Processus électoral de 2013 : Le Ministre de l'Administration choisit de bouder la CENI

Nov 19, 2012 - 21:24
Avr 22, 2017 - 15:30
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« Il ne saurait y avoir de conflit de compétence entre le MATCL et la CENI", a tenté de rassurer le Ministre de l'Administration Territoriale et des Collectivités Locales, Moussa Sinko Coulibaly, lors d'une édition de l'émission ''Questions d'Actualité'' dont il était l'invité, il y a deux dimanches, en même temps que son collègue de la Sécurité Intérieure. [caption id="attachment_90151" align="alignleft" width="315"] Moussa Sinko Coulibaly, ministre de l'administration territoriale[/caption]

Le Colonel Coulibaly, en le disant, fait notamment allusion aux dispositions de la Loi électorale qui fixent sans équivoque les prérogatives de chaque acteur et n'offrent aucune possibilité d'empiètement sur les attributions des uns et des autres. Soit ! Mais il n'en demeure pas moins qu'un grand mur de glace sépare tout de même l'autorité administrative d'organisation matérielle des élections et l'autorité de supervision essentiellement composée de représentants de partis politiques et d'organisations de la société civile. Maintenus comme les autres institutions de la République au nom des objectifs de la transition, la Commission Nationale Electorale Indépendante n'en est pas moins contournée, sinon totalement ignorée dans le processus électoral en cours. Depuis qu'elle a agacé le département avec des réserves sur certaines de ses mesures, la CENI est visiblement isolée, écartée à la limite de l'ostracisme. Tenez : l'audit du fichier électoral est par exemple en train de se dérouler et a même débouché sur une nette préférence pour le Recensement Administratif à Vocation d'Etat Civil (RAVEC) sans recours à l'avis de l'organe de supervision, encore moins une sollicitation de sa collaboration comme l'exige  la loi. Laquelle loi exige, en substance, que la CENI soit associée à toutes les étapes du processus électoral.

Et comme pour lui signifier qu'elle est définitivement reléguée au rang de simple spectateur du processus, la Commission Electorale Nationale Indépendante n'est même pas conviée aux traditionnelles rencontres périodiques entre le département et les composantes politiques connues sous le vocable de ''cadres de concertations entre le Ministère et les partis politiques. Tout se passe, en définitive, comme si la CENI n'existait pas, quand bien même son maintien, en tant qu'organe incontournable et indispensable dans le processus électoral, a été décidé par les autorités de la transition en l'amputant certes de ses démembrements locaux, contraintes budgétaires obligent.

La mise à la touche forcée de l'organe conduit par le Mamadou Diamoutani du HCIM, selon toute évidence, est une conséquence de ses prises de position et dénonciations des violations infligées à la loi électorale. En effet, à la suite de la suspension unilatérale de la traditionnelle révision des listes électorales, la CENI était aussitôt montée au créneau, en tant qu'organe chargé de la supervision du processus électoral, en vue d'attirer l'attention des autorités sur les implications légales d'un arrêt des travaux des commissions administratives chargées de la révision des listes électorales.

En vertu des dispositions de la loi électorale, en effet, lesdites révisions se déroulent chaque année dans toutes les circonscriptions électorales du pays, entre début Octobre et fin Décembre, avec comme objectif la mise à jour périodique du fichier électoral à travers l'inscription des nouveaux électeurs ou leur éventuelle la radiation. Mais puisque le  département de l'administration se trouvait dans une prédisposition de remplacer le fichier RACE par le RAVEC, elle ne jugeait certainement plus opportun dé dépenser de l'énergie et des moyens financiers dans la révision des listes. Mais le hic, c'est que la démarche s'écarte manifestement des dispositions légales en vigueur et ne pouvait logiquement laisser indifférente la CENI, quitte à lui attirer du mauvais sang. Il n'est pas exclu au demeurant qu'une accumulation des violations de la loi rebondisse à la face des autorités lorsque le processus électoral atteindra sa vitesse de croisière.

A.Keïta

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