Prostitution à Bamako en cette période de ramadan : Un phénomène inquiétant

Le principal point commun entre la plupart des centres à Bamako est, incontestablement, le phénomène de la prostitution surtout avec la nouvelle forme qu'elle a désormais prise de nos jours. En effet, la prostitution était, jadis, une activité tellement mal vue qu'elle se pratiquait quelque peu clandestinement. Les prostituées, elles-mêmes, mettaient un peu de retenue de sorte qu'elles évitaient de s'exhiber publiquement.   De nos jours, les choses ont tellement changé qu'on a du mal à se faire l'idée que nous sommes au Mali, un pays à écrasante majorité musulmane. Chaque grand centre urbain a ses rues de joie. A partir de certaines heures, elles sont littéralement prises d'assaut par des filles de tous les âges, arborant des tenues si excentriques qu'il est impossible pour quiconque ayant un minimum de chasteté et de pudeur de pouvoir les regarder 5 secondes. Même en ce mois béni de ramadan. Mini- jupes exhibant une bonne partie des cuisses, body décolletés et si relevés qu'ils laissent apparaître la moitié des seins et une bonne partie de l'abdomen. Quant au teint, et c'est surtout la raison pour laquelle il est difficile de les regarder 5 secondes, il est le plus souvent si disgracieux qu'on a l'impression d'avoir à faire à des lézards. Les produits éclaircissants ont eu tout le loisir de dégrader les peaux. Le maquillage prononcé, le regard insolent, elles n'attendent plus que les clients. Elles sont tellement offensives dans leur métier qu'elles n'hésitent pas à apostropher les passants et à les inviter à partager un peu de plaisir. Certaines poussent l'outrecuidance jusqu'à opérer en pleine journée. Mais qu’est-ce qui peut pousser nos sœurs à plonger dans cet univers? Les raisons qui poussent les jeunes filles à pratiquer le plus vieux métier du monde sont nombreuses. Beaucoup en sont arrivées là à cause des problèmes de la vie et surtout le manque d'un job pouvant leur permettre de joindre les deux bouts. Voilà pourquoi on enregistre plusieurs catégories de prostituées : Certaines sont chassées du domicile familial après une grossesse illégitime. Cette dernière, étant considérée comme une honte, certains parents pensent en trouver la solution en chassant carrément les concernées. A moins qu'un autre parent ne les accueille, elles sont parties pour plonger dans la prostitution pour subvenir à leurs propres besoins et à ceux de leurs enfants en attendant des lendemains meilleurs. Malheureusement, une fois entrée dans le milieu de la prostitution, ces filles deviennent des vomies de la société dans la mesure où, quel que soit l'amour qu'un homme a pour elles, il lui sera extrêmement difficile de les prendre en mariage pour des raisons sociologiques et même religieuses (l'Islam conseille, par exemple aux fidèles de trouver à leurs enfants des mères de bonne moralité). Faute de mariage ou d'espoir, elles deviennent indépendantes et plongent définitivement dans la profession. D'autres se prostituent non pas parce qu'elles sont en rupture avec leurs familles, mais justement pour soutenir ces dernières. C'est dire, à ce niveau, que c'est la pauvreté endémique que vivent certains citoyens qui conduit les filles à jouer le tout pour le tout afin d'aider leurs parents. Dans ces cas, elles restent dans le domicile familial et partent "travailler" la nuit et ce, au vu et au su des parents rendus impuissants par leur situation. On dénombre enfin d'autres qui deviennent prostituées suite à des mariages ratés. Au début elles ont l'espoir de rencontrer, ainsi, le prince charmant. Malheureusement, beaucoup s'en vont après avoir atteint leurs fins qui sont moins sentimentales que charnelles. Elles s'accrochent ainsi de suite à tout celui qui sait faire la promesse de mariage. Bref, les causes de la prostitution sont si nombreuses qu'elles deviennent souvent insaisissables, rendant du coup le phénomène lui-même difficile à cerner. Le phénomène est si complexe que toute ambition de lui trouver une solution définitive relève quasiment de l'utopie. Mais doit-on s'avouer vaincus et abdiquer face à ce fléau qui menace substantiellement les mœurs ? Il nous semble que non. Mais que faire alors ? C'est là la question. Lutter contre la prostitution n'a pas été facile même pour les pays les plus développés, mais cela ne signifie nullement impossible dans notre société. Nous disposons d'un capital sans commune mesure : nos valeurs culturelles. La solution doit donc être envisagée à 2 niveaux. Il s'agit d'abord de jouer sur la morale. Dans cet ordre d'idée, la réconciliation avec nos valeurs traditionnelles apparaît comme un élément fondamental qui pourrait permettre à notre société actuelle de vivre comme le faisaient nos ancêtres. Plus particulièrement, nous devons résister contre certaines pratiques négatives importées à travers le choc des cultures et reconquérir notre propre personnalité. En conjuguant tous ces efforts, peut-être arriverons-nous un jour à juguler le problème endémique de la prostitution dans notre société. Rien n'est donné a priori, mais que coûte-t-il d'essayer ?  Yattara