Primature : l’étrange destin de Moussa Mara
Les Maliens réagissent au départ de Moussa Mara de la primature Fatouma Harber, Bloggeuse : « Cela ne me fait ni chaud ni froid. On fait du surplace. Des reproches vont fuser du côté de la majorité pendant que les mêmes ministres vont revenir et l’administration boueuse va continuer comme avant. » Marie-Claire Dembélé, Etudiante : « Comme il n’y a pas de fumée sans feu, la rumeur avait perduré, finalement Mara a démissionné. Ce n’est pas une surprise si le chef lui-même ne sait pas où donner de la tête. Son petit protégé qui avait pris des ailes s’est mal posé. On peut dire que son parcours a été mouvementé. Une cavalcade. Le Mali est toujours dirigé par ceux que Mongo Béti appellait des gens « qui pillent sans qu’ils ne clignent des yeux ». Après le banquier, le président du Yèlèma subit le châtiment du prince. Espérons que Modibo Keïta n’en sera pas aussi une victime. » Souleymane Coulibaly, Enseignant : « Le départ de Moussa Mara tout de suite est inopportun. Parce que Mara n’a fait que 10 mois pendant lesquels, c’est vrai, il a connu des hauts et des bas. Cela est propre à toute gestion de pouvoir. A ce niveau, il faut essayer de voir si Mara était un blocage pour l’avancée du Mali, pour les négociations. Il ne peut pas être un blocage, car personne ne doute de sa volonté de bien faire, de sa compétence et de son dévouement. Tatam Ly est parti prématurément. S’il faut aussi faire partir Mara, ce n’est pas opportun, surtout à la veille de la reprise des négociations à Alger. J’ai beaucoup de respect pour Modibo Keïta mais je me demande quelle compétence il a et que Mara n’a pas. Il faut changer un premier par quelqu’un qui peut mieux faire que lui. Qu’est ce que Modibo Keïta peut mieux faire que Mara ? Il faut que nous sortions de cette répétition éternelle en faisant toujours appel à ceux qui ont déjà géré. Pourquoi ne pas faire appel à d’autres compétences (jeunes) ? Cela montre que le Mali manque de cadres alors que ce n’est pas le cas. » Rassemblés par Boubacar Sangaré Hommage à Moussa Mara : Un homme d’Etat au service de son pays Le Premier ministre Moussa Mara, nommé en avril 2014, a été remercié pour services rendus par le Président de la République le 8 janvier 2015. Nommé dans un contexte difficile et un environnement hostile, Mara a fait la preuve de ses immenses qualités d’homme d’Etat au service exclusif du Pays, des couches fragiles sans s’accommoder d’un clan, d’un réseau financier, d’un favoritisme politique ou familial. Ce pur produit de la majorité présidentielle, qui a adhéré au programme présidentiel en juillet 2013, a eu le mérite de coordonner l’action gouvernementale en mettant en œuvre les six axes prioritaires à travers, pour la première fois de l’histoire politique, des contrats de performance ministériels : la restauration des institutions et de la démocratie, la sécurité et l’intégrité sur l’ensemble du territoire, la quête de la réconciliation nationale, l’école, la relance de l’économie et le développement social. Ses axes inscrits dans la DPG ont été massivement votés par l’Assemblée Nationale. En se conformant à ces engagements, le Premier ministre s’est attelé à ausculter plusieurs grands programmes afin d’amorcer très rapidement les réformes nécessaires susceptibles d’influer sur la restauration de l’honneur des Maliens et positivement sur les conditions de vie des Maliens (le bonheur des Maliens). Ainsi, Moussa Mara a lancé de grands chantiers sur la réforme du cadre des affaires, les projets structurants pour plus de 9 000 milliards de FCFA, la lutte contre la corruption, la réforme de l’Etat et la révision des textes fondamentaux, l’aménagement des espaces marchands, la réforme foncière, la mobilisation des engagements de Bruxelles 2013, la rationalisation des structures de contrôle, la moralisation de la vie publique par la transparence, le contrôle du secteur hôtelier, la gestion efficiente des ressources de l’Etat, le développement du sport, la promotion des femmes et des droits des enfants. Que de résultats obtenus dans le cadre de l’amélioration des conditions de vie des populations (agriculture, salaires des fonctionnaires, prix des denrées, aide aux commerçants, pèlerins de la Mecque…), la lutte contre l’épidémie de fièvre Ebola, la prévention des inondations à Bamako, l’équipement des communes, les concertations citoyennes sur le processus d’Alger, le rapatriement des réfugiés et des irréguliers, la lutte contre la corruption à l’école et dans le foncier, l’accalmie sur le front universitaire, l’amélioration des rapports avec les partenaires techniques et financiers, la reconstruction du nord, le redéploiement de l’administration, l’aide aux medias, la promotion des produits locaux, la culture, la coopération étrangère, etc. A ces grandes priorités sont associées la recherche de solution politique à la crise du Nord, les reformes de la gouvernance, la transition numérique, l’évaluation des politiques publiques, les reformes du secteur de la sécurité et les reformes de l’armée à travers une programmation militaire en gestation. A ce titre, le Premier ministre a subi les tirs nourris d’une certaine opinion mal inspirée quand malgré toutes les précautions prises l’étape de sa tournée régionale a été utilisée par le Mnla et ses alliés djihadistes pour déloger l’Etat qui venait à peine de se réinstaller malgré eux à la faveur de l’accord préliminaire d’Ouagadougou. En effet, malgré cet accord le Mnla avait mis plusieurs mois avant d’accepter sous la pression de la communauté internationale le retour de l’Etat chassé depuis début 2012. Le déplacement du Premier ministre à Kidal est dans l’axe 1 de la DPG et à ce qu’on sache Mara n’a jamais tiré sur quelqu’un et le fait que certains esprits maliens associent les évènements de la « reconquête » du 24 mai ne sont en rien de sa responsabilité. Si ces fomenteurs veulent un coupable et le condamner, qu’ils s’en prennent donc à ceux-là qui ont tiré et tué à Kidal, tué par centaines à Agelhoc, In Amenas, Tin Keraten, Djebo, Tigharghâr, Boghassa et Tinzawatène, Abeïbara, Bourem, Anéfif, Hamakouladji, Gossi, Ber, Fooïta, Araouane, Kondaoui, Tamkoutat, Labbezanga, Taoudeni, Telakak, Bakasso, Doraya, Lerneb, Goundam, N'Tillit, In Afarak, In Farah et In Khalil, Tabankort, Dangol-Boré, Konna, Gao, Wabaria, Menaka, Tessalit, Diré, Tombouctou, Niafunké, Diabali, Nampala, Djouara, Sokolo, In Khalil, Bordj Badji Mokhtar,Tin-Hama, Anchawadi, Andéramboukane, Léré, Hombori, Youwarou, Koro, Douentza, Bamabara Maoudé, etc.. Où étaient ces fomenteurs quand les maliens étaient égorgés par Ansar Dine, le Mnla, MUJAO, AQMI et Boko Haram et les dizaines de katibas armées ? Quant aux dossiers de l’avion présidentiel et des contrats militaires, le Premier ministre, s’il n’en est pas sorti pas indemne par des accusations gratuites, est blanc comme neige pour n’être mêlé ni de près ni de loin à ces dossiers. Il a toujours gardé une hauteur de vue et d’analyse et a permis de faire la lumière sur ces affaires en engageant les services des services de contrôle et en laissant la justice faire librement son travail. Enfin, durant les neuf derniers mois, les rapports du gouvernement avec les autres institutions ont été des plus démocratiques et des plus constructives, tous les mécanismes institutionnels et régaliens ayant été observés à la lettre y compris une motion de censure dont il est sorti grandement victorieux aux yeux de l’opinion publique qui a une bonne conscience que Mara, s’il brillait en compétence, technicité, sagesse et impartialité en avait sur son chemin trop de mines pour avoir entrepris de faire un travail propre et progressiste. Face à de multiples contraintes, l’homme est arrivé tant bien que mal à produire de bons résultats et faire sortir le gouvernement de plusieurs crises systémiques. Bien que contesté à tous les niveaux, il a su faire preuve d’une grande humilité dans le travail. Tous ou presque semble reconnaitre ses efforts pour faire avancer les choses. Nombreuses sont les interrogations quant à son bilan à la tète de l’exécutif. Mais la seule question qui mérite d’être posée est la suivante : qu’aurait-il fait s’il avait été mis dans de meilleures conditions de travail ? Certainement mieux pour son pays. L’administration étant une continuité, nous espérons que son successeur bénéficiera d’un cadre de travail plus apaisé et saura répondre aux aspirations les plus profondes de nos populations. Wait and see ! Drissa KANTAO |
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