouvée Effacera à tout jamais l'intrigue réprouvée.   Oui! Mère nourricière, pays plein d'allant La généreuse providence comme avant Te rendra ta fierté et ta noblesse d'antan Redressera le front de ton peuple vaillant Et exhibera ta gloire ressuscitée à tout-venant Ô Mali bien aimé débarrassé de tous les tyrans.   SOULEYMANE YACOUBA SIDIBÉ

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