En marge de sa participation au 14e forum économique sur l'Afrique organisé par l'OCDE, qui se tenait à Paris la semaine dernière, le premier ministre Moussa Mara a animé une conférence à la tribune de l'amphithéâtre Colbert du Palais-Bourbon, siège de l'Assemblée nationale. L'occasion pour lui de se prononcer sur les enjeux sécuritaires de la bande sahélo-saharienne ainsi que les négociations en cours à Alger entre le gouvernement malien et les groupes armés du nord du pays.
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![ni le FMI ni qui que ce soit n’a demandé que l’avion de la République du Mali soit vendu](http://www.maliweb.net/wp-content/news/images/2014/05/Moussa-Mara-22.jpg)
Le premier ministre Moussa MARA[/caption]
Lors de cette rencontre, le premier ministre a affirmé sans détour que parmi les critères qui font de l'Algérie le seul pays à pouvoir réunir tous les acteurs du conflit au nord au même endroit et au même moment, figure le fait que
" la plupart des leaders rebelles maliens détiennent aussi la nationalité algérienne ".
Il a aussi ajouté que "
l'essentiel de l'approvisionnement de Kidal, qu'il s'agisse des armes, du carburant ou de vivres, vient de l'Algérie ". Le moins que l'on puisse dire c'est que ces propos n'ont pas été bien perçus par les leaders des mouvements armés engagés dans les pourparlers d'Alger. Ces derniers les ont même jugés très inopportuns et provocateurs.
Joints par nos soins, ils ont déclaré que non seulement aucun d'entre eux ne détient la nationalité algérienne, mais aussi et surtout que ce sont les autorités maliennes qui ont demandé l'assistance de l'Algérie pour les regrouper au même endroit. On se rappelle pour la circonstance que lors de sa visite à Alger au mois de janvier dernier, le président IBK avait sollicité le concours de l'Etat algérien pour jouer les médiations avec les mouvements armés du nord du pays. Et ce, alors qu'il avait laissé entendre un mois plutôt qu'il n'engagera aucune discussion avec eux.
Pour certains leaders de mouvements armés, le premier ministre doit se priver de certains propos lorsque ceux-ci peuvent entraver le processus en cours. Ils sont même allés jusqu'à menacer de quitter la table des négociations au cas où le premier ministre persisterait dans cette même dynamique.
Selon eux, alors que le processus de paix à Alger est entré dans sa dernière ligne droite, toutes les parties doivent montrer leur bonne volonté à discuter et à aller vers la paix. Contactée par nos soins, la diplomatie algérienne a exprimé son malaise par rapport aux propos tenus par le premier ministre. Une source bien introduite a indiqué que l'Algérie fait déjà beaucoup pour que les Maliens parviennent à une paix durable, donc ce n'était pas nécessaire de l'accabler par rapport à des faits non avérés. Cette source a aussi formellement démenti le fait que des leaders rebelles possèdent la nationalité algérienne. Selon elle, le premier ministre doit être raisonnable lorsqu'il s'agit de formuler des accusations aussi graves relatives à l'approvisionnement de Kidal en armes et en vivres.
Pour elle, plutôt que de l'accabler, les autorités maliennes au plus haut niveau doivent soutenir les efforts déployés par l'Algérie pour qu'une paix définitive soit ramenée dans le nord du Mali. Elle a précisé que des militaires français et des casques bleus de la MINUSMA bien que présents sur place ne peuvent tenir de tels propos. Reste à savoir si le premier ministre reverra ses copies avant de tenir des propos qui peuvent entraver le processus en cours.
Massiré Diop