Rebelles touareg du Mali ou « les chèvres de monsieur Seguin ».

Jan 29, 2013 - 11:35
Jan 29, 2013 - 11:35
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[caption id="attachment_52625" align="alignleft" width="174"] Mr Sekou Diallo (Alma Ata, Kazakhstan)[/caption] Ils ne sont pas à leur première tentative de vouloir créer un Etat fantôme au nord du pays. Le premier Président malien, Modibo Kéita, n’a pas badiné. Le second, le général d’armée Moussa Traoré n’est pas allé du dos de la cuiller non plus. Tantôt ils étaient en Libye pour savourer le jus pétrolier du pays du Guide, tantôt au Mali pour provoquer des troubles. Ces derniers temps, c’est devenu leur habitude de se soulever à la veille des élections présidentielles. De 1991 à nos jours, le Mali en a connu trois. Malgré tous les  accords de paix  signés sous la médiation d’Alger, le calme n’est pas obtenu. Les rebelles ont toujours pointé un doigt accusateur vers Bamako. Ils soutiennent que les régions du nord, façon voilée pour ne pas évoquer les seuls Touareg de la zone, sont défavorisées et abandonnées par le pouvoir central. Manque d’eau, d’écoles, de dispensaires, de maternités, les raisons qu’ils avancent sont d’ordre économique et social au premier regard. Ils ajoutent ensuite qu’ils sont marginalisés. Mais  rien n’est plus faux. Les différents accords passés entre le gouvernement malien et les rebelles touareg sous la médiation de l’Algérie ont conféré aux derniers d’assez larges privilèges dont ne bénéficie aucune autre ethnie malienne. Les Touareg, bien qu’étant une minorité, ont eu droit à des quotas au sein de  la haute administration et de la fonction publique. C’est ainsi que des centaines de combattants touareg ont été enrôlés dans l’armée malienne avec des grades de complaisance flagrante, dans les services des douanes, dans la gendarmerie. Ils sont entrés en masse dans la fonction publique, ils ont accédé aux plus hautes responsabilités du pays. Pour preuve, la troisième personnalité du Mali est un Targui, député à l’Assemblée nationale. Et un conseiller de l’ex-Président Amadou Toumani Touré est aussi un Targui qui est, tenez-vous bien, menuisier de son état! En d’autres termes, sans aucun bagage intellectuel ni compétences requises qui lui permettent de distinguer le pôle nord du pôle sud, à fortiori donner des conseils au chef de l’exécutif malien. Le ministre malien du tourisme était un Targui ; un ex Premier ministre malien était aussi un Targui. Faut-il rappeler que la majorité des membres du gang dénommé MNLA, pour ne pas dire tous, étaient avant la dernière rébellion des dignitaires du Mali : députés avec tous les privilèges que leur confère ce statut, élus communaux, colonels, maires de villes, membres éminents  des partis politiques les plus influents ? Faut-il rappeler qu’aux élections avortées de mars 2012, deux Touaregs étaient candidats à la présidentielle ? Faut-il rappeler qu’avant la découverte des ressources minières du grand nord malien, ce sont les régions du sud qui, sur leurs maigres moyens financiers et sur la sueur de leur front, sont toujours venues en aide, à nos frères à cause du climat agressif du désert ? Faut-il rappeler les milliards investis dans ladite zone au cours des dernières années pour tenter d’y amorcer un décollage socio-économique ? Faut-il rappeler que ce même Iyad Ag Galy, chef d’Ançar Eddine, rescapé de l’éthylos (s’il l’est vraiment encore !), grand amateur des filles mondaines et reconverti dans un islam moyenâgeux, était Consul du Mali en Arabie Saoudite d’où il a été refoulé par la suite pour ses connexions sulfureuses avec certains milieux indésirables ? La liste peut être longue… Avançons un peu plus encore. Les rebelles touareg soutiennent que les régions du sud sont plus développées que celles du nord. Oui, sans doute. Néanmoins, le beau quartier de l’ACI 2000 de Bamako, pour ne citer qu’un seul exemple, est en grande partie le fruit du labeur des Maliens de l’extérieur dont l’écrasante majorité est noire. Il ne peut en être autrement si nous tenons compte du fait que les Touareg valent à peine le million sur une population de 15 millions au Mali. Ce sont 597 millions d’euros qui entrent annuellement dans le pays. Ces jeunes gens construisent et investissent dans les zones d’où ils sont originaires, plus précisément près des parents. Parallèlement, les interminables rebellions continuent de plonger le nord dans la misère. A peine a-t-on réalisé quelque chose ou que des Etrangers veuillent s’y installer pour des projets que les coups de feu éclatent. Des bandits armés déferlent sur les contrées, saccageant tout sur leur passage, sans oublier d’enlever le peu de biens que les paisibles citoyens ont amassés dans des conditions de travail  effroyables. La toute dernière rébellion, la plus grave, aura laissé un sinistre tableau de destruction. Malgré ce pillage et ses actes de barbarie, les autres ethnies qui habitent majoritairement la zone ne se sont jamais rebellées. Les apatrides parlent d’autonomie ? Eh bien, le nord du Mali était démilitarisé, ce sont ces mêmes  rebelles touareg qui assuraient  la sécurité sur terrain, comme prévu par les accords. Le résultat en a été qu’ils ont enlevé presque tous les véhicules de service que l’Etat leur a donnés. Il aurait été plus juste de parler de décentralisation, mais avec des cleptomanes, cela risquerait d’être catastrophique. Ils s’évertuent à ternir l’image du Mali dans le monde entier, en soufflant à toutes les oreilles crédules des histoires inventées de génocide, et  en passant sous silence les atrocités qu’ils ont maint fois commises dans le pays. Ces derniers temps, chaque rébellion est apaisée à coup de centaines de millions de francs du contribuable malien. Jamais aucun rebelle n’a songé  investir cet argent pour alléger les souffrances des populations de ladite zone. Bien au contraire, ils rejoignent subitement Bamako dans de belles villas, perchés au volant des grosses cylindrées, fréquentent les bars chinois  et restaurants de la capitale en compagnie des femmes de mœurs légères. Quand l’argent finit, une nouvelle rébellion éclate aussitôt. Pour paraphraser le chanteur ivoiro-malien Alpha Blondy : travailler, c’est trop dur, voler c’est…trop bon pour ces rebelles touareg. Hormis tout ceci, ils se sont accrochés en plus à l’argent des drogues, du trafic et des rançons. Plus ils sont choyés, plus ils visent ailleurs. Le Mali entier a digéré les grades de complaisance aux rebelles touareg, leur luxe acquis sur son dos, leur entrée massive dans toutes les structure de la société sans que beaucoup aient une qualification. Pendant ce temps, de nombreux jeunes diplômés trainent dans les rues, désespérés de trouver un emploi. Le peuple malien a accepté des décennies durant de se sacrifier, en grillant son dos au soleil ardent du zénith, de partager le pain avec nos frères. Mais par contre, les rebelles touareg n’arrivent pas à digérer le Mali…  Alors de quoi s’agit-il ? Ne feignons pas de ne pas le savoir : le fond du problème est purement raciste. En témoigne le texte de cette lettre datée du 30 mai 1958 adressée au Général de Gaulle par des chefs touareg: "Nos intérêts et nos aspirations ne pourraient en aucun cas être valablement défendus tant que nous sommes attachés à un territoire représenté forcément et gouverné par une majorité noire dont l'éthique, les intérêts et les aspirations ne sont pas mêmes que les nôtres. C'est pourquoi nous sollicitons votre haute intervention équitable pour être séparés politiquement et administrativement et le plus tôt possible d'avec le Soudan français (le Mali) pour intégrer notre pays et sa région Boucle du Niger au Sahara français dont nous faisons partie historiquement et ethniquement."  Les rebelles touareg avancent la thèse du racisme chez les Noirs. Chez les derniers, c’est plutôt une méfiance à cause des stupides rebellions, mais chez les premiers, tel n’est pas le cas. Je vais plus loin. Les rebelles touareg  se considèrent comme des Blancs, la race blanche du Mali. A ce titre, ils jugent qu’ils doivent être de facto l’élite du pays, ils trouvent qu’ils doivent posséder un pouvoir naturel d’être au-dessus des Noirs. Ils ont de tout temps estimé que les Noirs  sont des animaux, des êtres inferieurs à eux. N’en déplaise à la prétendue panafricaniste Calixthe Beyala qui s’égosille sur des causes dont elle est totalement ignare ou qu’elle chercherait des entrées faciles sur Hollande, elle fait partie aussi de ce groupe, selon le raisonnement utopique et puéril de ces rebelles touareg, à moins qu’elle se décape pour avoir une peau blanche qui puera quelques années après. D’ailleurs, les Touareg à peau blanche, c’est comme la neige en Afrique. Ils sont bien rares.  Quand les bandits détruisaient les mausolées, patrimoine mondial, à Tombouctou, quand ils amputaient les mains et violaient les femmes, nul n’a entendu Beyala cracher un petit mot. Sadisme ou malhonnêteté intellectuelle de sa part ? Laissons ces détails. De la façon la plus curieuse et comique à la fois, les rebelles touareg pensent qu’ils sont les derniers « Blancs » à être dirigés par des Noirs. Ils en sont complexés, peut-être même blessés dans leur amour-propre. Ils sont restés accrochés à de sales habitudes d’esclavage par le passé, quand le maitre passait de bons moments de fainéantise, couché sous une tente, à siroter du thé et à verser dans des philosophies étranges, pendant que l’esclave travaillait dur sous le soleil. Ils ont la nostalgie d’une époque et d’une gloire perdue. Cependant, le rêve est bien vivant pour cette minorité de rebelles touareg de  vouloir inverser les rôles au Mali, c’est-à-dire de diriger perpétuellement  la majorité noire, de l’obliger à travailler pour le compte du maitre. Un Touareg peut-il être à la tête du Mali aujourd’hui ? Pourquoi pas ! Si  la dictature était de mode sur une période assez longue dans le pays, de nos jours toutes les portes sont ouvertes pour mener un combat légitime et remporter sa victoire. Donc au Mali, impossible n’est  pas targui.  Qu’avons-nous à perdre à voter un Targui intègre, patriote, qui s’attèle efficacement à la recherche de solutions à nos multiples problèmes ? Rien.  Nous avons besoin d’un homme, de ses compétences de leader de la Nation, et non de ses origines ethniques. Malheureusement, il faut le souligner, les nombreuses rebellions avec leur lot de violences et de viols ont fini par porter la méfiance des autres ethnies du Mali a son  paroxysme. Comment faire alors pour que les Touareg soient à la tête du pays ?  Les rebelles ont vite fait leur choix. Il faut exaspérer, intimider le reste de la population malienne par des secousses sociales régulières jusqu’à ce que les Noirs cèdent, ou à défaut, tenter de créer, même si c’est par chantage, son Etat et devenir les derniers Blancs à s’être affranchis.  La boucle  des violences est ainsi bouclée. Plus il y a de rebellions, plus il y a de Noirs indignés et donc plus de méfiance ; plus il y a de méfiance, plus il y a de rebellions. En somme, Toto tire Nama, Nama tire Toto… Y a-t-il une solution ? Evidemment oui. La première consiste dans le fait que les rebelles touareg doivent savoir que la violence engendre la violence, et si elle est répétée pendant longtemps, elle produit la haine  qui est la mère de toutes les tragédies. Y renoncer, c’est déjà donner un élan au combat qu’ils peuvent gagner par d’autres méthodes. Toutes les ethnies du Mali ont les mêmes difficultés en commun : manque d’argent, souffrance, maladies, famine, injustice sociale et j’en passe. Les causes de ces fléaux ne sont pas secrètes.  Nous devons ne pas nous tromper surtout de combat. Nos ennemis sont parmi nous, ce sont nos dirigeants politiques. Qui dilapide nos fonds, qui les détourne ? C’est ici la cause de la tension sociale qui monte dans le pays, du sud au nord, de l’est à l’ouest. C’est donc l’ensemble du peuple sans exception qui devrait s’impliquer pour l’épurement de nos rangs, l’obtention d’une bonne gestion des affaires publiques et la répartition équitable des retombées économiques. La décentralisation permettrait de responsabiliser la base et de l’amener à prendre une part active dans le processus de développement socio-économique, de formuler des propositions efficaces de résolution des problèmes dont les chemins de la Nation sont jalonnés. Ce n’est qu’à ce prix d’efforts conjugués de tous que nous pourrons atteindre les objectifs fixés et faire éclore nos rêves. Tous ensemble, nous sommes à mesure de mettre la pression sur la classe dirigeante malienne pour obtenir ce changement. L’erreur que commettent les rebelles touareg est de vouloir faire une révolution sans le peuple malien. Les trois mille « chèvres de monsieur Seguin » ne sont nullement toute la communauté touareg. Les autres sont des Maliens comme tous, ils le déclarent partout, ils en sont fiers.  En plus, ils ne partagent pas des agissements honteux. Et comme ces “chèvres”  ont déjà la fâcheuse expérience, je leur dirai à la rigueur : ne vous employez pas à soulever une ethnie, soulevez toutes les autres aussi en même temps. Dans ce cas, le Mali sera transformé, il deviendra celui dont nous rêvons tous. Nous aurons la paix. Nous aurons le pain. Une contribution de Mr Sekou Kyassou Diallo, Alma- Ata, Kazakhstan. PS : « M. Seguin n'avait jamais eu de bonheur avec ses chèvres. Il les perdait toutes de la même façon : Un beau matin, elles cassaient leur corde, s'en allaient dans la montagne, et là-haut le loup les mangeait. Ni les caresses de leur maître, ni la peur du loup, rien ne les retenait. C'était, paraît-il, des chèvres indépendantes, voulant à tout prix le grand air et la liberté… "Enfin !" dit la pauvre bête, qui n'attendait plus que le jour pour mourir ; et elle s'allongea par terre dans sa belle fourrure blanche toute tachée de sang...Alors le loup se jeta sur la petite chèvre et la mangea. » Alphonse Daudet.  

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