Présidentielle de 2012 : Soumaîla Cissé, candidat « officiel » de Sarkozy

Pour la présidentielle malienne de 2012, Nicolas Sarkozy veut jouer un rôle. Plus qu’un rôle, il veut imposer son homme qui ne sera autre Soumaïla Cissé à qui son parti, l’UMP, a apporté son soutien samedi dernier lors  de son investiture en précisant qu’il ne soutiendra aucun autre candidat. Ce soutien, certes important du nouveau roi de France, peut bien constituer un handicap au moment où les Maliens en veulent à son ancien colonisateur  pour son intervention militaire en Libye.

Pour une fois, la France, à travers le parti au pouvoir l’UMP, ne cache pas ses préférences dans une élection devant avoir lieu dans une de ses anciennes colonies. Et c’est au Mali que le retour de la nouvelle formule de la Françafrique va s’expérimenter à l’occasion des prochaines élections générales prévues dans moins de 6 mois. Cet interventionnisme de la « mère patrie » ira en faveur du candidat de l’URD, Soumaïla Cissé dont l’investiture le samedi dernier a permis aux Maliens de se rendre compte de la volonté de la France de faire son retour dans son ancienne colonie. A l’occasion, le représentant du parti au pouvoir en France, l’UMP, Vincent Barwithe, a  intervenu dans les débats pour annoncer le soutien de la droite française au président sortant de l’UEMOA et à aucun autre candidat, a-t-il tenu à préciser. Selon de sources proches de Soumaïla Cissé, les experts politiques de l’UMP participent actuellement à l’élaboration de la stratégie électorale du candidat de l’URD.

Une contribution de taille qui donne espoir et confiance aux partis de Soumi désormais présenté comme l’un des grands favoris du prochain scrutin présidentiel. Mais, pour les observateurs, ce soutien peut devenir un boulet pour le challenger du président en 2002 dans ce contexte national marqué par l’aggravation du sentiment nationaliste, disons anti-français depuis l’intervention de l’armée française en Lybie. Une décision très mal vécue par les Maliens qui restent pour toujours des sympathisants du « frère guide Mouammar Kadhafi » pour lequel d’ailleurs ils sont descendus à plusieurs reprises dans les rues avec justement des slogans anti-français et anti-Sarkozy. Ces millions de Maliens peuvent bien se refuser à voter pour une candidature  revendiquée par le président français qui est au passage l’initiateur de l’immigration choisie dont les premières victimes sont les Maliens. Il en est de même les « vrais nationalistes » de la politique malienne qui ne vont pas du tout accepter cette intrusion française dans une affaire intérieure malienne. Les Victor Sy, Aminata Dramane Traoré et tous les autres anciens combattants de l’indépendance au Mali ne resteront pas sans réaction face à la volonté de Nicolas Sarkozy d’imposer son homme à la tête de l’Etat malien.

Pour les adversaires de Soumaïla Cissé à l’instar d’Oumar Mariko, ce soutien de la droite française fait de lui une victime expiatoire et surtout la proie de toutes les attaques antioccidentales.

Abdoulaye Diakité