Présidence du Conseil National de Transition (CNT) : Les militaires vont-ils céder à la pression de reculer?

Nov 29, 2020 - 20:18
Nov 30, 2020 - 11:51
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Présidence du Conseil National de Transition (CNT) :  Les militaires vont-ils céder à la pression de reculer?
Au risque de frustrer une partie importante de la classe politique et même des partenaires du pays, la junte militaire ayant renversé le président IBK le 18 août dernier est prié de bien vouloir renoncer à son ambition de propulser l’un de ses chefs à la tête du CNT. -Maliweb.net- Dans la crise politico-sécuritaire que traverse le Mali, l’on note une unité de vue assez remarquable des partenaires du pays. C’est ainsi que la CEDEAO, l’Union Africaine, l’Union Européenne, les Nations-Unies parlent régulièrement de la même voix pour encadrer et accompagner le processus de déroulement de la Transition en cours. C’est dans ce sens que pour parachever le processus de mise en place des organes de la Transition, les partenaires précités semblent unir leur voie pour recommander, au départ, une période transitoire dirigée par des civils, et non par des militaires. C’est donc avec une certaine « ouverture d’esprit » que la communauté internationale a fini par accepter que la Transition soit dirigée par un militaire à la retraite et qu’un poste de vice-président lui soit agencé, piloté par le colonel chef du commando qui a renversé le président IBK, Assimi Goïta. Ce dispositif avait été alors« toléré » (selon le mot d’un diplomate de la CEDEAO) du fait de la particularité du contexte socio-politico-sécuritaire du Mali, dominé par une crise aigüe au sein de son outil de défense et de sécurité. Dans ces conditions, il est apparu que les partenaires du Mali rechignent à accepter une architecture institutionnelle davantage dominée par des militaires, comme la nomination de plusieurs officiers supérieurs comme membre du gouvernement ; sans oublier la nomination de hauts gradés au sein des cabinets ministériels et à la tête de plusieurs régions du pays. C’est donc cette militarisation à outrance de l’appareil étatique qui a poussé l’Union Africaine et d’autres organisations partenaires à plaider pour que le futur organe législatif, le Conseil National de Transition (CNT) ne soit pas dirigé par un autre haut gradé. En effet, alors que les démarches sont en cours pour la mise en place du Conseil national de Transition (CNT), il apparaît de plus en plus difficile aux colonels putschistes du CNSP de s’arroger le leadership de cet organe. Comme ils l’ambitionnent en préparant, visiblement, le numéro deux de la junte, le Colonel Malick Diaw à cette fonction. Vont-ils enfin reculer face à la pression pour renoncer à ce plan ? Il semble que les colonels putschistes tiennent beaucoup au projet de faire présider le CNT par l’un des leurs pour avoir une emprise réelle sur le chantier des réformes qui sera la plus grande tâche du Parlement de Transition. Comment garder son influence sur les prochaines échéances électorales et les futures institutions du pays sans une influence quelconque sur le dispositif législatif de la Transition ? Telle semble l’équation que le CNSP veut résoudre en gardant la haute main sur le perchoir du CNT. Or, il est établi qu’un organe stratégique comme le parlement de Transition est une tribune hautement politique qui ne saurait s’encombrer d’un pouvoir militaire. En plus, un principe cardinal de la démocratie veut que le pouvoir militaire soit soumis aux autorités civiles, qui sont généralement issues de l’arène politique. Il est donc inédit et inapproprié de bâtir un schéma institutionnel visant à renforcer la démocratie qui place un militaire à la place du parlement provisoire. Surtout que le pays est en guerre contre le terrorisme et que son outil de défense a plus que jamais besoin d’expertise militaire aguerrie pour contrer le péril terroriste. Ceci, dans la mesure où le poste de vice-président de la Transition est déjà stratégiquement réservé à des réformes touchant aux forces de défense et de sécurité. Comment alors comprendre que ce vice-président soit encore l’autorité de sélection des futurs membres du CNT ? Si cette pilule peut passer, l’on comprend aisément le refus de la classe politique à accepter que le CNT soit dirigé par un militaire. D’où des appels insistants à des concertations et à un renoncement à ce passage en force de la junte. Toutes ces considérations pourraient contraindre les autorités militaires à revoir leur copie, pour ne pas se mettre à dos une bonne frange des forces vives du pays. Le schéma d’un vice-président militaire du CNT, lâche un diplomate, pourrait alors être envisagé pour sauver la face de tous les acteurs. Boubou SIDIBE/Maliweb.net

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