Quand les armes du MUJAO transitent par le Burkina Faso
C’est notre confrère « Jeune Afrique » qui l’annonce dans sa parution du 2 au 8 septembre : des camions bourrés d’armes ont transité par le Burkina Faso. Avant de mettre le cap sur la ville de Tombouctou, abritant la plus grande base du Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO).
Mais comment ces armes peuvent –elles traverser le « pays des hommes intègres » sans l’autorisation de ses autorités ?
Ce n’est pas une surprise, mais une surprise sur … prise.
Livrées par l’Emirat du Qatar, ces armes ont traversé, en août dernier, le Burkina Faso à bord de camions banalisés. Avec, dit –on, la complicité des autorités burkinabè.
« Ami » du Qatar, le Burkina Faso avait même demandé à ce riche émirat pétrolier d’être médiateur dans la crise du nord du Mali.
En effet, lors de son séjour à Paris, Djibril Bassolé, ministre des Affaires Etrangères du Burkina Faso avait proposé à son homologue français, Laurent Fabuis, la médiation du Qatar dans la crise du nord du Mali. Refus poli de Paris, arguant qu’il y a d’interlocuteurs dans cette crise.
Selon les services secrets français, les autorités burkinabè avaient bel et bien autorisé ces camions, bourrés d’armes, à traverser leur territoire.
Autre surprise sur… prise : il y a environ un mois, plus de 100 véhicules 4x4 auraient transité par le même Burkina Faso. Avant d’être remis, cette fois –ci, au Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA).
Longtemps soupçonné d’être le « pyromane –pompier », dans les crises ouest –africaines, le Burkina Faso vient d’administrer, une fois de plus, la preuve de son double jeu.
Dans la crise ivoirienne, qui a fait des milliers de morts, le Chef de l’Etat burkinabè était soupçonné d’héberger les rebelles ivoiriens, qui ont chassé Laurent gbagbo du pouvoir. Mais aussi, de les avoir armés. La suite, on la connaît : toutes les négociations, entre Laurent Gbagbo et les rebelles ivoiriens, ont eu lieu à Ouaga et à Abidjan sous l’égide de Blaise Compaoré, médiateur dela CEDEAOcomme dans la crise du nord du Mali, occupé depuis six mois par des groupes islamistes. Qui font régner l’impitoyable loi de la charia sur d’innocentes populations privées de tout : eau potable, électricité, denrées de première nécessité etc…
D’un côté, Blaise Comparoé, médiateur dela CEDEAOdans la crise malienne, tente de négocier la paix –au nom des Maliens –avec les groupes armés, qui occupent les 2/3 de leur territoire. De l’autre, il aide ces mêmes groupes terroristes à s’armer en permettant à leur matériel militaire de transiter par son pays. Comble du paradoxe.
Oumar Babi
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