Poursuivre ATT pour haute trahison ?«Nous sommes tous coupables !»

Avr 11, 2012 - 18:36
Avr 11, 2012 - 18:23
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La République fonctionnant selon le principe du gouvernement représentatif, la fonction première de l’élection est de permettre aux citoyens de choisir leurs gouvernants et leurs représentants qui rédigeront et voteront la loi en leur nom.              Le Président de la République incarne l’autorité de l’État. Par son arbitrage, il veille au respect du texte constitutionnel et assure le fonctionnement normal des pouvoirs publics et la continuité de l’État. Il est aussi le garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire et du respect des traités conclus par le Mali à l'extérieur. Le Président de la République du Mali n’a donc pas un programme de gouvernement. Il peut avoir une vision qui peut être traduite en programme par la majorité parlementaire et qui sera exécutée par le gouvernement. Or la réalité est tout autre. Au-delà de ses privilèges constitutionnels, le Président du Mali s’efforce de rester seul maître du jeu institutionnel, appuyé en cela par le parti  politique majoritaire à l'Assemblée nationale. L’Assemblée nationale L'assemblée nationale est constituée par les représentants du peuple malien. Elle vote et amende les projets de loi du gouvernement ou les propositions de loi des députés de tous bords. Son président est en place pour toute la durée de la magistrature. Notre assemblée n'est-elle composée que de députés Godillot? Un godillot : c'est ainsi qu'on appelle un représentant élu du peuple qui va se présenter aux débats en séance parlementaire, mais ne va y participer que de façon mineure dans le seul objectif de voir voter, par le Législatif, exactement ce que l’Exécutif souhaite, au mépris de la séparation des pouvoirs établie par la Constitution. Réellement, nos députés  se limitent en arène à ce qu’ils ne prêtent aucune attention au fond des débats et, sans tenir compte d’aucune des argumentations prononcées, se contentent d’invectiver occasionnellement l’opposition sur la forme et de voter, en général à main levée, en accord avec les avis du gouvernement. Mais vu le fonctionnel des députés à l’Assemblée nationale, on peut dire que le système « tue » le Parlement car les représentants du peuple ne font que de la figuration. Alors, comment faire vivre l’opposition et le débat démocratique ? Les députés Les députés sont principalement élus pour voter les lois et contrôler les dépenses publiques. Le mandat d'un député consiste avant tout à représenter autant les citoyennes et citoyens qui l'ont élu. Avec une rémunération vingt fois supérieure au salaire minimum garanti au Mali (SMIG), les députés incarnent la catégorie socioprofessionnelle la mieux payée. Mais considérant l'ignorance des uns et le mépris des droits des citoyens par d'autres, ces parlementaires ont causé les malheurs de la population en cautionnant la corruption du gouvernement. Le peuple n'a-t-il pas été trahi par ses représentants? Dans la pratique, le gouvernement propose des lois, l'opposition fait son travail de « guérilla », mais malheureusement, les lois sont votées par les députés déjà corrompus par le Chef suprême. L'Assemblée nationale exerce normalement un contrôle de l'action gouvernementale. Mais quel contrôle peut exercer une majorité aux ordres? Avec des députés  outrageusement   dominés par ATT, l'assemblée nationale n’est qu’une simple caisse de résonance, une machine à approuver aveuglement les décisions du gouvernement et à adopter ses projets de loi. Mais il suffit que le gouvernement d'ATT propose  n'importe quelle loi pour que cette assemblée aux ordres la vote « bras et pied levés ». La dramatique défection des députés nous a conduits aujourd'hui à un coup d'Etat et nous a mis dans une situation difficile. Cette attitude de nos députés est lamentable. Ils ont tous peur d'être admonestés par le « Grand Chef ». S'ils avaient pris toutes leurs responsabilités, peut-être que nous n’en serions pas là. Le principe même de représentation nationale est mis en cause car cette pratique rend le pays ingouvernable, et l’on se demande encore si elle est d'une quelconque utilité. Au cours de leurs séances, les députés, le cou cerné de leurs écharpes tricolores, se  livrent le plus souvent à des débats vides de tout sens et à de faux coups d’éclat. Si bien qu’on en arrive à se demander : à quoi sert  l'assemblée nationale dont les députés n'ont ni le courage de leurs opinions, ni le respect de celles de leurs électeurs? Le peuple Le peuple, c’est l'ensemble des citoyens d'une Nation. Ainsi, l’élection est une délégation de Souveraineté. Au sein d’une société organisée, elle constitue une « coquille de sécurité ». En effet, les citoyens ont le devoir d'élire  leurs candidats. Aussi, ils ont le pouvoir d'exprimer régulièrement leur mécontentement ou leurs besoins, sans passer par des modalités de violence. Or depuis l'instauration de la démocratie au Mali, nous avons toujours assisté à des fraudes massives de tous les partis, sans exception. Les organisations qui se disent défenseuses  des causes du peuple ne peuvent  s'attaquer qu'aux  faibles, comme les  femmes et leurs droits. Souvenons-nous du problème du « Code des personnes et de la famille » : nous avons vu comment la population est descendue avec rigueur  dans la rue. Mais pourquoi autorisons-nous sans broncher les différentes injustices appliquées par nos responsables  au vu et au su de tout le monde? Prenons le cas de Diawara de la BHM. Où se trouvait l'Association malienne des droits de l'homme (AMDH) lorsque le ministre de la Justice interrompait  la  décision  contre l'arrêt de la Cour suprême ?  Depuis l'instauration de la démocratie au Mali, les différentes administrations n’ont jamais  pu installer un seul acte d’indépendance par rapport à l’institution du Président de la République. Depuis janvier, les attaques des rebelles ne cessent de s'accentuer au Nord.  Jusqu'au jour  du putsch le 22 mars, personne n'a daigné  bouger le  petit doigt ! Un constat amer! Pourtant, la Presse a donné l'alerte, ce qui a valu aux médias la stigmatisation de nos dirigeants, tout en créant une confusion totale dans le pays. Il est temps de dire « STOP ! » Prenons nos responsabilités et arrêtons de jouer à l'individualiste. Nous devrons le reconnaitre et le dire tout haut : « Nous sommes tous coupables ! ». Il faut  savoir que selon  la Constitution, autant le Président de la République peut dissoudre l’Assemblée nationale, autant cette dernière dispose de moyens juridiques pour mettre fin à la vie du gouvernement. Ce n'est pas pour la bagatelle que le Premier ministre soumet sa Déclaration de Politique Générale (DPG) à la censure de l'Assemblée nationale. Le peuple malien devra garder  l'œil sur les agissements de nos politiciens. L'Assemblée nationale  a un immense pouvoir qui peut aller jusqu'au renversement du gouvernement en adoptant une motion de censure à la majorité absolue. En conséquence, prenons cette puissance pour exprimer nos mécontentements au lieu de passer par le scénario d'un coup d'Etat pour l'adopter. La dignité de l'Assemblée nationale, qui doit être une maison de dialogue, n'est aujourd'hui autre qu'un lieu de rendez-vous pour converser. Les députés ne font qu'exécuter des ordres, dans la mesure où tout est décidé à l'avance à Koulouba. Il faut faire en sorte que l'on évite de créer dans l'avenir une simultanéité entre la majorité présidentielle et la majorité représentative. Concertons-nous, sans nourrir de haine, pour  passer à autre chose qui ne doit être en priorité que l'avenir du Mali. Mettons à plat la politique du pays en restaurant  toutes les pièces défectueuses de la machine démocratique déjà construite et en renouant avec une bonne base afin que les réclamations des citoyens soient  désormais fondées sur des principes simples et incontestables. Orientons-nous   toujours vers un maintien et un respect de la Constitution, ce qui fera le bonheur de tous. Neïmatou Naillé Coulibaly

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