Promotion des ex-putschistes : Le divorce entre Dioncounda et ses "amis" d’hier du FDR

Août 27, 2013 - 03:15
Août 27, 2013 - 01:57
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Rien ne va plus entre le Front pour la sauvegarde de la démocratie et la République (FDR) et le président de la République par intérim, Dioncounda Traoré. La goutte d’eau qui aura finalement fait déborder un vase déjà bien trop plein, n’est autre que la promotion inédite accordée à certains militaires, dont le capitaine Amadou Haya Sanogo, élevé au grade de général d’Armée. En plus donc des ONG de défense des droits de l’homme, le "bombardement" du Capitaine en général 4 étoiles, risque de perturber sérieusement la période post-crise qui s’ouvre normalement avec l’avènement d’un président de la République élu à l’issue d’un scrutin jugé transparent et crédible par les observateurs.   DIONCOUNDADans une lettre ouverte adressée au président par intérim à ce sujet, le Front anti-putsch égrène une série de reproches qu’il oppose aux autorités de la transition. Il dénonce non seulement cette promotion "illégale et illégitime", mais aussi décide de l’attaquer en justice pour son annulation pure et simple.     Depuis belle lurette, il était évident que le courant ne passait quasiment plus entre le président de la République par intérim et ceux qui ont offert leurs poitrines pour sauver son pouvoir. Mais, jamais la colère n’avait encore atteint un tel degré de désapprobation et d’invectives. A l’origine de cette exaspération des responsables du FDR à l’égard de celui pour l’avènement duquel ils se sont battus becs et ongles, contre vents et marées, plusieurs faits marquants de la période de transition dont ils imputent l’entière responsabilité au président de la République par intérim, Pr. Dioncounda Traoré. En effet, dès son entame, le ton de la déclaration faite sous la forme d’une lettre ouverte est sans ambigüité. Le FDR en veut terriblement au président de la République par intérim, Dioncounda Traoré pour "son ingratitude" vis-à-vis des défenseurs du retour à l’ordre constitutionnel, dont le combat sans relâche lui a valu ses fonctions de président de la transition.     De façon véhémente, ils fustigent l’acte en question, aussi bien dans la forme que dans le fond.  Auparavant, ils lui rafraichissent la mémoire à travers un petit rappel du contexte, en ces termes "Le 12 avril 2012, à la suite de la mobilisation du peuple, sous l’égide du FDR, et de la Communauté internationale, vous avez prêté serment comme Président de la Transition consacrant dans les faits le retour à l’ordre constitutionnel ; les partisans du coup d’Etat opposés à toute forme de restauration de la légalité constitutionnelle ont entrepris diverses et multiples tentatives de renverser le pouvoir de Transition, notamment son président ; le 21 mai 2012, c’est le summum de cette défiance qui s’est traduite par la lâche attaque physique du président de la Transition ; les tentatives répétées d’organiser des "Concertations nationales souveraines" d’essence putschiste ont pollué l’atmosphère de juillet 2012 à janvier 2013 ; les manifestations des 9 et 10 janvier 2013 devaient culminer au renversement violent de la Transition…..Ce second putsch n’a échoué que grâce au FDR".     Enfin, sur ce chapitre, les rédacteurs de la lettre ouverte poursuivent "face aux assauts répétés des auteurs et partisans du coup d’Etat, le FDR a immuablement défendu le retour à l’ordre constitutionnel et la nécessaire et impérieuse soumission du pouvoir militaire au pouvoir politique civil. Cependant,  nous regrettons que tout au long de ce combat, les actes posés par le 1 er Magistrat que vous êtes, aient conforté les putschistes au détriment des défenseurs de la démocratie et de la République. Ainsi, contre toute attente, peu de temps après la tentative du coup d’Etat du 10 janvier, vous avez pris la responsabilité devant l’histoire "d’introniser" le capitaine à la présidence d’un comité chargé de la réforme de l’armée. Au cours de sa cérémonie d’intronisation vous n’avez pas manqué d’annoncer qu’il sera porté au grade qui sied à une telle mission". Pour enfin boucler la boucle "au Conseil des ministres du mercredi 14 août 2013, en violation flagrante de l’article 77 de la Loi n°055 du 16 décembre 2002 portant Statut général des militaires en République du Mali, vous avez indûment et illégalement élevé au grade de général d’armée l’auteur du coup d’Etat".   En conséquence, "le FDR estime qu’en contrevenant de très bonne foi aux dispositions légales par voie réglementaire normale, votre gouvernement a, indiscutablement, en même temps, violé le sacro-saint principe juridique du parallélisme des formes et posé un acte de forfaiture suprême et inqualifiable et qu’en l’état, ces décisions d’une gravité extrême pour la cohésion de notre vaillante armée font apparaitre votre gouvernement comme un démolisseur de grandes œuvres. En effet, comment comprendre qu’au moment où notre peuple éprouve l’ardent désir de se réconcilier, pour des raisons incompréhensibles de discipline vous renvoyez de l’armée cinq vaillants soldats pendant que des individus, ayant commis vis-à-vis de leur Etat un crime imprescriptible, se voient promus. Fidèle donc à sa tradition démocratique et républicaine, le FDR se fera le devoir, à cet effet, de saisir le Tribunal Administratif en demande d’annulation du décret attribuant illégalement et indûment des droits au Capitaine Sanogo et au Colonel Moussa Sinko Coulibaly en violation flagrante de la législation en vigueur au Mali".   Comme on le constate, si la guerre n’est pas encore ouverte entre le FDR et "son Poulin" de président de la République par intérim, le torchon brûle visiblement entre les deux. Dans certains milieux proches du regroupement, l’action judiciaire, par rapport à de nombreux autres actes posés dans le cadre de cette transition, ne ferait que commencer là. Au regard du ton de la lettre ouverte et l’état d’âme qui anime aujourd’hui les principaux acteurs du front anti-putsch pour diverses raisons, il n’est pas exclu que dans l’avenir Dioncounda et certains membres de son gouvernement de transition fassent l’objet de poursuites devant les juridictions compétentes pour des actes assimilables à de la haute trahison.     Ainsi, en lieu et place d’une retraite paisible et dorée tant rêvée, l’avenir de l’homme à la traditionnelle écharpe blanche autour du cou, risque de connaitre quelques remous politico-judiciaires, si jamais le FDR et les défenseurs de droits de l’homme, dont Human Right Watch (HRW), vont jusqu’au bout de toutes les actions envisagées. Affaire à suivre donc !   Bréhima Sidibé    

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