Que cachent les "va-t-en guerre" au Mali?

Déc 10, 2012 - 03:42
Déc 10, 2012 - 03:42
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«L'idée d'une intervention militaire au Mali s'est transformée en un projet ambigu pour tous y compris pour l'ONU» a dit en substance, notre ministre des Affaires étrangères lors d'une interview, samedi dernier, à la chaîne TV «al Arabiya». Diplomatiquement, un «projet ambigu» veut dire en clair plein d'arrière-pensées. Alors essayons de voir ce que peut cacher ce projet ambigu. Lorsque le 22 mars dernier, le capitaine Sanogo fait son coup d'Etat, le Mali est à un mois de l'élection présidentielle. C'est la première ambiguïté. Il prétend vouloir «redresser la démocratie et restaurer l'Etat». Il est vrai que le Mnla s'était soulevé trois mois auparavant en attaquant des casernes à Gao, Tombouctou et Kidal. Pour fragiliser encore mieux son pays, Sanogo ne pouvait trouver meilleure idée que son coup d'Etat. Il a même cette petite «cerise» qu'il met à son action en dénonçant la gestion de la crise entre l'armée et les Touareg du Mnla. Il n'aura réussi qu'à ouvrir grandes les portes de son pays aux terroristes de tous bords (Aqmi, Mujao, Boko Haram,...) qui erraient dans le Sahel et qui ont trouvé au Nord-Mali un point de chute idéal. Aujourd'hui, le Mali est dirigé par un président de la République par intérim, Diacounda Traoré qui a confié le Premier ministère à Cheikh Modibo Diarra. Aujourd'hui, Sanogo jouit du statut d'un «chef d'Etat» et vit cloîtré dans une caserne. En réalité, c'est la Cedeao qui a la haute main des affaires du pays. Une Cedeao présidée par Alassane Ouattara, le chef de l'Etat ivoirien, fervent défenseur d'une intervention militaire au Mali (il semble y avoir pris goût depuis qu'il a éjecté, par ce moyen, G'Bagbo). Et nous voilà à la deuxième ambiguïté. Ayant levé une armée de 3000 hommes, la Cedeao a saisi le Conseil de sécurité de l'ONU pour avoir sa bénédiction et lancer ses troupes dans le Nord-Mali. Combattre qui? Il ne faut pas oublier que le Mnla et Ansar Eddine sont des formations composées de Maliens et ils s'y trouvent en même temps des mercenaires d'Al Qaîda et d'aventuriers sous divers sigles. Tous les ingrédients du chaos sont réunis en cas d'intervention militaire étrangère dans ce pays. La Cedeao ne tardera pas à déclarer son impuissance et en appeler aux forces occidentales. Lesquelles sont dans une logique de retrait de leurs troupes des champs de bataille (Irak, Afghanistan,...). Et c'est toute la région saharienne et subsaharienne qui entrera dans un tourbillon pire que celui qu'a connu l'Afghanistan. Un pourrissement qui exposera même la sécurité de l'Europe. Difficile d'imaginer l'engrenage infernal que peut engendrer une action militaire telle que prévue par la Cedeao. C'est pour cette raison d'ailleurs que le Conseil de sécurité a demandé à la Cedeao de «définir son plan de reconquête du Nord-Mali». Il veut lever cette ambiguïté. Quant à l'appui «strictement logistique» préconisé notamment par la France, celui-ci n'est rien d'autre que l'ambiguïté de l'ambiguïté. Quelle force militaire pourrait venir à bout du terrorisme si une partie de la population, représentée ou non par le Mnla et Ansar Eddine, est considérée comme tel? Alors que les aspirations de cette même population sont de sortir de la misère et de jouir de tous ses droits, y compris le droit au développement, dans son pays. Aider les Maliens à serrer les rangs pour préserver leur intégrité territoriale et les aider à vaincre le terrorisme, le vrai, car venu d'ailleurs, est l'unique voie qui ne comporte aucune «ambiguïté». C'est la position inlassablement défendue par l'Algérie. Celle de la paix. Que de grandes puissances comme les Etats-Unis défendent cette même position, autorise à croire que toutes les «ambiguïtés» seront mises en échec! Par Zouhir MEBARKI - Lundi 10 Decembre 2012 / lexpressiondz.com/

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