RCI - La mission commerciale que conduit le directeur général du Port autonome d’Abidjan et président de la communauté portuaire d’Abidjan, Sié Hien, à Bamako, ne pouvait pas mieux commencer. Le président de la Chambre de commerce et d’industrie et président du Conseil économique, social et culturel du Mali, Jamil Bittar, longtemps réfractaire au Port d’Abidjan, a reçu les membres de la délégation ivoirienne à son domicile, samedi, dès leur arrivée dans la capitale malienne.
Et… gâteau sur la cerise, il promet : «Je vais conduire une délégation constituée de la crème des opérateurs économiques maliens en Côte d’Ivoire dans la deuxième semaine du mois de novembre…». Pour qui connaît Jamil Bittar et son attitude jusque-là connue envers la Côte d’Ivoire, on ne peut que dire que la première mission commerciale du nouveau directeur général porte ses fruits avant même d’avoir réellement commencé. Il n’est pas entré dans les détails, mais cet opérateur économique qui a pignon sur rue au pays d’Amadou Toumani Touré, il faut le dire tout net, n’aimait pas le Port autonome d’Abidjan. Avec le sourire, il l’a rappelé avec sa voix fluette, à Sié Hien et ses accompagnateurs : «Le Port d’Abidjan et moi, ce n’était pas le grand amour… J’ai toujours dit à Adama Berthé (le représentant du Port au Mali) que le Port ne m’intéresse pas… En dix ans, je me suis rendu une seule fois en Côte d’Ivoire...». Ce sont des bouts de phrases qui ont fait comprendre à chacun, notamment ceux qui ont eu l’habitude des missions commerciales du Port d’Abidjan à Bamako, pourquoi Bittar ne participait jamais aux rencontres organisées par la communauté portuaire d’Abidjan dans la capitale malienne.Un grand changement !C’est un grand changement qui s’opère donc actuellement chez cet opérateur économique. Mieux, il s’engage à faire en sorte que «la Chambre de commerce et d’industrie (Ndlr : du Mali) joue désormais son rôle». Il va faciliter les relations entre les opérateurs économiques du Mali et «leur port naturel, aux capacités incomparables avec ses concurrents». Le président de la Chambre de commerce et d’industrie et président du Conseil économique social et culturel du Mali est même prêt à emprunter la route pour démontrer que les choses sont revenues à la normale sur le corridor ivoirien. Toutes ces bonnes dispositions parce que «la Côte d’Ivoire est désormais dirigée par des personnes soucieuses du devenir de la Côte d’Ivoire», dit-il, entre autres.Des propos qui ne peuvent que réjouir le directeur général du Port. Son directeur commercial, Séry Léandre, qui a vécu pendant des années au Mali, en temps que représentant du Port, présente Jamil Bittar comme quelqu’un de très écouté dans le milieu des affaires. Et qu’il est convaincu que ce qu’il dit sera suivi par les autres. Le même bonheur se lit sur les visages du directeur de la coopération internationale, Mme Okou Djénéba, du secrétaire général de la Communauté portuaire, Ahiman Lobé et des autres membres de la délégation. Tout le monde est d’accord que la mission commerciale commence bien. Le visage radieux, Sié Hien n’en demandait pas plus. «Cela nous va droit au cœur. Ce qui s’est passé en dix ans n’est qu’un incident de parcours. Soyez rassurés, nous sommes en mission, vous ne serez pas déçus de nous… Dans les mois à venir, nous serons dans la dynamique de résoudre les problèmes», dit-il. Le président de la communauté portuaire a répété ce message devant tous les autres opérateurs économiques à qui il a rendu visite les jours suivants en avant le grand oral qui était programmé hier, à 15h entre sa délégation et les Maliens. Il s’agit de recueillir leurs préoccupations et chercher les moyens d’y faire face. Il l’a dit au président du groupe industriel Madiou Simpara, au président de Sodima, Oumar Niangadou et au vice-président du Conseil malien des chargeurs et président du groupe Gdcm (premier importateur du Mali), Modibo Kéïta. Tous l’ont rassuré qu’ils ne quitteront pas le Port d’Abidjan. En attendant d’entrer dans les détails, ils ont tout de même soulevé leurs préoccupations majeures. Elles sont relatives principalement aux délais de dépotage, à celui de la franchise et aux frais portuaires. Surprise agréable ! L’un des opérateurs, Oumar Niangadou, constate que, ces dernières semaines, il y a une bonne fluidité sur le corridor ivoirien. Cette observation qu’on n’a pas entendue il y a bien longtemps chez les opérateurs économiques de l’hinterland, a fait plaisir au président de l’observatoire de la fluidité routière, Adama Coulibaly. Il est de la mission. Tout comme le directeur général des douanes, Issa Coulibaly qui a rejoint la délégation dimanche.ALAKAGNI HALA (FRATERNITE MATIN, RCI, 19 octobre 2011)
Envoyé spécial à Bamako