A la tête d’une importante délégation (comprenant le chef du service des renseignements algériens, le général Mohamed Bouzit), le ministre algérien des affaires étrangères, Ramtane Lamamra, vient de boucler une visite de 48 heures à Bamako où, il a eu des séances de travail au plus haut sommet de l’Etat.
Le chef de la diplomatie algérienne a situé cette visite dans le cadre du renforcement de la coopération bilatérale entre les deux pays. Pour M Ramtane, il s’agit aussi d’une visite de travail s’inscrivant en droite ligne des actions et initiatives algériennes visant à la sécurisation de la bande Sahelo-saharienne et pour une implication effective de la partie algérienne dans la gestion de la situation du MNLA et HCUA à Kidal.
«Il n'y a pas de nouveau dossier concernant l'implication algérienne dans la crise sécuritaire au Mali. Nous oeuvrons toujours pour la paix et la sécurité dans la bande sahelo-saharienne. Avec le Mali, nous avons une communauté de destin. Les défis que nous allons prendre en charge sont les mêmes », a déclaré M Ramtane, précisant que cette visite a été l’occasion pour les deux parties malienne et algérienne d’envisager des créneaux pour la contribution de l’Algérie en ce qui concerne la consolidation de la paix, la promotion de la réconciliation, le développement des régions du nord et d’une manière générale pour une sortie de crise effective. Le ministre algérien des affaires étrangères a salué la sortie de crise qui se dessine au Mali. Une sortie de crise qui ouvre, selon lui, des perspectives prometteuses pour le Mali.
Avec cette visite, l’Algérie découvre, à nouveau, son double jeu dans cette crise malienne où, lors de l’éclatement du conflit, en février 2011, sa position était tout le contraire de celle qu’elle affiche aujourd’hui.
En effet, l’Algérie a toujours été soupçonnée d’avoir une main invisible derrière les différentes rebellions touarègues qui ont secoué le Mali. Aussi, il s’agit d’un pays voisin qui n’a jamais fait mystère de son soutien au Mouvement national de Libération de l’Azawad (Mnla). Aujourd’hui encore beaucoup se souviennent de l’attitude qui était celle de l’Algérie aux premières heures de l’occupation du Nord du Mali par les combattants du Mnla et d’autres organisations terroristes comme Ansar Dine (de Iyade), le Mujuao, Boko Haram. Et dire que c’est par le territoire algérien qu’une bonne partie des combattants partis de la Libye, ont fait transité leur arsenal de guerre jusqu’au Nord du Mali. Sans oublier toutes les démarches, actions diplomatiques et missions secrètes initiées par cet Etat voisin en vue de faire échec à l’intervention militaires qui se dessinait au niveau de la communauté internationale contre ces groupes terroristes et/narcotrafiquants.
Autre fait majeur : en juillet 2012, lors de la planification des opérations par la force en attente de la CEDAO, alors que le Mali, agressé de toute part, attendait aide, soutien et surtout solidarité de ses amis, ce sont des officiers d'état-major algériens qui avaient émis de sérieux réserves sur l'inscription de Ansar Dine et du MNLA sur la liste des groupes terroristes dressée par les Nations Unies. En guise de soutien et de protection aux membres de ces deux mouvements, l’Algérie avait été jusqu’à refusé, en son temps, que des poursuites soient lancées sur son territoire contre les membres de ces deux mouvements.
Avec le processus en cours pour la sécurisation (stabilisation) des villes du Nord reconquises suite à l’opération française «Serval», l’Algérie n’est visiblement pas contente de sa situation, et refuse d’admettre que le destin de ces régions du Nord malien, se joue sans sa participation. La visite, ou plutôt l’offensive diplomatique que l’Etat algérien vient donc de lancer en direction du Mali, à travers cette visite de son ministre des affaires étrangères qui, en 48h a rencontré les plus hautes autorités maliennes (Président de la République, Premier ministre, ministre de la Défense et des Anciens combattants, ministre en charge de la réconciliation et du développement des régions du Nord), est assez révélateur et prouve à suffisance que l’Algérie, après avoir échoué dans son projet avec le Mnla et Ansar Dine, veut aujourd’hui changer de fusil d’épaule en se présentant aux autorités maliennes sous des dehors d’un «ami» qui a toujours eu en souci la paix, l’unité et la stabilité du Mali.
Assurément, le ridicule ne tue pas.
Papa Sow maliweb.net