Prolifération de casinos : L’Etat crée les conditions de l’insécurité dans le pays au profit de PMU-Mali

Juin 29, 2011 - 18:30
Juin 29, 2011 - 18:30
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Le Conseil des ministres du mercredi 20 juin 2011 a pris un projet de loi autorisant le Pari mutuel urbain du Mali (PMU-Mali) l’exploitation des machines à sous. Une mesure discriminatoire qui coupe l’herbe sous les pieds d’autres citoyens maliens qui attendaient depuis des années juste le vote de l’Assemblée nationale visant à relire l’ancienne loi sur le jeu des hasards.

 

La loi n°03-025 du 21 juillet 2003 autorisait le PMU-Mali à évoluer dans le domaine exclusif du pari sur les courses de chevaux, la loterie classique et d’autres jeux de hasard comme dans la plupart des pays de la sous-région. Dans l’esprit de cette loi, PMU-Mali n’avait aucune compétence à exploiter les machines à sous. Le projet de loi adopté en Conseil des ministres du 20 juin 2011 et qui modifie la loi n°03-025 du 21 juillet 2003 permet désormais au PMU-Mali d’être sur ce terrain-là.

 

La nouvelle loi qui doit encore avoir le quitus de l’Assemblée nationale pour être opérationnelle, comporte les germes d’une discrimination patente. Un seul établissement spécialisé en matière de machine à sous dispose jusque-là d’une autorisation d’exploitation à Bamako. La loi proposée à modification limitait à 1, le nombre d’exploitants de machines à sous sur la rive gauche du district de Bamako. Mais depuis 2005, un second promoteur du nom de “ Cercle de jeu de Bamako ” court derrière l’adoption par les députés d’une loi autorisant l’admission d’un second casino et machine à sous sur la rive droite de Bamako, en vain. La fameuse loi, plusieurs fois enrôlée dans les différentes sessions de l’Assemblée nationale, a été reportée sine die.

 

Le promoteur de “ Cercle de jeu de Bamako ” a même eu l’honneur de participer à une séance d’écoute de la commission finance de l’Assemblée nationale, aux côtés des experts du ministère de l’Economie et des Finances et d’autres professionnels du secteur, à propos de l’adoption d’une loi sur les jeux de hasard dont la machine à sous. Fort de son expertise, le promoteur de “Cercle de jeu de Bamako ” a initié d’importants investissements dans le pays et a pu bénéficier d’un an d’exonération de patente en étant sûr d’avoir le quitus de l’hémicycle. Ce dernier a brillé par des fausses promesses.

 

Comme le disent les juristes, la particularité d’une loi est sa neutralité et sa généralité. En fait, une loi est de portée générale. Mais dans le présent cas et en fonction des intérêts, la loi n°03-025 du 21 juillet 2011 semble être taillée sur mesure et aux forceps à l’actif de PMU-Mali.

 

PMU-Mali, comme un coup de baguette magique, a eu l’onction du Conseil des ministres pour exploiter un créneau sans l’avis favorable du législateur malien. L’Etat sensé être neutre dans un Etat policé et être le grand arbitre sur le terrain de l’investissement privé crée la chienlit. Au lieu d’autoriser deux casinos dans la capitale, le gouvernement vient de donner la liberté au PMU-Mali de créer comme de petits pains ou des boutiques du coin, des casinos dans notre pays. La seule ville dans le monde qui rayonne dans les jeux de hasard est Las Vegas aux Etats-Unis. Celle-ci est connue pour ses multiples salles de jeu. Le Mali n’est pas les Etats-Unis et Bamako encore moins Las Vegas.

 

La prolifération des casinos à Bamako qui n’a pas encore fini de gérer ses problèmes de sécurité pourrait avoir une conséquence fâcheuse pour nos enfants l’avenir de demain. La société malienne se trouvera davantage clochardisée par le foisonnement des lieux de jeu de hasard de PMU-Mali avec le risque du grand banditisme.

 

La création d’un second casino organisé est moins nuisible que la prolifération de machines à sous dans les quatre coins de Bamako. Cette situation va créer une nouvelle race de délinquants parmi nos enfants parce personne ne pourra contrôler ces machines à sous pour filtrer l’entrée des clients dont des mineurs. La population qui cherche encore à joindre les deux bouts sera davantage appauvrie par la course au gain facile. Bamako qui n’a pas finit de résoudre ses problèmes d’insécurité va en connaître davantage.

La balle est dans le camp des plus hautes autorités qui doivent mettre la balle à terre, qui est ronde pour tout le monde.

Soungalo Diallo

(Bolibana Bamako)

 

 

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