L’ADEMA et l’URD dans les régions, le RPM serein, le CNID silencieux, les autres partis invisibles. Telle est la situation qu’on constate au niveau de certains partis politiques de la place. C’est que l’élection présidentielle d’avril prochain sera un grand tournant dans la vie politique malienne, surtout que le Président sortant n’est pas candidat en raison d’une disposition constitutionnelle qui limite le mandat présidentiel à deux.
Les « dauphins » se bousculent donc pour la succession d’ATT et la lutte est engagée entre Dioncounda Traoré de l’ADEMA-PASJ, Soumaila Cissé de l’URD, Ibrahim Boubacar Keïta du RPM, Me Mountaga Tall du CNID-FYT et l’indépendant Modibo Sidibé. Mais jusqu’à présent, le Président ATT s’est bien gardé d’afficher le moindre soutien à un quelconque candidat. Ce qui n’empêche pas les dirigeants des partis en vue de disposer de stratégies de précampagne et de conquête du pouvoir. Le premier à « ouvrir le bal » de la précampagne est le parti de la « poignée de mains » de Younoussi Touré qui a déjà presque fait le tour des régions du pays avec ses différentes conférences régionales. Mais sur le terrain de la précampagne, ces formations politiques ont des stratégies de conquête du pouvoir, pas possible. Ainsi le premier à ouvrir le ballet de la précampagne est le parti de la poignée de mains de Younoussi Touré. En effet le parti a déjà fait le presque le tour de tous les régions du Mali avec ses différentes conférences régionales. De Gao à Mopti en passant par Tombouctou, Kayes, Koulikoro et bientôt Ségou et Sikasso, le parti avec leur candidat Soumaila Cissé ont déjà communiés avec ces différentes populations. Tel est le spectacle carnavalesque qui règne à chaque conférence régionale de l’Urd dans les différentes régions du pays visité. On promet la victoire à ce dernier, en retour, il promet une nouvelle gouvernance du pays et apporter des solutions aux différents maux de ses régions. En plus de ces conférences régionales, la jeunesse du parti, elle aussi est sur le terrain. Galvanisant la jeunesse des différentes régions du pays, avec une mention spéciale, le téléthon pour payer la caution de leur candidat à la présidentielle prochaine. Les femmes du parti ne sont restées en marge à cette démarche. Elles organisent à travers le mouvement national des femmes des sorties sur le terrain et des forums. Après de longs moments de torpeur, le Parti va enfin pouvoir jauger sa force politique à travers cette élection présidentielle, la toute première pour le parti. Mais vraisemblablement la course à la présidentielle sera très tumultueuse au regard de l’ambiance très viciée qui règne dans le parti, des velléités de fronde à la base et bien évidemment des soupçons de trahison de leurs alliés, ainsi que la gestion de la communication au sein du parti qui demeure une épine dorsale pour elle. Car au sein de l’Urd, on fâche plus les journalistes que l’on ne les courtise lors des différentes sorties avec ses derniers. Bien malin qui pourra deviner l’avenir de ce parti.
A l’URD, cette élection représente celle de tous les dangers. Le parti devra donc parer au plus urgent, car après de longs moments de torpeur, il va enfin pouvoir jauger sa force politique à travers cette élection présidentielle, la toute première pour le parti.
La stratégie du « copier coller » ?
Suite à l’avance prise par l’URD, le parti de l’Abeille a organisé presque les mêmes activités que le parti de la « poignée de mains » : forum national des femmes suivi de la « Nuit de l’ADEMA », lancement d’un téléthon pour payer la caution de leur candidat à la présidentielle, conférence régionale à Mopti, rentrée politique de la section du parti à Koulikoro, des cadres du parti à l’extérieur pour rencontrer la diaspora malienne... Comme quoi, le parti des Ruchers veut rattraper son retard. Mais le gros du problème de l’ADEMA, c’est le manque consensus en son sein car la façon de voir du président ne cadre pas avec celle de certains responsables du parti.
La guerre des intérêts semble donc bien en marche au sein de l’ADEMA. C’est pourquoi les femmes ont tiré sur la sonnette d’alarme pour que des barons se prononcent ouvertement sur leur appartenance ou non au parti car il est paradoxal de voir leurs actes se contredire au sein du parti. Ce qui est sûr, c’est que la stratégie de conquête du pouvoir du plus grand parti du pays semble être du plagiat et du déjà vu. Que les têtes pensantes du parti sortent donc autre chose.
Le RPM toujours égal à lui-même
Le président du parti du Rassemblement pour le Mali (RPM), Ibrahim Boubacar Keïta, joue sa dernière partition politique (en tous cas concernant ce futur scrutin électoral) après avoir été deux fois candidat à l’élection présidentielle (2002 et 2007), mais sans jamais pouvoir atteindre les marches de Koulouba. Depuis sa déclaration de candidature et son investiture au stade « Modibo Keïta » (une première parmi les déclarations de candidature pour 2012), le parti des Tisserands poursuit son petit bonhomme de chemin.
Selon les partisans du « Kankéléntigui », il n’y a jamais deux sans trois : ils pensent donc que l’heure de leur candidat est enfin arrivée. Aussi s’investissent-ils plus dans les régions que dans le District de Bamako qu’ils jugent acquise à la cause de leur mentor. En plus, IBK effectue beaucoup de voyages à l’extérieur pour rencontrer des Maliens de la diaspora et des partenaires financiers et techniques. Pour les partisans d’IBK, le slogan est « Lentement mais sûrement et tranquillement, on avance et on travaille sans faire trop de bruit ». Espérons que cette attitude leur donnera raison le jour de la proclamation des résultats du premier tour de la présidentielle.
Le CNID muet
Depuis l’investiture de son candidat à la présidentielle d’avril prochain, le CNIC semble apparemment moins pressé d’aller « s’essouffler » sur le terrain de la précampagne. Le parti préfère plutôt travailler à renforcer ses bases avant de descendre sur le terrain. Ainsi, ce sont des séances de travail avec les comités, cadres, personnes ressources du parti et responsables du parti à l’intérieur du pays. Juste pour mesurer l’ampleur de la mission sur le terrain, car la force de mobilisation dépend de l’effort de chaque responsable pour renforcer ses bases. Cependant, le discours reste presqu’inchangé au sein du parti que est ainsi devenu un « parti de bureaucratie ». Le CNID continue « d’appuyer sur le frein pour ralentir la descente » sur le terrain : ce qui ; à son entendement, devrait lui permettre de jauger son poids politique sur le terrain.
Modibo Sidibé l’imperturbable
Il fait peur, surtout au sein des différents partis. En tant que candidat indépendant à la future élection présidentielle, il a su « piocher » des têtes au sein des partis. Modibo Sidibé semble donc n’avoir aujourd’hui plus peur de rien. Lui et son soutien financier, Zoumana Mory croient tous deux dur comme fer que seul l’argent pourra le plus leur ouvrir les voies menant à Koulouba. Au sein de l’état major de Modibo Sidibé, il n’est pas rare d’entendre ces propos : « Ils veulent nous saboter et discréditer notre candidat auprès de ses militants et créer la confusion parmi nous pour faire échouer notre ambition. Mais ils se trompent…». Mais qui « ils » ? Certains militants du parti ajoutent que les attaques contre leur candidat ont commencé juste lorsque les partis favoris se sont aperçus que Modibo Sidibé n’est pas de leur côté pour les accompagner dans leur idéologie présidentielle, mais qu’il « monte sur l’arène » politique en adversaire. Ces partis avaient raison parce que l’ancien Premier ministre occupe aujourd’hui le terrain politique avec une force de communication incroyable.
Mais où sont donc les autres partis ?
Chez les autres partis, c’est le « silence radio » complet. Ce qui démontre quelque part que ces formations politiques ne sont que « l’ombre » du fondateur ou du leader : comme dirait l’autre, « la voix de son maître ». Mais tous ces griefs ne semblent pas émouvoir les responsables de ces partis. « Les gens ne disent de vous que ce qu’ils peuvent faire s’ils sont à votre place » : cette assertion semble bien « coller à la peau » de ces partis qui, selon un observateur, « font beaucoup de critiques, mais dans le fond, ce ne sont que des coquilles vides ». Il ajoute, mécontent : « En politique, surtout pour une élection présidentielle, nous ne voulons pas de plaisantins. Alors cessez de nous casser les tympans avec vos différentes déclarations de candidature ! ». Rendez-vous donc les jours prochains pour voir ce que ces partis « invisibles » vont enfin proposer aux électeurs.
Paul N’guessan